A un peu plus d'un mois de la célébration du 1er anniversaire du déclenchement du mouvement populaire qui a secoué les fondements du système politique, jetant les membres les plus influents du régime de Bouteflika en prison, la mobilisation se poursuit sans relâche. Au 48e vendredi de contestation, les Algérois se sont mobilisés en grand nombre, poursuivant leur révolution qui se dirige vers la réalisation de ses objectifs. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - 17 janvier 2020. Vendredi 48e acte de mobilisation populaire. Les Algériens poursuivent la marche vers l'affranchissement du système politique contre lequel ils se mobilisent depuis bientôt une année. A Alger, la mobilisation est toujours très forte avec des marées humaines qui ont envahi le centre-ville dans l'après-midi de la journée. Comme pour le 27 décembre dernier, qui a coïncidé avec l'anniversaire de la mort de Abane Ramdane, lors duquel des hommages particuliers ont été rendus à l'architecte du Congrès de la Soummam, hier, les portraits du martyr Didouche Mourad ont été arborés par un grand nombre de manifestants. Ces derniers, à l'occasion du 65e anniversaire de sa mort au champ d'honneur le 1er janvier 1955, ont scandé longuement son nom, affirmant que son combat se poursuit. Celui qui a dit un jour «si nous venons à mourir, défendez notre mémoire» a été honoré dans la dignité à Alger. Plus que jamais déterminés à poursuivre le mouvement jusqu'à réaliser son objectif principal qui est la rupture avec le système, les manifestants ont appelé à l'instauration d'un Etat civil non militaire, et un Etat de droit qui garantit à chaque citoyen, sans distinction aucune, ses droits. Les manifestants ont rejeté tout dialogue avec le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, contestant sa légitimité et exigeant une véritable transition démocratique. Ils ont exigé la libération des détenus du mouvement qualifiés de « vrais otages du pouvoir», en arborant leurs portraits, réclamant une justice indépendante et une presse libre. «On ne va pas s'arrêter», ont-ils scandé sans cesse. Les manifestants, qui refusent de céder devant le temps qui passe, attendent des mesures d'apaisement, surtout la libération des détenus et la levée de l'embargo sécuritaire sur la capitale, qui n'arrivent toujours pas. Hier, Alger était quadrillée et ses accès ont été obstrués par les barrages filtrants de la Gendarmerie nationale. Au centre-ville, un dispositif sécuritaire impressionnant, qui marque la rupture avec l'allégement constaté les vendredis qui ont suivi les élections du 12 décembre, a été déployé. La place de la Grande-Poste et ses alentours, notamment les deux jardins d'à côté et une partie de la rue menant vers la place Audin, des deux côtés de la chaussée où des camions bleus ont été alignés, a été minutieusement bouclée. Pour le deuxième vendredi consécutif, un dispositif a été érigé sur la rue Asselah-Hocine d'où passe la déferlante humaine en provenance des quartiers ouest d'Alger, notamment La Casbah et Bab-el-Oued. Les rues Didouche-Mourad, Hassiba-Ben-Bouali et le boulevard Amirouche n'ont pas échappé à ce déploiement massif des services de l'ordre. Cela en plus des dispositifs mis en place au niveau des arrêts de bus de transport de voyageurs. Dans la matinée, plusieurs manifestants ont été interpellés et la marche matinale a été empêchée. Agacés par ce déploiement massif, les manifestants ont lancé des slogans très durs à l'encontre de la police. K. A.