Des actions concrètes sont désormais attendues des autorités du pays à l'égard de Rachad, le mouvement islamiste qui semble faire de plus en plus l'unanimité contre lui. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Au cours de ces trois derniers jours, l'on a vu, en effet, une action initiée par un groupe d'avocats du barreau d'Alger en vue de radicaliser les positions algériennes à l'égard de cette organisation jugée dangereuse pour la stabilité du pays et qui a surtout tenté de se greffer du mieux qu'elle le pouvait au mouvement populaire à la recherche d'un changement qualitatif dans le pays. Ces avocats, ils sont quatre, ont saisi, comme on le sait, le garde des Sceaux lui demandant de qualifier Rachad de groupe terroriste en mettant en action les mesures juridiques et administratives nécessaires. Dans leur lettre à Belkacem Zeghmati, ces hommes de loi qualifient les activités de ce «mouvement à l'intérieur et à l'extérieur de l'Algérie comme étant une menace pour la sécurité nationale et la sécurité physique des citoyens et compromettant la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». Ils évoquent aussi les attaques et « abus d'insultes envers des institutions de l'Etat et de ses hommes en particulier, l'Armée nationale populaire et les différents services de sécurité et leurs enfants » et regrettent enfin qu'aucune décision n'ait été prise à l'encontre de ce mouvement en dépit des preuves retenues à l'encontre de certains de ses éléments. Les avocats concluent leur appel en rappelant que des dispositions de loi permettaient aux autorités de classer Rachad parmi les groupes terroristes. Cette action se déroule à l'heure où la dénonciation des manœuvres du mouvement islamiste s'intensifie, au niveau de la société d'abord qui s'exprime principalement par le canal que lui offrent les réseaux sociaux. Des messages incriminant les principaux porte-parole de cette organisation sont régulièrement postés et accompagnés de messages appelant à la vigilance des citoyens. Dans ce contexte, l'affaire de la vidéo montrant un adolescent de quinze ans entouré d'activistes l'incitant à évoquer les actes immoraux qu'il aurait subis durant son interpellation semble avoir contribué à enfoncer davantage Rachad. Même de farouches opposants au régime (dont l'avocat Me Salah Dabbouze) ont tenu à dénoncer des manœuvres autour de cette affaire. Me Salah Dabbouze s'est élevé contre la diffusion d'une vidéo montrant des policiers français commettre un acte immoral contre un manifestant (gilet jaune) et présentée comme étant la scène dont avait été victime le mineur durant le Hirak. La manipulation signée Rachad a eu un effet immédiat sur le Hirak où de nombreux activistes ont de nouveau mis en garde contre les rassemblements du samedi, ceux de l'escalade auxquels appellent en effet les voix du mouvement islamiste établis à l'étranger. L'interpellation du mineur que l'on voit dans la fameuse vidéo a d'ailleurs eu lieu un samedi. Ces appels à l'escalade ne semblent cependant plus avoir d'effet sur le Hirak, ce samedi la manifestation de l'escalade n'a pas eu lieu... Vendredi, l'on a vu en revanche des hommes politiques s'exprimer au sujet des tentatives de manipulation du mouvement populaire. Sur sa page Facebook officielle, Youcef Taâzibt, cadre dirigeant au Parti des travailleurs (PT), écrivait ce vendredi un texte qui en dit long sur la situation : «À force de vouloir expurger des marches hebdomadaires l'idéologie, la politique et toutes les questions qui préoccupent les millions d'Algériens, un courant politique bien déterminé a pris une bonne place dans le Hirak grâce aux partisans de ''ce n'est pas le moment'' et de la prétendue unité du Hirak. Des slogans et des banderoles ne trompent pas. Au nom de l'union pour faire avancer les choses, on risque de reculer de trois décennies en arrière ». Dévoilé, dénoncé, le mouvement islamiste Rachad semble désormais en perte de vitesse, balayé par des Algériens résolument décidés à ne laisser aucune chance aux descendants du FIS (Front islamique du salut) dissous, responsable de la décennie noire. Au plan officiel, l'on sait qu'un mandat d'arrêt international a de nouveau été émis à l'encontre des principales figures du mouvement islamiste établies à l'étranger. Il y a deux semaines, le procureur général du tribunal de Bir-Mourad-Raïs a publié un communiqué où Amir Boukhors, dit Amir Dz, et Larbi Zitout ont été clairement qualifiés de terroristes et leur organisation accusée de vouloir déstabiliser le pays commettre des actions subversives au nom du Hirak. Dans le pays, le mouvement anti-Rachad s'est cependant amplifié, des actions concrètes sont attendues pour mettre définitivement fin à la nébuleuse. A. C.