Madrid a donc décidé d'abandonner sa position de neutralité à l'égard du délicat dossier du Sahara occidental, ancienne colonie du pays de Franco. Alger a été d'une promptitude remarquable pour exprimer son ire légitime en rappelant son ambassadeur à Madrid avec effet immédiat. Ceuta et El Melilla contre les territoires sahraouis occupés sont les termes de l'odieux deal passé entre le PSOE (Parti socialiste espagnol au pouvoir) et le Makhzen marocain. Commandités par le palais royal, les «lâchers» réguliers de clandestins vers les deux enclaves espagnoles ont fini par plier Madrid qui a fini par tourner casaque, avec un « bonus » en prime, continuer à profiter en sous-main des immenses richesses des territoires sahraouis occupés. Onze blocs parlementaires espagnols s'apprêtaient à déposer, hier lundi, à la Chambre des représentants (Parlement) une demande de comparution du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez pour s'expliquer sur la surprenante virevolte de Madrid. Provoquant un véritable clash au sein de la classe politique espagnole, le secrétaire d'Etat à l'Agenda 2030, Enrique Santiago, n'a pas manqué de souligner que «le gouvernement espagnol ne peut soutenir aucune action contraire aux décisions des Nations unies sur le processus de décolonisation du Sahara occidental». Le préjudice de cette déviation du gouvernement de Pedro Sanchez va certainement chahuter les relations entre Alger et Madrid, contrairement au «retour du beau temps» dans les relations politiques et diplomatiques entre Madrid et le royaume chérifien, à l'agonie depuis un bon moment. En décidant d'adouber les visées annexionnistes du Makhzen, l'Espagne se met à dos un partenaire politique et économique de choix qu'est l'Algérie, viscéralement attachée au droit du peuple sahraoui à un référendum d'autodétermination. Madrid, en soutenant explicitement « l'annexion » du Sahara occidental pour entrer le moule façonné par le Maroc, vient d'ouvrir la porte à une nouvelle crise avec Alger.