Il y a forcément un avant et un après pour les militants des deux mouvements Rachad' et MAK'. Les deux mouvements, basés à l'étranger, qui n'ont aucune existence légale en Algérie, le MAK était carrément interdit pour ses activités séparatistes, et dont les militants sont sortis de l'ombre à la faveur du Hirak, ont été classés sur la liste des organisations terroristes, le 18 mai dernier. Date à laquelle le Haut Conseil de Sécurité « s'est penché sur les actes hostiles et subversifs commis par les mouvements Rachad' et MAK' pour déstabiliser le pays et attenter à sa sécurité, et décidé, dans ce cadre, de les classer sur la liste des organisations terroristes et de les traiter comme telles », selon un communiqué rendu public par la présidence, dans le sillage de cette réunion. Bien avant cette décision, le Tribunal d'Alger avait émis fin-mars, des mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de Mohamed Larbi Zitout, un co-fondateur de Rachad' et ancien diplomate algérien, résidant au Royaume-Uni, et de trois activistes accusés d'appartenir à la même mouvance. Ce mouvement est accusé d'avoir infiltré et de chercher à entraîner dans la violence le mouvement Hirak, et le MAK' est un autre mouvement, dont les visées terroristes ont été récemment dévoilées, suite à l'arrestation de militants appartenant à ce mouvement qui planifiaient des attentats terroristes au moment des marches du Hirak. Donc, pour les militants des deux mouvements, qui activaient en Algérie, dans la clandestinité et qui ne couraient pas de risques majeurs vis-à-vis de la loi, les choses ont changé du tout au tout après le 18 mai. Avant cette date, les militants en question ont rarement été inquiétés par les services de sécurité, mais la situation n'est plus la même après le classement des deux mouvements sur la liste des organisations terroristes. Tout individu dont l'appartenance à ces deux mouvements serait prouvée tomberait, désormais, sous le coup de la loi et serait automatiquement suspecté d'activité terroriste. Et répondre des lourdes charges qui pèseraient sur lui devant le tribunal. Est-ce pour autant une fin en soi, ne plus jamais discuter ou protester contre cette décision ? Certainement que rien n'est immuable sur ce plan. Et il n'y a qu'à prendre des exemples de classements d'organisations terroristes au niveau international, qui continuent de défendre leur cause contre les accusateurs sans échapper à leur sort en matière de retombées découlant de ce classement. Sur le plan politique, il est permis de se défendre contre pareil classement, mais pas devant un tribunal ou les services de Sécurité de la partie à l'origine de ce classement. Un juge ne retiendrait, ainsi, que la preuve d'appartenance à l'une ou l'autre organisation pour donner son verdict. Tant que le classement des deux mouvements sur la liste des organisations terroristes est fondé sur une décision du Haut Conseil de Sécurité, le jugement de toute personne, dont l'appartenance aux deux mouvements en question serait dûment prouvée, ne peut s'écarter de cette considération fondamentale qui fait force de loi. Quelles options pour les militants des deux mouvements qui croient encore au bien-fondé de leur lutte ? Assumer politiquement leurs actes jusque dans les geôles, ou cesser tout lien avec les mouvements classés sur la liste des organisations terroristes.