Le mouvement populaire du 22 février préserve sa force et sa détermination pour un changement radical du système politique. Le 45e vendredi de contestation est marqué par une forte mobilisation à Alger où le slogan proclamant l'instauration d'un Etat civil et non militaire a été longuement scandé. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - C'était un vendredi particulier hier à Alger. Jamais depuis le début du mouvement populaire, les slogans réclamant l'instauration d'un Etat civil n'ont été entonnés avec autant de force, autant de persistance et autant d'intensité qu'à l'occasion de ce 45e acte de la mobilisation populaire. «Pour un Etat civil et non militaire» a été le premier slogan et le dernier à être scandé par les marées humaines qui ont convergé vers le centre-ville depuis le début de la manifestation à 11h du matin jusqu'à sa fin avant la tombée de la nuit. La date d'hier a offert cette opportunité aux manifestants de proclamer cette volonté à chaque marche renouvelée. Et pour cause ! Ce 45e vendredi a coïncidé avec l'anniversaire de la disparition d'Abane Ramdane, un des architectes du Congrès de la Soummam du 20 août 1956 qui avait adopté le principe de la primauté du civil sur le militaire. Les manifestants ont longuement lancé ce mot d'ordre, rendant un hommage particulier à Abane Ramdane, assassiné le 27 décembre 1957 par ses frères d'armes dans une ferme de Tetouan, au Maroc. Imperturbables et décidés, les manifestants ont déployé massivement les portraits du martyr de la Révolution algérienne et des pancartes sur lesquelles le slogan était inscrit. Sur une large banderole arborée au milieu de la déferlante humaine en provenance des quartiers de Bab-el-Oued et de La Casbah, on pouvait lire «Vous l'avez tué mais son idée n'est pas morte. Primauté du civil sur le militaire.» Un principe défendu par des déferlantes humaines qui ont donné des couleurs au centre-ville où se sont croisées, comme chaque vendredi, trois vagues immenses de manifestants. La première est venue de l'ouest d'Alger, notamment des quartiers populaires de La Casbah et Bab-el-Oued, passant par la place des Martyrs, le boulevard Zighout-Youcef et la rue Asselah-Hocine, avant de déboucher sur la Grande-Poste. La deuxième est arrivée des quartiers est de la capitale (Bach Djerrah, Kouba, Hussein-Dey, Madania, Belouizdad…). Elle a emprunté la place du 1er-Mai, la rue Hassiba-Ben-Bouali et le boulevard Amirouche avant d'arriver au point emblématique du Hirak, qui est la Grande-Poste. La troisième vague est celle qui descend des hauteurs de la rue Didouche-Mourad et passe par la place Audin. Les manifestants ont dénoncé la sourde oreille du pouvoir, rejetant tout dialogue avec le nouveau chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune. Ils ont insisté sur la poursuite de la mobilisation pacifique jusqu'au départ du système. Les manifestants ont réaffirmé également l'unité du peuple algérien en condamnant les tentatives de sa division. Les manifestants n'ont pas manqué de réitérer la revendication relative à la libération des détenus du mouvement populaire. Plusieurs d'entre eux étaient «armés» de portraits de ces détenus et de pancartes exigeant leur libération. K. A.