La lutte contre la drogue est-elle en voie de passer à la vitesse supérieure pour se transformer en «guerre» contre la drogue ? «La guerre de la drogue» déclarée contre l'Algérie par le Maroc nécessite absolument de mettre en œuvre une stratégie efficace avec des moyens de riposte conformes au niveau de l'agressivité qui vise à affaiblir le pays sur tous les plans, humainement et économiquement. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tebbi, a souligné, dans ce sens, devant les membres du Conseil de la nation, que le texte de loi relatif à la lutte contre le trafic de drogues est l'»une des lois urgentes devant être révisées», relevant l'impératif d'une «prise en charge de l'aspect préventif et le durcissement des peines, notamment contre les organisations criminelles». Non sans affirmer que l'Algérie était la cible d'une «action systémique» visant à l'inonder de drogues. «Nous disposons de toutes les données et les statistiques qui révèlent que l'Algérie est victime d'une action systémique visant à l'inonder de tonnes de drogues, d'où l'impératif d'adapter les moyens de lutte contre ce fléau qui s'est largement répandu. Nous sommes conscients de l'ampleur de ce phénomène et nous avons des solutions préventives et coercitives», a indiqué M. Tebbi, en réponse aux questions des membres du Conseil de la nation lors de l'examen de projets de lois spécifiques au secteur de la Justice. Annonçant dans ce sillage un durcissement des peines contre les organisations criminelles à travers la révision du texte juridique relatif à la lutte contre le trafic de drogue. Mais, on ne sait pas jusqu'où peut aller ce durcissement des peines. Le ministre ne s'est pas étalé sur les détails de la révision du texte de loi relatif à la lutte contre le trafic de drogues. Dans certains pays, en Asie du Sud-Est et en Chine, victimes par le passé « des guerres de l'Opium » lancées contre eux par l'empire britannique pour les affaiblir, le trafic de substances chimiques stupéfiantes est puni de la peine capitale. La plupart des gouvernements d'Asie de l'Est et du Sud-Est, qui n'ont pas oublié que la drogue est une arme plus destructrice que les bombes, pratiquent une politique de « zéro tolérance avec le trafic de drogues ». En Algérie, ce principe de « zéro tolérance avec le trafic de drogues » est soutenu par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Youcef Belmehdi, qui a plaidé, lors d'un séminaire sur le danger du phénomène de la drogue et de la toxicomanie, organisé au mois de mars 2021, en faveur de l'application de la peine de mort contre les trafiquants de drogue, arguant du fait que « les trafiquants de ces poisons alimentent un fléau grave » qui constitue en réalité « un danger contre l'humanité ». Que dire alors si on associe à cette considération la preuve criarde qu'un pays voisin a ouvertement déclaré la « guerre de la drogue » contre l'Algérie. « Aux grands maux les grands remèdes », cet adage trouvera-t-il toute sa dimension dans le prochain texte de loi relative à la lutte contre la drogue ?