Soixante ans dans la vie d'un homme, l'on n'est pas encore à l'article de la mort mais presque... Mais dans la vie d'un pays comme l'Algérie, ça correspond à l'âge de l'adolescence. L'Algérie s'apprête à fêter avec un grand faste le 60e anniversaire du recouvrement de l'indépendance nationale. Mais que valent 60 ans, dans la vie d'une nation ? Plus qu'une date-anniversaire, la célébration du 5 juillet doit sonner l'heure des bilans surtout. Marquer une pause pour évaluer, avec lucidité, où en est le pays, six décennies après le départ de la France coloniale ? Il est connu que nous autres Algériens, avons un faible pour les superlatifs : plus vaste pays d'Afrique, plus beau pays du monde, plus grandes réserves énergétiques du continent, une population scolaire de près de 12 millions d'individus, la plus grande mosquée d'Afrique, etc., est-ce cela qui fait de nous un pays arrimé aux grandes puissances émergentes ? L'Algérie avait un niveau de développement équivalent à celui de l'Espagne et de la Corée du Sud dans les années quatre-vingts. Où en est-on aujourd'hui, comparé à ces deux pays, pour ne pas parler des autres ? Tout l'argent investi dans le développement du pays depuis des lustres passés, se traduit-il réellement sur le terrain cahoteux de la réalité ? «Peut mieux faire» comme on dit à un collégien pour l'encourager à plus d'efforts. Selon la «théorie» du verre à moitié plein ou à moitié vide, les Algériens sont divisés sur le bilan du pays, 60 ans après le départ du dernier colon. Hier est derrière nous, l'aujourd'hui devant nous là en face, et demain reste comme inconnu, tant les défis protéiformes qui nous attendent sont gigantesques...Beaucoup de chantiers restent ouverts, pour un pays qui sera parmi les plus peuplés en Afrique dans moins d'une décennie. Le premier challenge repose sur les épaules des jeunes générations, appelées à prendre le relais pour mener le pays vers les rivages du salut. Celui qui est né le 5 juillet 1962 a aujourd'hui 60 ans, déjà ! C'est fou comment le temps peut être notre premier ennemi, parce que l'on n'a pas le temps...pour laisser le temps au temps...