Le directeur de cabinet à la présidence de la République a noté jeudi que «Redha Tir a dû commencer par tout reconstruire, du siège social aux politiques de travail». Le nouveau président du CNESE a rappelé pour sa part «l'écoute, le rôle consultatif du Conseil et la formulation de propositions et de recommandations prospectives en vue d'accompagner le programme du président de la République». Ces déclarations ont été faites jeudi dernier à l'occasion de la passation de pouvoirs entre l'ancien et le nouveau président du CNESE, une cérémonie qui a été présidée par Abdelaziz Khellaf, le directeur de cabinet à la présidence de la République. Ce jour-là, Khellaf a, en effet, installé le professeur Sidi Mohammed Bouchenak Khelladi au poste de président du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), en remplacement du professeur Rédha Tir, avait fait savoir le Conseil par la voie des réseaux sociaux. Khellaf a rappelé la «mission constitutionnelle du Conseil», saluant «les actions accomplies par le Professeur Rédha Tir durant son mandat de président du CNESE» tout en précisant qu'il «a pris ses fonctions dans une période difficile (...)». Le nouveau président du CNESE, Sidi Mohammed Bouchenak Khelladi a évoqué lui aussi les missions du Conseil, en soulignant en substance que celles-ci «reposent principalement sur l'écoute, son rôle consultatif et la formulation de propositions et de recommandations prospectives en vue d'accompagner le programme du président Abdelmadjid Tebboune, et ce, grâce à la compétence de ses cadres et experts qui œuvrent à la concrétisation de ces objectifs». Il a mis en avant comme rapporté par le communiqué du CNESE «l'importance du travail de terrain et son rôle dans la transmission des préoccupations de la société au président de la République et au Premier ministre». Le directeur de cabinet à la présidence de la République a, en premier, mis en exergue «les efforts de l'ancien président pour l'édification de cette institution centrale et son placement dans le système consultatif dans les affaires sociales, économiques et environnementales, qui sont des questions fondamentales et de grande importance». Il a tenu à préciser encore que «le Conseil se veut un espace impliquant tous les acteurs de la société afin de réfléchir aux politiques économiques, sociales et environnementales et s'assurer qu'elles sont cohérentes avec la politique générale de l'Etat, notamment en ce qui a trait au programme du Président et à ses 54 engagements». Le CNES au temps de Mentouri et de Babes Pour rappel, la nomination de Rédha Tir à la tête du CNES (son appellation avant sa constitutionnalisation en tant que CNESE) a été consacrée par le Conseil des ministres du 7 mars 2020. En quelques jours seulement, cet ancien enseignant d'économie à l'Ecole supérieure de management s'était plutôt attardé sur le changement de pratiquement tous les cadres qui étaient en fonction depuis plusieurs années au niveau du CNES. Il a «construit» rapidement une nouvelle équipe dont les membres étaient issus en général de son entourage «d'économie, des finances et du management», soutient son entourage. Tir n'avait d'ailleurs pas besoin de «tout reconstruire, du siège social aux politiques de travail (...) pour l'édification de cette institution centrale et son placement dans le système consultatif dans les affaires sociales, économiques et environnementales». Avant que l' «Environnemental» ne soit institutionnalisé, les textes qui ont toujours régis le CNES n'ont pas changé excepté donc son ouverture constitutionnelle sur les questions climatiques et environnementales que le monde moderne impose à tous. Le CNES s'était placé pendant de longues années sur une trajectoire de «contre-pouvoir» face aux décideurs en leur dévoilant l'ensemble des points faibles en matière de gouvernance économique et sociale et les insuffisances ou lacunes des politiques publiques qu'ils mettent en œuvre notamment en temps de crise ou de chute de la fiscalité pétrolière dont dépend toujours l'économie nationale. C'est d'ailleurs le premier indicateur sur lequel le CNES s'appuyait pour recommander inlassablement aux gouvernants d'extirper le pays des griffes du prix du baril de pétrole et de le lancer sur les pistes -que ses experts identifiaient clairement- d'une économie hors hydrocarbures, créatrice de richesses, diversifiée, moderne et compétitive. C'était la première institution à s'être penchée sur la crise pétrolière, le ciblage des subventions et la sécurité alimentaire en recommandant la diminution de l'importation du blé et la création d'une banque de gènes et la préservation des semences locales. C'était au temps où la présentation périodique du rapport sur la conjoncture au Palais des nations de Club des pins donnait du fil à retordre aux gouvernements qui se sont succédé tant le contenu mettait à nu les dysfonctionnements des différentes sphères économiques et sociales du pays. Les gouvernants n'aimaient pas «ces mises à nu» qui n'épargnaient aucun secteur pourtant d'un diagnostic précis et d'une expertise pertinente. «Si les gouvernants de l'époque avaient pris en considération toutes les recommandations contenues dans les différents rapports sur la conjoncture, on n'en serait certainement pas là», commente un expert du CNESE. Les exigences de la conjoncture du pays Ce travail qui permettait à la pensée intellectuelle de corriger sur papier- les dérives politiques, était sans cesse renouvelé par les équipes du CNES quand Mohamed Salah Mentouri en était le président. Un travail dont il dirigeait l'élaboration selon les exigences des conjonctures du pays. D'autres questions importantes ont été examinées et étudiées plus tard sous la présidence de Mohamed Seghir Babes à l'exemple de la création de l'institut africain de recherche et du développement durable (IRADDA) lorsque l'Algérie a adhéré à l'agenda 2030 notamment pour ce qui est de la question climatique, un dossier d'ordre stratégique. Autre création, celle de l'académie des sciences et des technologies, une première en Algérie, cédée ensuite au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Sans compter sa contribution à l'initiative de la création de l'agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS) que préside actuellement Kamel Senhadji. Il est utile en ces temps de crises répétées à tous les niveaux que le CNESE se remette «au travail » pour rééditer la confection de ces rapports en vue de diriger la vision des gouvernants sur ce qui doit être éminemment corrigé, adapté ou carrément changé. «Le CNESE doit absolument reprendre son rôle de lanceur d'alerte pour éviter au pays de gros désagréments(...) », affirment certains de ses experts. La nomination par le président de la république du Professeur Sidi Mohammed Bouchenak Khelladi laisse croire que cette institution consultative a besoin d'un nouveau et d'un souffle pour la fouetter et la remettre sérieusement au travail «sans partie pris ni complaisance », comme soutenu par ses cadres. Le nouveau président du CNESE est professeur des universités, docteur d'Etat es sciences économiques et financières et de Management Science, même profil académique que le président partant, Redha Tir. Il a été cependant sénateur du tiers présidentiel, membre du Conseil de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARTP), secrétaire général du ministère de la prospective et des statistiques et secrétaire général du ministère de l'éducation nationale. En mars 2008, «il a été désigné parmi les 2000 intellectuels remarquables du 21ème siècle » pour figurer dans l'Oxford English Dictionary. En juin et décembre 2005, il a été désigné éducateur international de l'année 2005 et 2006 par l'International Biographical Center de l'Université de Cambridge en Angleterre. Il a eu à mener des activités de recherche et supervision de thèses et mémoires en post graduation entre autres sur les stratégies d'intégration de la PME dans le processus de développement local et nationale, sur l'évaluation de l'impact des réformes économiques sur l'entreprise nationale et aussi sur l'impact socio-économique de la déréglementation des télécommunications en Algérie. Il compte plusieurs publications et communications nationales et internationales à son actif. Bouchenak était de janvier 2020 au jour où il a été nommé président du CNESE enseignant chercheur permanent à l'école nationale supérieure de management (pôle universitaire de Koléa).