Après avoir entériné la décision de la réouverture des frontières, le Conseil des ministres a assuré «qu'un autre communiqué précisant les conditions d'organisation de cette ouverture sera diffusé dans une semaine». Approuvée dimanche par le président de la République lors d'un Conseil des ministres, la décision de la réouverture des frontières est consignée dans un communiqué dont certains points manquent de précision. «Après avoir entendu un exposé du Premier ministre sur l'activité du gouvernement lors des deux dernières semaines, et après la présentation des recommandations de la réunion consacrée à l'examen des mécanismes appropriés pour organiser l'opération d'ouverture des frontières aériennes et terrestres, le Conseil des ministres a approuvé des propositions en faveur d'une ouverture partielle des frontières terrestres et aériennes algériennes dès début juin», souligne le communiqué du Conseil des ministres. «Dès le début de juin prochain» n'indique pas clairement à quelle date exactement les frontières seront ouvertes. L'APS, elle, a indiqué dans une première dépêche en référence au communiqué en question que «la réouverture partielle des frontières se fera au début juin» mais a rectifié quelques minutes plus tard par une autre où elle précise que «ce sera le 1er juin». Le Conseil des ministres a annoncé qu'un plan d'«une moyenne de cinq vols quotidiens de et vers les aéroports d'Alger, de Constantine et d'Oran a été proposé pour marquer la réouverture des frontières fermées depuis plus d'un an» tout en mettant en avant l'exigence de «respecter rigoureusement les mesures préventives contre le coronavirus (Covid-19)». Le communiqué évite de préciser vers et de quels pays étrangers ces vols vont être programmés. Le même jour, les médias et réseaux sociaux se sont fait l'écho d'un décret exécutif portant la griffe du président de la République faisant état d'un «supplément : décret exécutif N° 21-70 du 16 mai 2021. Objet : levée des restrictions des vols» au «décret exécutif N° 20-70 du 24 mars 2020 fixant des mesures complémentaires de prévention et de lutte contre la propagation du coronavirus (Covid-19)». Confus au plan de la forme et de la syntaxe, ce «supplément» mentionne : «Par le présent décret, le président de la République, par recommandation du Conseil interministériel ainsi que le Comité scientifique mis en place par le décret exécutif N° 20-109 établis lors d'une réunion du HCS (Haut-Conseil de sécurité), décrète : Art.1 : les vols au départ et à destination de l'Algérie sont autorisés à partir du 31 mai (00H-00). Art.2 : mise en place d'un vol spécial vers l'international ainsi que vers le territoire national pour tout citoyen détenteur d'un passeport de nationalité algérienne. Art.3 : ouverture des frontières aériennes, terrestres, maritimes en date du 13 juin 2021. Art.4 : tous les voyageurs entrant sur le territoire devront avoir un test PCR (H-36) en plus d'un test antigénique lors de son escale sur le point d'arrivée, en cas de prélèvement positif, un confinement de 15 jours aux frais du voyageur. Le décret rapporte toutefois l'obligation faite aux passagers de faire un test PCR à -36h de leur retour au pays. Et à leur arrivée aux aéroports nationaux, ils seront soumis à un test antigénique pour davantage de précision. Au cas où le résultat est positif, le passager sera placé en confinement à ses frais, pendant 15 jours. Au niveau du CHU Mustapha Pacha d'Alger, on nous assure que «la situation est calme» et que les chiffres de «200 et plus ont été enregistrés à l'échelle nationale, donc, il n'y a pas lieu de s'inquiéter», selon eux. Interrogés sur leur avis sur la réouverture des frontières, ils relèvent qu' «elle est conditionnée par un protocole sanitaire, une PCR de -36h, un test antigène sur place à la charge du passager, en cas de positivité, le sujet est confiné pour 10 à 15 jours». L'on nous précise que «le test antigénique se fait de la même façon que la PCR, il est exigé parce qu'il y a eu des ressortissants qui ont triché (...)». Interrogé sur ces questions, le professeur Mustapha Khiati tient à rappeler que «j'ai été parmi les premiers à demander la réouverture des frontières il y a plus de deux mois, il faut ouvrir parce que la plupart des pays dans le monde traversent les mêmes problèmes que l'Algérie, peut-être même beaucoup plus graves, mais ils ont fini par prendre des mesures pour répondre à des demandes sociales, médicales, humaines pour quelqu'un qui a perdu un proche, nous avons été l'un des pays dans le monde qui a le plus restreint la circulation depuis 14 mois». Le président de la FOREM pense toutefois qu' «il faut une période de transition pour gérer ce genre de demandes, mais il faut ouvrir, après à tout le monde, y compris aux voyages d'agrément, sinon ça n'a aucun sens, ça fera travailler les avions d'Air Algérie qui sont presque en faillite et aussi les hôtels». «Un test antigénique est nécessaire» Ceci étant, il met avec insistance en avant «le respect strict du protocole sanitaire» et estime que «le test antigénique est nécessaire à l'arrivée parce qu'il est possible que le passager soit contaminé après un test PCR négatif de -36h, l'antigénique confirme d'abord le résultat de la PCR même si elle est plus sensible, plus sûre (c'est pour ça qu'elle est demandée en premier) et c'est aussi un argument de plus pour s'assurer que le sujet est sain». Il explique que «le test antigénique se fait par une prise d'une goutte de sang (comme pour la glycémie), le résultat est connu dans les 10-15 minutes qui suivent». Il estime que «ce test ne demande pas beaucoup, il faut donner ça à un privé, demain, il commencera à les faire, il faut que le décret sorte pour organiser tout ça, ils ont dit que la réouverture se fera à partir du 31 mai (....), ils ont une quinzaine de jours pour décider». Le prof Khiati évalue un test antigénique à «2.000 ou 3.000 DA, c'est 10 euros peut-être, je pense que les passagers pourront payer avec la monnaie qui les arrange, il y a aussi un guichet de banque à l'aéroport, donc, les conditions ne sont pas aussi compliquées que ça». A propos de la toute dernière annonce du 1er responsable de l'OMS que «la 2ème année de la pandémie sera plus mortelle que ne l'a été la première», le Pr Khiati estime qu' «ils sont obligés de tenir ce langage pour que les gens ne tombent pas dans le relâchement, d'ailleurs, plusieurs de leurs déclarations ont été hors course, finalement, tout ce qu'ils ont dit n'a pas été vérifié sur le terrain, parfois même il a été en contradiction». A commencer par le fait qu'ils aient dit que la maladie ne se transmettait pas par l'air (...). Il assure que «ce qui est important, ce sont les situations sanitaires à travers le monde, la pandémie est en train de diminuer dans beaucoup de pays européens, en France, en Italie, la Belgique a ouvert les cafés et les terrasses tout autant que la Hollande (...)». Il pense que «c'est qu'on vit une évolution normale d'un virus, on ne peut pas dire qu'il y a une nouvelle vague, c'est toujours un nouveau virus, c'est-à-dire que c'est une autre transformation, là, c'est en voie de déclin, espérons que c'est la dernière (...)». «C'est vraiment la baraka» Khiati souligne à ce sujet qu'«en France par exemple ça été démontré que c'est le passage du virus vers l'animal, le vison, ils ne veulent pas beaucoup en parler mais la réalité c'est celle-là». C'est le vison, dit-il, «qui a été responsable du variant 4 qui est à l'origine de l'épidémie actuelle». Il fait savoir que «dans toute l'Europe, les élevages du vison se comptent par centaines de milliers, au Danemark, ils en ont tué 17 millions, le variant 4 a muté par passage chez le vison (...), ce sont les grands élevages qui posent problème». Il explique par ailleurs que si «le variant indien a été méchant en Inde, c'est parce que les conditions de vie sont totalement différentes que celles en Algérie, depuis son apparition, on a eu à peine une soixantaine de cas». Khiati relève que «les enquêtes épidémiologiques ont été complètement à côté parce que dès l'apparition du variant indien chez nous, il fallait mettre un cordon sanitaire, je pense qu'on est plus protégé par la baraka, espérons que ça va continuer (rires), quand on sait que certains pays étrangers ont enregistré dans une seule journée le nombre de morts que nous avons eu chez nous depuis le début de la pandémie à ce jour, c'est que c'est vraiment la baraka...». Beaucoup d'Algériens bloqués à l'étranger pensent que «les autorités algériennes devront bien organiser cette réouverture parce que ce n'est pas tant le protocole sanitaire qui pose problème, il suffit de le suivre et de le respecter, mais c'est au niveau des vols où nous avons déjà vécu de grosses pagailles, on ne sait pas comment s'inscrire, où se renseigner, à qui s'adresser (...)». Ils attendent et disent «espérer vivement que le communiqué précisant les conditions d'organisation de cette ouverture prévue par le Conseil des ministres dans une semaine, donnera les clarifications qu'il faut à toutes les questions posées».