«Nous sommes contre le transfert des services des urgences pédiatriques et de la chirurgie infantile vers la maternité de l'EHS ! Cette décision est malvenue et prématurée ! Ces services d'utilité publique sont en activité depuis plusieurs années dans ces lieux ! Ils sont là avant même l'existence de l'établissement hospitalier spécialisé ! Nous dégageons toute responsabilité en cas de problèmes qui vont surgir !». Les médecins de l'EHS (Pédiatrie, chirurgie infantile, néonatologie et maternité) de Tlemcen ne cachaient pas mercredi dernier leur mécontentement avec d'autres agents paramédicaux rassemblés devant le siège de la direction, pour exiger l'annulation de la décision de délocalisation prise par le directeur de la santé et de la population (DSP) de Tlemcen. Un médecin spécialiste du service de pédiatrie qui a requis l'anonymat, revient sur l'intention de la direction de la santé de transférer ces deux services à la maternité de l'EHS. Il souhaite exprimer sa position, et celle de l'ensemble des praticiens, sur la volonté exprimée par le DSP de transférer ces deux services au niveau du hall de la maternité. «Avant, les urgences pédiatriques étaient situées au premier étage des UMC du CHU quand les services de pédiatrie et de la chirurgie infantile faisaient partie de cet établissement. En 2012, l'ex-directrice du CHU et l'ex-directrice de l'EHS ont décidé en commun accord de transférer les urgences infantiles de pédiatrie et de CCI vers des locaux situés au rez-de-chaussée derrière les UMC, argumentant que celles-ci encombraient les urgences. Mais une fois libéré, le premier étage a été transformé en bureaux et l'ancienne salle des hospitalisations est actuellement fermée. L'on ne comprend pas aujourd'hui pourquoi on veut forcer l'ensemble des praticiens de ces deux services à évacuer les lieux à la veille de l'hiver où l'on s'apprête à recevoir beaucoup de malades compte tenu des épidémies de grippe, de bronchiolite, de coqueluche, de gastro-entérites à rotavirus, de méningites, de Covid-19 sans oublier les asthmatiques et malades de la CCI, qui devront être pris en charge », a indiqué ce médecin. Et de préciser : « le hall de la maternité ne peut en aucun cas servir d'unité des urgences pédiatriques et de chirurgie infantile car rien n'a été prévu pour cela. Il n'y a ni sources d'oxygène, ni sources de vide pour aspirer les malades, ni chauffage, ni sanitaires, ni salles de consultation, ni salles de soins, ni salles de plâtre, ni salles de garde, ce qui pourrait mettre en danger les patients ! Il y a aussi un grand risque de contamination des femmes enceintes et des nouveau-nés non encore vaccinés car le bloc des accouchements et des blocs opératoires est tout près du hall. Nous demandons au DSP de revoir sa décision hâtive, non justifiée et lourde de conséquences. Nous ne voulons pas recourir à une grève générale, pour défendre les droits de l'enfant et de la femme enceinte !». De son côté, le DSP de Tlemcen, Boukhiar Mansour, défend sa décision «murement réfléchie », pour améliorer la prise en charge de la population de Tlemcen. «Je n'ai jamais parlé de délocalisation des soins chirurgicaux de pédiatrie. J'ai donné des instructions pour transférer les urgences pédiatriques médicales vers le hall de la maternité pour le transformer en un hôpital du jour, après les aménagements qui seront effectués dans cet espace. Tout le monde sait que les UMC du CHU sont saturées et confrontées quotidiennement à un afflux de malades et de familles de malades. Nous n'avons pas de place pour soigner les personnes atteintes d'AVC, malades victimes d'accidents, personnes âgées et chroniques et les patients touchés par le virus de Covid-19 et par la grippe saisonnière. Les pathologies hivernales provoquent un embouteillage aux urgences de l'hôpital de Tlemcen. Certains patients doivent dormir dans les couloirs ! Nous sommes obligés de réserver l'espace libre de la maternité aux consultations pédiatriques médicales et pour les observations, afin d'augmenter la capacité d'accueil des urgences et gérer le flux des nombreux patients, surtout que la 4ème vague de Covid-19 approche et nous fait peur. Les personnes victimes d'accident vasculaire cérébral pourront désormais mieux être prises en charge avec la technique de troponine, qui permet donc de déceler les pathologies cardiaques », a souligné le DSP, qui regrette la levée de boucliers de « certaines personnes ». « Je ne peux évidemment pas m'exprimer sur la gestion des précédents responsables. En ce qui me concerne, j'ai pris le temps d'écouter, de me déplacer, pour comprendre ce qui n'allait pas. Des dysfonctionnements récurrents sont apparus, au niveau des UMC du CHU, qui ne répond plus à l'augmentation exponentielle des cas graves. Des familles de patients réclament à cor et à cri davantage de capacités d'accueil aux UMC pour soigner leurs proches. Notre seul souci est de penser aux malades et aux soignants», a-t-il ajouté.