Qualifiée de «première cause de la Nation arabe», la question palestinienne pourrait connaître des rebondissements politiques importants au regard de la réunion des 13 de ses factions, attendue courant ce mois à Alger. En déclarant, jeudi dernier, que le Sommet arabe d'Alger «constituera le plus grand événement politique international en faveur de la Cause palestinienne», l'Ambassadeur de Palestine à Alger s'attend, comme l'ensemble des Palestiniens à ce que cet événement régional sortira avec des décisions qualifiées, d'ores et déjà, «d'importantes». Bien qu'il s'inscrive dans un cadre ordinaire au titre de sa tenue tournante entre les Etats membres conformément aux règlements de la Ligue arabe, le Sommet arabe d'Alger se veut être «extraordinaire par le fait qu'il devra marquer la rupture avec ceux précédents», est-il soutenu. Cette 31ème session se tient à un moment où la division de leurs rangs n'a jamais atteint une si dangereuse ampleur. Ce que veut Alger, c'est, soutiennent des observateurs avertis, «marquer une nouvelle halte pour une réconciliation entre eux, un renforcement de leur action commune, son unification tout autant que leurs positions, entre eux et au niveau des organisations internationales parce que les défis nationaux et internationaux sont grands et complexes». C'est un monde arabe déchiré par des conflits armés par procuration, les fortes divergences entre ses dirigeants, les conséquences dramatiques de la guerre en Ukraine, sous l'emprise de l'expansion de l'entité sioniste par les effets d'une normalisation de ses relations avec un certain nombre d'Etats arabes au nom «des accords d'Abraham». «Cette réconciliation ne peut prendre forme que si les participants arrivent à s'entendre sur un SMIG précis qui n'est autre qu'un soutien unanime à la Cause palestinienne», pensent des analystes. De par son soutien indéfectible à la cause et à sa légitimité depuis de longues années, «l'Algérie devrait atteindre cet objectif, certes, non sans la difficulté de buter contre son appréciation ou son recadrage selon les intérêts de chaque Etat». Des concessions, Alger en a déjà fait pour que le Sommet atteigne ses objectifs premiers. Un ordre du jour fixé par l'Algérie et la Ligue arabe «L'Algérie n'a pas conditionné la tenue du Sommet par la présence de la Syrie, parce qu'elle sait que c'est une question qui nécessite un très large consensus arabe», estiment des sources sûres. Pour l'heure, il semble qu'Alger continue de «prendre en considération les demandes des uns et des autres dirigeants arabes pour ne pas poser les questions qui fâchent ou qui divisent davantage». D'ailleurs, au-delà des grandes thématiques, «l'ordre du jour n'a pas encore été définitivement scellé parce qu'il doit être élaboré et finalisé entre le pays hôte et le secrétariat de la Ligue arabe», apprend-on. Interviewé, hier, par un média audiovisuel palestinien, le président du Syndicat palestinien a rappelé que «c'est en Algérie, à Oran, lors du 3ème Congrès des syndicats arabes tenu à la mi-septembre dernier, que la Palestine a décroché la présidence de l'Union arabe des syndicats, fortement soutenu par l'UGTA, l'UGTT et autres syndicats arabes». Chaher Saad a souligné que «c'est une unanimité que la Palestine a obtenu en Algérie ( ), nous allons présenter au ongrès international des syndicats des travailleurs qui se tiendra le 17 novembre prochain, en Australie, un projet appelant à la création de l'Etat palestinien, la dénonciation d'Israël en tant qu'Etat fasciste et raciste, un projet que nous avons remis au SG de l'UGTA pour qu'il le remette au président algérien, l'Algérie a toujours soutenu la Palestine ( )». C'est dire qu'autorités, société civile et peuple palestiniens dans leur ensemble, attendent beaucoup de l'Algérie. En premier, de la réunion, les prochains jours, des 13 factions palestiniennes dont l'impérative réconciliation, faut-il le rappeler, n'a jamais encore été possible en raison d'interférences arabes suscitées par des forces extérieures. «L'Algérie veut aider les Palestiniens à se rassembler autour d'éléments fédérateurs concernant la cause», pensent des observateurs. Une cause pour laquelle Alger appelle à une réactivation de l'initiative de paix arabe de Beyrouth proposée en 2002 par le souverain saoudien de l'époque, Abdallah Ben Abdelaziz Al Saoud, qui recommande une résolution du conflit israélo-arabe sur la base de «la terre contre la paix» à savoir le retrait total d'Israël des territoires occupés aux frontières de 1967 et le retour des réfugiés palestiniens. A la recherche de consensus La réforme de la Ligue arabe va, elle aussi, être examinée par le Sommet à la demande notamment de l'Algérie qui en fait un point d'honneur. Alger sait que «la réforme n'est pas facile parce qu'il y a des Etats qui la rejettent du moins selon la vision algérienne en ce qui concerne le poste du SG qu'elle veut tournant et autre, une délocalisation de certaines de ses structures vers d'autres pays arabes, il faut un large consensus». La question énergétique au vu de la présence à Alger de certains grands producteurs de pétrole, la sécurité alimentaire menacée par les conséquences de la guerre en Ukraine, la sécurité de l'eau, la sécurité nationale et la stabilité du monde arabe, état des économies arabes et les possibilités de les fédérer par la complémentarité de certains secteurs, la crise au Yemen, en Irak, au Liban qui risque de se retrouver sans président, à partir du 31 octobre, date de la fin du mandat de Michel Aoun, au Soudan, en Libye..., devraient être abordés. Pour la Libye, Alger sait qu' «une position arabe commune est difficile à arracher, à cause des immenses écarts, mais les pays voisins ont un rôle important à faire valoir». La question sahraouie n'est pas, elle, inscrite dans l'agenda arabe algérois d'autant que la RASD n'est pas membre de la Ligue arabe. L'on note que l'Algérie a invité le monarque marocain dans le cadre de la Ligue arabe. «Rien de bilatéral ne sera mis sur la table, le Sommet est multilatéral, à moins d'un coup fourré, un autre parmi ceux distillés depuis des années par le Royaume, il est question que quel que soit le représentant du Maroc, il viendra à ce titre uniquement», estiment des observateurs. Plusieurs dirigeants et souverains arabes accueillent avec enthousiasme la tenue du Sommet arabe à Alger en affirmant «œuvrer grandement pour sa réussite».