Le ballet diplomatique en Afrique ne s'essouffle pas. Blinken et Macron sur les traces de Lavrov, la Chine observant avec attention cette intense activité diplomatique, les pays africains n'ont jamais été aussi courtisés par les puissances mondiales. Cet intérêt pour l'Afrique n'est pas nouveau, mais il va en grandissant depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine. Du 7 au 12 août, le chef de la diplomatie américaine est en déplacement en Afrique, en Afrique du Sud, en République démocratique du Congo et au Rwanda. Une troisième tournée en Afrique en moins d'une année, c'est du jamais vu dans les annales de la politique extérieure des Etats-Unis. Algérie, Maroc, Egypte, Kenya, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud, République démocratique du Congo et Rwanda, tant de pays africains où Blinken a marqué des haltes pour dire que les Etats-Unis sont là. Après avoir été longtemps absents sur le continent africain, particulièrement sous l'administration Trump, les Etats-Unis reviennent en force défendre leurs intérêts délaissés dans « un continent qui a d'énormes atouts économiques à faire valoir », selon l'expression du chef de la diplomatie américaine. Une course contre la montre pour couper ce qu'on peut de l'influence russe et chinoise sur le continent africain. Bien sûr, la Maison Blanche souhaiterait rallier les pays africains à ses thèses, notamment sur le plan de la guerre en Ukraine, mais ce n'est pas peine perdue si on arrive à nouer une coopération économique avec les pays africains même sans les convaincre de se liguer contre la Russie. En sus de l'intérêt géostratégique, le pétrole, le gaz et d'autres ressources naturelles dont regorge l'Afrique font saliver les puissances de ce monde. Est-ce la perte d'influence en Afrique des ex-puissances coloniales européennes, la France, la Belgique, l'Allemagne et le Royaume-Uni, qui incite plus à l'offensive US ou c'est l'Europe qui passe sous les rouleaux compresseurs américains, russes et chinois, dans un contexte mondialisé qui ne fait plus de cadeau ? Seule la France tente de garder une présence en Afrique. Dans ce cadre, le président français Macron n'est pas en reste, dans ce ballet diplomatique, effectuant une tournée au mois de juillet dernier en Afrique (Cameroun, Bénin et Guinée-Bissau). Reste à savoir si les pays africains sauraient saisir cette tendance et tirer profit du grand intérêt que leur porte les grandes puissances ? Les pays africains peuvent lier des relations de coopération aussi variées qu'elles se présentent et avec n'importe quelle puissance, sans obéir à d'autres considérations que leurs intérêts propres. La politique viendra certainement obscurcir les visées, mais le plus important c'est de n'avoir comme objectif que la coopération gagnant-gagnant, là où elle se manifeste. C'est une époque historique pour faire sortir l'Afrique de son sous-développement si ses dirigeants appliquent les mêmes principes que ceux adoptés par ces puissances mondiales, qui semblent se tourner vers l'Afrique non pas pour s'apitoyer sur ses nombreux problèmes, mais tout juste pour donner de l'essor à leurs économies durement impactées par la pandémie et la guerre en Ukraine.