En exclusivité pour Le Quotidien d'Oran, une nouvelle photo du prochain et très attendu film de Damien et Adila Ounouri sur la dernière reine d'Alger face au terrible Baba-Arroudj. Et une polémique de chiffon on ne peut plus emblématique entre les deux voisins du grand Maghreb désuni. Un peu de pipolerie ne nuit pas à la santé de la presse généraliste : olé, olé, la comédienne Adila Bendimerad va bientôt mettre au monde son premier enfant. Et scoop, le père, le réalisateur Damien Ounouri ( accessoirement son mari), ne souhaite toujours pas savoir s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon. L'arrivée imminente de ce premier bébé coïncide avec la finition annoncée du premier long-métrage du couple, «La Dernière», non retenu par 75e festival de Cannes. Après «Kindil el Bahr» le couple glamour de la nouvelle vague du cinéma algérien revient avec une production digne des écrans. En ce moment à Paris, ils fignolent le montage de ce très attendu long-métrage , et nous offre en exclusivité cette photo du film. Et quelle image ! Adila B dans le rôle de Zaphira, la dernière reine d'Alger, face au terrible manchot Baba-Arroudj. On peut voir toute la tension du film dans cette photo exclusive. Résumons (mais pas trop) l'histoire de La Dernière. Nous sommes au début du 16 ème siècle, et les espagnols attaquent notre pays si riche. Pour faire sortir les Castillants, le roi Samir Toumi fait appel à Baba-Arroudj le terrible et sa bande de janissaires coupeurs de têtes. Une fois sa mission accomplie vis à vis des espagnols, le corsaire sanguinaire se plait à Alger où les femmes sont belles et la bouffe plutôt bonne. Il décide alors denous débarrasser une bonne fois pour toutes du roi Samir Toumi - qui effectivement n'a pas de charisme , il ressemble plus à un chanteur de mariage pour femmes ou tout au plus à un éternel primo-écrivain pour Instituts français qu'à un roi digne de Mezguena. Bref, le corsaire a une main de fer a des plans diaboliques en béton : il fait tuer le roi et se proclame sultan d'Alger, en promettant au passage aux incrédules une nouvelle Algérie- ce qui ne l'empêche pas au passage d'étouffer tous les opposants (lesquels, déjà à l'époque, s'arrangent pour ne pas être solidaires entre eux). Zaphira, la dernière des épouses de Samir Toumi, si bien incarnée par Adila Bendimerad, refuse le coup d'Etat et au lieu de rentrer chez ses parents à Miliana comme le lui demandent expressément ses frères, rêve de devenir la nouvelle Kahina d'Alger. Cette image nous donne un aperçu du film, la dernière reine d'Alger se bat contre la puissance envahissante, mais dans les regards on devine qu'une autre passion consume les deux protagonistes principaux. Baba-Arroudj est fou amoureux de la petite rebelle et la princesse qui a été trop longtemps délaissée par son pleutre de mari n'est pas insensible au corps musclé de son bourreau... On n'en dira pas plus pour ne pas divulgacher l'affaire. Espérons néanmoins que cette image du film, la deuxième à être diffusée, ne produise pas les mêmes effets que la première. Car il y a déjà eu une image du film publiée par le magazine britannique Screen qui a provoqué sur la toile une polémique aussi incroyable, irréaliste, fantaisiste qu'emblématique de l'état des relations délétères entre le Maroc et l'Algérie. La photo en question ( ci-dessous), représente la reine entourée de ses femmes de compagnie. Dès sa publication, des trolls marocains ont accusé les algériens de vouloir s'approprier «le caftan marocain». L'affaire aurait prêté à sourire si elle n'était pas allé aussi loin. Sur la page Facebook de Doha Film Institut (un des producteurs du film) et sur celle de l'actrice Nadia Tereszkiewicz (qui joue la Scandinave dans notre film, la compagne d'Aroudj, et est à l'affiche des Amandiers à Cannes), les attaques ont été féroces. L'actrice Nadia Tereszkiewicz qui avait publié la photo a été contrainte de fermer son compte après avoir reçu 2000 messages injuriants en une nuit -et, semble-t-il, autant d'insultes en privé. Pire, les producteurs qataris ont demandé officiellement des «clarifications» à Damien et Adila Bendimerad en ce qui concerné cette affaire d'appropriation textilesques et culturelle présumée. Avec des documents certifiés par des historiens, Adila Bendimerad a été obligé de se justifier auprès de son bailleur qatari. On sait que le Maroc et l'Algérie se font la guerre pour la paternité du couscous, dans le but de l'inscrire au patrimoine de l'Unesco avec leur drapeau flottant au dessus, ah l'enjeu de taille ! Cette histoire de couscous à classer nous a fait doucement sourire, car après-tout vaut mieux une guerre de graines de couscous qu'une deuxième guerre des sables. Mais elle nous attriste en même temps; «Couscous, caftans, c'est pas à toi c'est à moi». On en est là !? Pour que cesse ces chamailleries stupides entre les deux incorrigibles et immatures voisins, faut-il encore faire appel à un quelconque Barberousse des temps modernes ? Erdogan qu'est-ce que tu peux nous proposer comme plan cette fois-ci ?