La journée du Savoir reste toujours célébrée à Guelma, conjointement liée avec un grand pan de notre histoire, notamment la disparition du martyr Souidani Boudjemâa, tombé au champ d'honneur, le 16 avril 1956. Aujourd'hui, en pleines senteurs ramadhanesques, le temps s'écoule au ralenti permettant aux citoyens de s'aligner relativement aux mesures préventives mises en oeuvre dans le cadre de lutte interminable contre la pandémie de la Covid-9 , et de se projeter sur l'avenir avec le même état d'esprit combattant de nos aînés. La commémoration du 65ème anniversaire de la mort de cette grande figure emblématique du mouvement national de Libération, dont la statue en bronze en grandeur nature, semble défier indéfiniment toutes les intentions belliqueuses et agressives contre l'Algérie. Elle est érigée sur un socle au milieu du boulevard qui porte son nom et en face du cinéma Le Triomphe', où 78 années avant, le rebelle avait organisé et dirigé une protesta populaire, pour dénoncer un arrêté ségrégationniste des autorités locales coloniales qui interdisait aux «indigènes», l'accès à cette salle de cinéma. Né le 10 janvier 1922, à Guelma, ce jeune féru de football au sein de l'Espérance sportive de Guelma, avait déserté l'école publique française après s'être hissé à la première partie du baccalauréat, fuyant ainsi les brimades des enseignants arrogants envers les élèves «indigènes» et se révoltant devant les assertions mensongères sur nos origines qui nous assimilent aux Gaulois, ou encore la fausse leçon de géographie qui délimite le territoire français de Dunkerque à Tamanrasset. Souidani Boudjemâa adhéra au PPA très jeune et fut profondément affecté par les sanglants massacres du 8 Mai 1945 qui vont déclencher, en lui, une grande décharge des impulsions instinctives appelant à se dégager de cette situation esclavagiste imposée par les colons. Il s'engagea dans la voie révolutionnaire contre l'ordre colonial, en commençant par se procurer des armes de guerre auprès d'un militant travaillant au magasin d'armement de la caserne militaire. En juin 1946 une cache d'armes fut découverte et il fut arrêté et condamné à 18 mois de prison pour vol et recel d'armes de guerre. Lors de son procès, il répondait au juge dans un français parfait : «Ces armes, monsieur le président, sont destinées à la lutte armée que va engager le peuple algérien contre les colons étrangers». Tenir un tel langage dans la tanière du fauve au moment même où la ville pansait encore ses meurtrissures après le génocide de Mai 1945, c'était le propre de cette personnalité hors normes qui allait méthodiquement organiser sa propre riposte et son propre combat. A sa sortie de prison en 1947, il fut nommé responsable de l'OS pour la région de Skikda, avant de disparaître suite à la découverte par les gendarmes, d'une camionnette transportant des explosifs, dans la région d'El Harrouch. Fuyant toujours l'ordre colonial, il se replia dans l'Oranie et c'est dans son domicile clandestin dans les faubourgs d'Oran, que fut mis au point le hold-up de la Poste d'Oran, en 1949, exécuté en compagnie d'Aït Ahmed Hocine, Benbella Ahmed et Bouchaib Ahmed. Les fonds (3.170.000 francs) dérobés aux guichets avaient servi au financement des achats d'armement pour la future lutte armée. Pour cet acte, le Tribunal d'Oran prononça une condamnation à la réclusion aux travaux forcés à perpétuité. Au démantèlement de l'OS en 1950, il se réfugia dans les collines de la Mitidja, auprès de M. Méchati, un militant acquis à la cause nationale, qui en connaissant son parcours, lui recommanda de prendre le surnom de Si Djilali'. Lors d'une interpellation inopinée de la police à Boudouaou, il tire sur un inspecteur de la police judiciaire et replonge totalement dans la clandestinité. Pour la mort de l'inspecteur Cullet, il fut condamné à mort par contumace le 19 juillet 1952, par la Cour d'assises d'Alger. Il tomba au champ d'honneur le 16 avril 1956 au lieu-dit Magtâa Kheira sur l'Oued Mazafran près de Koléa.