La solidarité s'est imposée au fil du temps comme un devoir social, une obligation civique d'entraide réciproque et d'assistance assumée par les personnes d'une même communauté, ou d'un peuple du fait du lien qui les unit. C'est aussi, une obligation à faire cause commune en agissant dans l'intérêt général sans arrières pensées ni calculs, en écoutant l'élan de son cœur et de la raison, par retour de bienfaits à mère patrie qui nous a tout donné pour peu que nous lui soyons reconnaissants. C'est pourquoi, il me plait de relever avec fierté, que cette solidarité n'a pas été démentie lors des tragiques évènements qui ont endeuillé notre pays et auxquels nous avons assisté, le cœur serré. Dieu merci, les plans macabres de criminels bien déterminés à plonger notre si beau et merveilleux pays dans la « fitna » ont été déjoués. L'objectif visé par la poignée de pantins, traîtres et vampires d'un autre âge, est évidemment la dislocation de l'Etat-Nation en vue de faire de notre « pays-continent » une mosaïque tribale foncièrement sectaire, dévitalisée et vulnérable. Se coaliser, y compris avec le diable, à l'effet d'accomplir sans état d'âme et par procuration, les desseins diaboliques de leurs mentors marionnettistes qui tirent les ficelles, moyennant quelques subsides et flatteries, reste la devise de ces mercenaires sanguinaires. Au-delà du malheur qui a endeuillé notre pays, cette lueur d'espoir qui réchauffe les cœurs de nos frères et sœurs des populations sinistrées innocentes, se doit d'être inscrite dans la permanence d'un roman national reposant sur « un imaginaire historique » commun, où la solidarité est cette expression ardente qu'il faille nourrir et maintenir toujours vivace afin de se prémunir par anticipation, d'éventuels dangers à venir. L'inclusion de toutes et de tous à l'identité algérienne sans surenchère aucune, passe forcément par la constitution en toute objectivité et transparence de ce récit national, afin que chacune et chacun de nous puisse y trouver sa représentation qui fasse écho à l'histoire de nos régions, aux cultures plurielles scellées dans l'unité nationale, cette ligne rouge que tout patriote doit s'interdire de transgresser... Cela veut dire que c'est aux historiens qu'incombe le devoir de faire aimer et de faire comprendre la patrie à nos enfants dès le primaire, par la voix d'enseignantes et d'enseignants correctement formés et non en récitateurs « formatés ». Vous n'êtes pas sans savoir, Monsieur le Président, que le patriotisme a besoin d'être cultivé et entretenu comme la prunelle de nos yeux sans que cela ne soit perçu comme une pratique ringarde. Il se résume à expliquer à nos enfants que les hommes et les femmes qui, depuis des siècles, vivent sur la terre d'Algérie dans la fraternité et la convivialité, ont fait par l'action et par la pensée, une certaine œuvre à laquelle chaque génération a contribué. Il faut dire à nos enfants qu'un lien nous rattache à ceux qui ont vécu et à ceux qui vivront sur cette terre. Que nos ancêtres, c'est nous dans le passé et que nos descendants, ce sera nous dans l'avenir. C'est dire que le secteur de l'éducation a fort à faire, Monsieur le Président ! À commencer par les écoles normales qui doivent former les institutrices et instituteurs à hauteur de ce grand défi national qui détermine la traçabilité de notre société de demain, car celle d'aujourd'hui est bien malade et déboussolée à l'extrême. Et pourtant ! La « commission Benzaghou » avait rédigé un rapport de mission de mille pages, élaboré par des experts chevronnés qui n'ont ménagé aucun effort en y mettant tous leurs cœurs à la besogne. L'enseignement de l'histoire revisitée et épurée des germes et scories malveillantes de la division par des historiens de notoriété attestée par leurs pairs, doit commencer dès le plus jeune âge afin que nos enfants emportent avec eux, le souvenir de nos gloires nationales. S'ils ne savent pas que leurs ancêtres ont combattu sur mille champs de bataille pour de nobles causes, s'ils n'ont point appris ce qu'il a coûté de sang, d'efforts et de souffrances pour faire l'unité de notre peuple, s'ils ne deviennent pas des citoyens pénétrés de leurs devoirs, c'est que l'enseignant aura failli à sa mission d'éducateur averti et perdu son temps. Voilà Monsieur le Président, un chantier des plus palpitants à ouvrir, même si les premiers résultats ne seront perceptibles qu'à moyen terme ! L'école algérienne doit être celle de l'éducation, du savoir et de la citoyenneté et c'est comme cela qu'il faudra à mon humble avis, dénommer le Ministère qui en a la charge afin de frapper les consciences endormies par laxisme et démission. Quelle misère, Monsieur le Président, que celle de notre société qui à chaque pas en avant, en fait bien plus en arrière ! Oui ! C'est cela qui distende les liens entre les citoyens et leurs gouvernants à défaut de bonne gouvernance et de cette « chape de plomb » la bureaucratie et son corollaire la corruption. Cette tare fortement décriée rend la vie dure et pénible à nos concitoyens et gèle leurs initiatives. La confiance se doit donc d'être rétablie au plus vite, afin de construire un front solide face aux dangers qui menacent notre pays. Cela a un prix et doit commencer tout d'abord par la mise en place d'une émission mensuelle de 15 minutes que vous devez vous réserver pour entretenir le contact avec nos concitoyens, sans intermédiation de journalistes pas toujours appréciés par un large public qui sait évaluer les paroles à leur juste valeur. Regarder bien en face les auditrices et auditeurs en les informant au plus près de la réalité de la situation du pays, est sans doute, la meilleure des façons pour leur dire que vous ne pouvez faire que la politique des moyens dont dispose notre pays. De la sorte, vous gagnerez progressivement cette confiance du peuple sans laquelle, rien de positif ne sera fait. Ceci dit, au titre de ces urgences qui font références aux relations entre gouvernants et administrés, ainsi qu'à la pratique de la gouvernance à tous les niveaux de la gestion des affaires publiques, s'ajoute dans l'immédiat, l'élaboration d'un authentique plan de revitalisation des zones de montagne sinistrées, après évaluation en cours des pertes occasionnées. Les populations de ces zones doivent retrouver au plus vite, leur quiétude dès lors que vous aurez décidé, Monsieur le Président, de programmes conséquents de plusieurs milliers d'hectares de reboisement, de reconstitution des oliveraies et figueraies, de dotation en équipements et divers élevages, ainsi que d'infrastructures de base et d'un programme de réhabilitation des habitations endommagées avant l'hiver. Ce chantier colossal ne saurait souffrir d'aucun retard. Il nécessite bien évidemment, une grande mobilisation de moyens de réalisation et pourquoi pas ne pas saisir cette opportunité pour recréer les entreprises communales et intercommunales qui furent maladroitement et injustement dissoutes par des « esprits malins » pour ne pas dire « malveillants » qui ont cédé leurs matériels à bas prix en dépouillant nos collectivités d'un outil précieux. Le retour des régies communales est plus que souhaité en offrant des opportunités de création d'emplois par milliers à l'échelle des wilayas sinistrées, afin d'atténuer les rancœurs et faire éclore l'espoir auprès de nos jeunes, tout en faisant barrage à l'oisiveté mère de tous les risques et dérives ... Cela doit concerner aussi, les régions du Sud ou au titre du régime de la concession agricole, des dizaines de milliers d'hectares pourraient servir à l'émergence d'exploitations oasiennes de taille moyenne, adossées à des établissements humains et soutenues par un réseau de coopératives de services agricoles. Faire travailler le plus grand nombre de jeunes, équivaut à les soustraire de l'influence qu'exercent sur eux des esprits maléfiques et manipulateurs ... Après engagement de ces actions urgentes d'anticipations, il sera alors légitime à ce moment, de laisser place au rêve d'une Algérie solidaire, unie et prospère. Et à chacun de nous de le faire, comme je l'ai fait moi-même en apportant ma modeste part au rêve national. Oui, Monsieur le Président ! Pour ce qui me concerne, j'ai rêvé les yeux ouverts de cette Algérie qui rejette la progression « à tâtons » en privilégiant la maturation de ses plans et projets au plus haut sommet de l'Etat, sous la surveillance et la veille stratégique d'un « Haut conseil à la planification et à la prospective territoriale » placé sous votre autorité directe. Crise oblige ! C'est là, une nécessité d'arbitrage, de rationalité et d'économie d'échelle, en somme, un impératif et une exigence de l'heure. Comme je dois également dire, que le rêve d'une Algérie prospère ne saurait se résumer à la mise en pratique des idées et modèles importés. Il s'agit pour nous de créer la voie qui sied le mieux aux particularismes de notre société plurielle, tout en étant ouverte au monde extérieur. C'est-à-dire une modernisation ancrée dans nos valeurs et nos racines, et non, celle « hors-sol » prônée par certains esprits pratiquant juste par suivisme, le mimétisme aveugle de nature à diviser notre peuple. Qu'on y prenne garde ! À l'angélisme béat qui caractérise la situation actuelle du fonctionnement de notre société et de son encadrement, il s'agira d'opposer une démarche réaliste et lucide dictée par le seul intérêt national et l'envie de construire demain, et après demain, l'avenir, car comme disait Eleanor Roosevelt : « Le futur appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves ». C'est parce que les Américains, les Australiens, les Canadiens, les Chinois, les Japonais et les Russes ont cru à leurs rêves projetés sur des espaces de dimension continentale, que leurs pays sont devenus de grandes puissances. Ils n'ont pas compté comme nous le faisons que sur le pétrole et le gaz pour transformer nos fantasmes en réalités vécues dans la position « assis en tailleur » à contempler le firmament. Et c'est parce-que j'y crois, que je me suis encore mis à rêver, mais cette fois-ci, sur la dimension de notre « pays continent » d'Est en Ouest, et du Nord au Sud, avec cette volonté d'apporter ma modeste contribution à ce rêve collectif. Alors ! Mon regard s'est porté : 1. Sur ce littoral de 1.200 kms qui ne demande qu'à être exploité à l'optimum de ses capacités. La navigation marchande peut être développée pour le transport des marchandises d'Est en Ouest, réduisant ainsi le nombre de camions sur le réseau routier déjà saturé. Des gares maritimes peuvent être aussi réalisées afin de développer le transport maritime et de croisière sur l'axe Ghazaouet-Annaba. Il y a là une opportunité à saisir pour le développement du tourisme domestique, à partir d'escales au niveau de grandes villes comme : Oran, Alger, Boumerdès, Béjaia, Jijel, Skikda et Annaba. À l'exception des gares maritimes dont la réalisation relève de la dépense publique, tout le reste des investissements est à caractère privé, selon des formules partenariales avec des entreprises qualifiées. Nous avons là, une manière de mobiliser l'épargne nationale. Il s'agit en fait, de passer d'une économie de prédation génératrice de transferts illégaux de devises, à une économie productive génératrice de richesses et d'emplois in situ. 2. Sur l'angoisse née de la quasi littoralisation des régions du Nord source d'exigüité, de « dikat el khater » synonyme de violences de nature multiple, à partir de la mise en place des conditions de redéploiement de populations vers les régions des Hauts-Plateaux qui de par leurs étendues peuvent constituer l'assise idéale à la construction d'une « Algérie nouvelle ». Cette « option » de développement de ce ventre mou de notre territoire, doit être inscrite dans un écrin de verdure, d'un « barrage vert » revu et corrigé dans son volet monoculture du Pin d'Alep ravagé par la chenille processionnaire, à partir du développement d'espèces fruitières rustiques et la réalisation de ceintures vertes périurbaines. Et au titre des activités productives d'une industrie agroalimentaire basée sur la filière viande et la transformation de sous-produits d'élevages et d'une industrie de valorisation de substances utiles largement disponibles. Ces activités doivent s'inscrire dans la cohérence d'une armature urbaine articulée autour de villes nouvelles de tailles humainement gérables auxquelles doivent s'adosser des agropoles et des technopoles... Dans la continuité de cette « option Hauts-Plateaux », je me suis pris à rêver d'un axe de chemin de fer structurant : Alger-Tamanrasset et d'un « train Express » à grande vitesse, seul à même de sortir les populations du Sud de leur isolement, lorsque son tracé sera jalonné par de nouveaux centres de vie, comme se doit de l'être le transfert hydraulique de Aïn-Salah-Tamanrasset... Et toujours dans la perspective de créer le plus d'emplois possibles pour nos jeunes afin de les prémunir des tentations suicidaires qui les guettent, j'ai rêvé aussi de l'ouverture de ces espaces sahariens oasiens et ksouriens, au tourisme domestique et à la solidarité que les régions du Nord doivent manifester en leur direction. J'ai vu alors dans mon rêve les yeux ouverts, de jeunes gens transportés à « petit prix » par charters, accueillis dans des campings en pleines palmeraies, en bivouac ou chez les habitants et comme effet induit, un développement florissant du tourisme solidaire articulé autour de l'artisanat local. 3. Sur le transfert hydraulique à grande échelle vers les périmètres irrigués et les espaces céréaliers du Sersou et du Hodna à partir de l'albien afin d'apporter l'appoint d'irrigation nécessaire à l'effet de réduire notre dépendance alimentaire. J'ai rêvé aussi, de ces (3) Millions d'hectares jusque là mis en jachère, qu'on pourrait destiner à l'extension des superficies fourragères et de légumes secs pour améliorer la qualité des sols devenus squelettiques par suite des mauvaises politiques suivies, afin d'améliorer leur résistance aux changements climatiques. Cela veut dire que le Ministère de l'agriculture qui agit jusque là en « centrale d'achat » de produits de première nécessité et d'intrants agricoles, devrait faire sa mue pour devenir : le « Ministère de la préservation du foncier agricole et de la sécurité alimentaire ». Il doit aussi prendre ses distances par rapport à tous ces « parasites » du « Dâam arifi » qui gravitent autour de la sphère agricole et pèsent de tout leur poids de nuisance sur les administrations locales, qu'ils finissent par mettre sous leur influence. 4. Sur le fonctionnement d'une Algérie agréable à vivre de jour comme de nuit, pour toutes et tous ceux qui ont décidé d'en faire leur seule patrie sans avoir à courir derrière une autre de substitution. Et dire que ce pays là, a existé sur plus d'une décennie avant que sa dynamique ne fût brisée. J'ai aussi rêvé de villes et villages du Nord correctement approvisionnés en eau potable à partir de la densification du réseau de stations de dessalement dont la maintenance requiert la formation urgente de milliers d'ingénieurs et de techniciens. J'arrête là mon rêve qui peut se décliner encore et encore, pour dire, Monsieur le Président, que ce texte se veut être tout à la fois rêve et prospective ! Il prône un grand effort collectif pour asseoir les fondements d'une « Algérie nouvelle », celle de la tolérance, de la fraternité et de la persévérance qui produit suffisamment pour pouvoir distribuer les fruits de la croissance de façon équitable tout en assurant l'emploi et les conditions de bien-être à nos concitoyennes et concitoyens. Mais il faut se le dire ! Rien de bien et de grand n'est facile ! Notre pays se doit de relever toute une série de défis afin qu'il puisse continuer à préserver son indépendance et sa souveraineté ! Il se doit de mobiliser toutes ses forces sans exclusive et d'avoir à la tête de ses institutions, des hommes et des femmes, honnêtes, capables d'inspirer confiance à la population locale et à la diaspora qui reste en attente de signaux forts ... *Professeur