En tournée dans la région Moyen-Orient Afrique du Nord, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, arrivera aujourd'hui à Alger. Cochant sur son agenda trois capitales, Tel-Aviv, Ramallah et Rabat, le chef de la diplomatie US abordera avec son homologue algérien, ainsi qu'avec le Président Tebboune les sujets portant sur «la sécurité et la stabilité régionales et la coopération commerciale», rapportait un communiqué du département d'Etat à l'annonce de la tournée de Blinken. Emboîtant le pas à Wendy Sherman, secrétaire d'Etat adjoint, en tournée dans la région et à Alger le 12 mars dernier, le chef de la diplomatie américaine devrait confirmer la relance des relations économiques entre les deux pays, d'autant qu'il a été précédé en Algérie par plusieurs délégations d'opérateurs économiques US, versés dans l'économie verte et l'agriculture. L'intérêt que porte les Etats-Unis à l'Algérie, tient de sa position stratégique dans un continent, appelé à devenir la prochaine zone de la croissance économique dans le monde. Se disputant l'Afrique avec la Russie, la Chine et la Turquie, les USA prennent conscience de l'importance de lier de solides relations économiques avec l'Algérie qui, de par son poids politique et financier dans le continent, est considérée par toutes les puissances mondiales et régionales comme un allié sûr. Washington qui a déjà apprécié la coopération avec l'Algérie, pour en avoir été l'un des principaux clients dans les hydrocarbures, se doit de regagner une place de choix dans l'échiquier économique national. Ceci explique l'annonce, au programme du séjour algérois de Blinken, d'une rencontre avec des représentants d'entreprises américaines opérant en Algérie. L'option économique n'est donc pas négligée dans cette visite, même si les aspects géopolitiques prendront la part du lion dans ce déplacement. Il sera certainement question de l'impact de la guerre en Ukraine sur les économies de la région. Mais pas seulement. La coopération sécuritaire dont la qualité est régulièrement saluée par le département d'Etat sera au centre des discussions, notamment la situation tendue au Sahel. Les questions malienne et libyenne, dont on sait la convergence de vues entre Alger et Washington occuperont les deux délégations. Mais certains observateurs n'écartent pas la possibilité que le patron de la diplomatie US aborde la brouille algéro-marocaine, notamment les conséquences de la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe sur l'économie marocaine. Mais cette question étant déjà tranchée par Alger, il y a de faible chance qu'elle puisse dominer la visite. Il reste que le diplomate américain mettra le point avec ses hôtes d'Alger comme des autres capitales sur l'impact économique du conflit en Ukraine. Il est de notoriété publique que la flambée des matières premières et le risque de pénurie de blé, affectera plus dramatiquement les populations du Moyen-Orient et du Maghreb. «Nous savons que cette calamité est vivement ressentie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où la plupart des pays importent au moins la moitié de leur blé», soulignait, il y a quelques jours, une responsable du département d'Etat, Yael Lempert. Lors de son escale marocaine, Antony Blinken a abordé avec son homologue la question du Sahara occidental. Priorité de la diplomatie marocaine, ce dossier a connu, du point de vue américain, beaucoup de péripéties ces dernières années. La reconnaissance par Donald Trump de la marocanité du Sahara occidental a laissé froid son successeur qui n'a pas confirmé le décret du président républicain. De plus, la décision de Trump d'édifier un consulat US dans la ville occupée de Dakhla a été battue en brèche par l'administration Biden qui a annulé la procédure et apporté un soutien financier à la République sahraouie. De même qu'il a pressé Rabat d'accepter la nomination de Stafan de Mistura comme envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental.