La ville de Guelma a commémoré, jeudi dernier, dans le recueillement, le 59e anniversaire de la mort du chahid Souidani Boudjemâa. Les autorités locales civiles et militaires accompagnées d'une foule de citoyens, se sont recueillis à la mémoire du martyr, devant la stèle qui porte le buste en bronze, érigée à l'entrée du grand boulevard baptisé en son nom ; non loin de son lieu de naissance, situé sur la rue Seridi Mohamed Tahar. Le wali a approuvé une action de réhabilitation de cette stèle qui doit connaître un agrandissement, en largeur et en élévation. Né le 22 janvier 1922 à Guelma, ce jeune footballeur de l'ESGuelma avait déserté l'école française, en 1939, après la première partie du bac. Fils unique d'une famille modeste, il fut recruté par un imprimeur, en qualité de typographe. Il adhéra au PPA, très jeune et fut emprisonné lors des massacres du 8 Mai 1945. Il s'engagea dans la voie révolutionnaire contre l'ordre colonial en commençant par se procurer des armes de guerre auprès d'un militant, travaillant au magasin d'armement de la caserne militaire. En juillet 1946, une cache d'armes fut découverte et il fut arrêté et condamné, à 18 mois de prison pour vol et recel d'armes de guerre. Lors de son procès, il déclara dans un français parfait : ces armes, monsieur le juge, sont destinées à la lutte armée que va engager le peuple algérien contre les colons étrangers ». A sa sortie de prison, en 1947, il est nommé responsable de l'O.S, pour la région de Skikda, avant de disparaître suite à la découverte par les gendarmes d'une camionnette remplie d'explosifs, dans la région d'El Harrouch. Il se replia vers l'Oranie et c'est dans son domicile dans un faubourg d'Oran que fut mis au point le hold-up de la poste d'Oran, en 1949, en compagnie de Aït Ahmed Hocine et Ahmed Benbella. Les fonds dérobés, ont servi au financement d'achat des armes, pour la lutte armée. Au démantèlement de l'OS, en 1950, il se réfugia dans les collines de la Mitidja auprès de M. Mechati, un militant acquis à la cause nationale qui lui recommanda de prendre le surnom de Si Djillali. Lors d'une interpellation, il tire sur un inspecteur de la PJ de Blida et plonge dans la totale clandestinité. Pour la mort de l'inspecteur Cullet, il fut condamné à mort par contumace le 19-07-1952 par la cour d'assises d'Alger. Membre du groupe des 22, adjoint de Bitat Rabah pour la zone algéroise, il fut chargé d'organiser les maquis de Chréa après le 1er novembre 1954. Il avait la qualité humaine de meneur d'hommes et dirigea plusieurs opérations contre les positions ennemies, dans les régions de Blida, Boufarik, Koléa et les monts de Chréa. Il tomba au champ d'honneur, le 16 avril 1956 au lieu-dit Magtaa Kheïra, près de Koléa. Le martyr se rendait à moto à un rendez-vous de journaliste, quand il est intercepté par un barrage de l'armée coloniale. Il souhaitait mourir les armes à la main et dans cette ultime confrontation son vœu fut exaucé. Cette commémoration jumelée avec la Journée du Savoir, nous propulse dans la nécessité de transmettre à nos générations montantes, toutes les pages de notre glorieuse histoire, marquées du sceau de la bravoure et des hauts sacrifices de nos aînés, l'abnégation de toutes les femmes et tous les hommes qui ont donné leurs vies pour libérer le pays et le peuple, de sa longue nuit coloniale.