«Afrique pleine de mystères et de miracles», proclame un des slogans en trois langues (chinois, anglais et français), affiché un peu partout. Depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le sommet de Pékin est la plus importante conférence internationale organisée par la Chine», a affirmé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao. Parmi les chefs d'Etat et de gouvernement de plus de 40 pays d'Afrique figureront des personnages controversés, comme les présidents du Soudan et du Zimbabwe, Omar al-Bashir et Robert Mugabe, cibles des critiques des pays occidentaux pour leurs politiques de violations des droits de l'homme. «Nous devons considérer ce sommet de Pékin avec une perspective plus large et à plus long terme des relations sino-africaines», s'est défendu Liu Jianchao, soulignant que les bonnes relations entre le géant asiatique et l'Afrique bénéficient également à «la paix mondiale». Selon un représentant chinois du ministère du Commerce, il est prévu, lors de la conférence ministérielle qui se tient en marge de ce sommet, plus de 2500 accords commerciaux séparés seront discutés. Mais le véritable enjeu pour les Chinois est la question du pétrole. Ils prévoient de signer, indique-t-on, des accords liés aux ressources énergétiques. Les dirigeants des principales nations productrices de pétrole du continent, d'où la Chine a importé 38 millions de tonnes de brut en 2005, soit 30% de ses importations, seront présents. La quatrième économie de la planète se tourne de plus en plus vers l'Afrique productrice d'énergie pour alimenter sa croissance à deux chiffres. «Au lieu d'argent, ils peuvent nous apporter du pétrole. Notre coopération crée une situation de gagnant-gagnant», explique Zhang Yuqing, président du bureau de l'énergie de la Commission nationale pour la réforme et le développement. Certains analystes soulignent aussi que la Chine n'a finalement plus le choix de ses partenaires, les Occidentaux contrôlant les meilleurs champs mondiaux. «En tant que dernière venue dans le jeu pétrolier, la Chine n'a guère d'autre choix que de conclure des accords avec les Etats sous le feu des critiques», souligne Zhang Zhongxiang, spécialiste des questions d'énergie. M. Zhang estime d'ailleurs disproportionnées et biaisées les accusations selon lesquelles la Chine n'a qu'une stratégie d'«aide contre pétrole», sans doute dues à la peur qu'inspire la puissance grandissante du géant asiatique. «Beaucoup de gens en Occident sont mal à l'aise avec l'influence croissante de la Chine. Il va falloir qu'ils apprennent à s'y faire», souligne-t-il. «année africaine de la Chine» L'offensive chinoise en Afrique a poussé Pékin à décrire 2006 comme «l'année africaine» de la Chine. L'empire du Milieu fait tout aujourd'hui pour devenir le partenaire principal du continent, comme le prouve le lancement de ces forums, dont le deuxième (2003 à Addis-Abeba, Ethiopie), avait justement permis de mettre en place un plan d'action avec des objectifs fixés pour la période 2004-2006. A partir de cette date, le ballet diplomatique n'a pas cessé entre l'Afrique et la Chine, à l'exemple du périple du président chinois, Hu Jintao, en Afrique, qui s'est rendu dans notre pays, en Egypte et au Gabon, alors que d'autres pays faisaient l'objet de visites de hauts responsables chinois (Nigeria, Soudan, Angola, Tchad Libye). Pékin avait donné le ton dès janvier avec la publication d'un livre intitulé Politique de la Chine à l'égard de l'Afrique donnant les grandes lignes des échanges sino-africains pour annoncer les mesures à prendre dans ce sens et programmer, pour les années à venir, la coopération sino-africaine dans les divers domaines, en vue de faire progresser un développement régulier et durable des relations entre les deux parties et porter leur coopération mutuellement avantageuse à un nouveau palier. Depuis les années 1990, la Chine est devenue de plus en plus présente économiquement en Afrique, accordant des prêts à taux réduits, annulant plus de 10,5 milliards de yuans (environ 1,3 milliard USD) de dettes, mais remportant aussi d'énormes marchés de prospection pétrolière ou de construction, comme en Angola, au Gabon ou au Congo-Brazzaville. Avant le sommet, les autorités chinoises ont souligné leur engagement en faveur des économies africaines, indiquant notamment avoir exempté de droits de douanes les exportations de matières premières de 28 pays africains les moins développés et avoir annulé, ces dernières années, les dettes de 31 nations du continent pour un montant de 10,9 milliards de yuans (1,36 milliard de dollars).