En haut, l'on nous dit que «toutes les mesures seront prises», pour assurer le minimum syndical de joie et de bonheur aux Algériens. C'est vrai que le pays a de l'argent et là est l'essentiel. Mais plusieurs étages plus bas, chez le peuple profond, l'on est toujours au point zéphirus, à s'interroger si un Algérien du Nord ou du Sud, de l'Ouest ou de l'Est du pays, n'est pas simplement un homme qui ne veut plus regarder nulle part, y compris dans son propre miroir « brisé ». S'il faut se sustenter pour remplir son « vicariat » sur terre ou simplement entrer par un bout pour sortir, édenté par l'autre. L'Algérien réclame du travail sans trop consommer son huile de coude. L'Algérien veut s'instruire en allant à école du coin... de la rue. Résiliant et optimiste... jusqu'à l'os, l'Algérien continue à lire dans la paume de sa main pour prédire la couleur des lendemains qui donnent la pétoche. Pour se prémunir contre la douleur des gifles cinglantes assénées par la crise économique, la nôtre et celle des autres, l'Etat a décidé de ne plus distribuer de sous à tout le monde. L'Etat-mamelle est fini et le peuple-gamelle doit retrousser les manches. Mais pour faire face aux coups de boutoir de la vie, l'Algérien de la rue a décidé de travailler encore moins qu'il a la douillette habitude de le faire pour compenser sa force... de travail, perdue faute de pain frais. Pour les sans-le-pain, l'occasion «inespérée» du mois de toutes les privations leur donnera le soulageant sentiment de ressembler aux autres, à tous les autres... Aussi vrai que toujours tirer la couverture vers soi revient à arracher un morceau de peau à un scalpeur ensommeillé...