Les Qataris vont travailler la terre dans la wilaya d'El Bayadh. L'on parle d'un grand bassin laitier, capable de satisfaire la demande nationale en lait mais aussi pour faire de l'exportation vers des pays arabes et africains. Véritable trésor grandeur nature, les wilayas des Hauts Plateaux, du Sud et du Grand Sud seront l'Algérie utile de demain. Pourtant, toute la partie méridionale du pays a toujours été le dernier de la classe dans la redistribution de la gigantesque rente, tirée des revenus des énergies fossiles enfouies sous son-sol. Pour parler la «langue froide» des statisticiens, beaucoup moins d'argent, comparé aux wilayas du Nord, a été consacré au développement des régions des Hauts Plateaux et du sud du pays. Un «plan Marshall» a été décidé en faveur de la wilaya de Tissemsilt. Un conseil de gouvernement est annoncé dans la capitale de l'Ouarsenis, dans les prochaines semaines. Les nombreux dysfonctionnements et autres errements dans la politique d'aménagement du territoire ont fait que des disparités criardes sont apparues entre les différentes régions du pays. Près de 50 millions d'Algériens sont entassés sur 10% au nord du plus grand pays d'Afrique. Si la tendance n'est pas inversée en fixant les populations dans les régions inhabitées du Sud, les besoins seront si pressants qu'il sera impossible pour les pouvoirs publics de gérer un pays déséquilibré dans la répartition spatiale de sa population. Au-delà de la logique froide, presque scélérate des chiffres, comment prendre confiance en l'avenir quand on connaît -juste pour l'exemple- que l'argent supposé dérobé aurait donné un grand coup de fouet au développement dans ces vastes régions du Sud. Seul un partage équitable de la richesse du pays, entre tous les Algériens, demeure l'un des moyens de projeter le pays vers des horizons salvateurs. Donner à vivre à Mohamed pour conjurer la volonté de mourir -dans la dignité- de Larbi n'est certainement pas le meilleur moyen de léguer un devenir - des plus angoissants - à nos enfants, ni contribuer à dissiper l'atmosphère anxiogène qui sape le moral de tout le pays. N'est-il pas vrai que l'Algérie, depuis le début du siècle naissant, a tellement gaspillé son temps - et son argent- à entretenir ses trottoirs que tout un peuple se retrouve sur le carreau ou plutôt dans la rue ?!