Pour mieux appuyer ses déclarations sur la croissance économique de l'Algérie, le président Tebboune est revenu, mercredi 5 avril, à travers un podcast diffusé par la chaîne qatarie «Al-Jazeera», dans le sillage d'un entretien accordé, en mars, à la même chaîne de télévision, sur les points forts du pays et les tendances qui se dégagent pour l'avenir. Dans ce podcast, dont les trois quarts de son intervention sont consacrés aux questions économiques, le Président Tebboune a affirmé que «tous les indicateurs économiques de l'Algérie sont au vert», en insistant sur le fait que le pays enregistrait «une croissance, un développement, des espoirs, et des horizons, comme en témoignent toutes les instances internationales». Faisant remarquer dans ce contexte que «la véritable force des peuples n'est pas la puissance militaire, mais plutôt la force économique», il a rappelé, dans ce cadre, que l'Algérie était la 3e ou 4e économie en Afrique et n'a pas de dette extérieure avec une croissance économique interne de 4,3%, ainsi qu'un revenu par habitant qui est supérieur de deux fois et demi à celui dans certains pays voisins. Et les signes de performances ne s'arrêtent pas là, car le pays dispose également d'une réserve de change de 64 milliards dollars, d'un excédent financier, des investissements sont lancés et de nombreux emplois créés, a-t-il ajouté, soulignant que les salaires en Algérie ont été revus à la hausse pour la troisième fois de suite avec un taux d'augmentation de 32% pour un taux d'inflation de 9%. Le président de la République n'a pas manqué de rappeler l'institution de l'allocation chômage qui profite à quelque deux millions de chômeurs. La dynamique économique du pays est marquée par une réduction des importations «sans priver les citoyens des besoins essentiels», d'une part, et une hausse record des exportations, d'autre part, a laissé entendre le Président Tebboune. L'autre fait marquant dans cette dynamique, ajoute-t-il, est que des secteurs à l'instar de l'agriculture contribuent efficacement désormais au Produit intérieur brut (PIB), l'Algérie ayant enregistré une production agricole de 34,5 milliards USD fin 2022 soit 17% du PIB, tandis que la contribution prévisionnelle du secteur industriel au PIB devrait augmenter à au moins 10% d'ici 2024-2025. Evoquant le secteur des hydrocarbures, Abdelmadjid Tebboune a mis en avant la disposition de l'Algérie à augmenter ses capacités de production, affirmant que l'augmentation des exportations de gaz ne se fera pas au détriment du confort des ménages algériens, qu'il s'agisse d'approvisionnement en gaz, ou d'alimentation en eau et en électricité. Soulignant que «la consommation interne du gaz est colossale», il a rappelé que le taux de raccordement des ménages au gaz avait atteint 72% à l'échelle nationale. Par ailleurs, le Président Tebboune a affirmé que la contribution du secteur privé était parmi les points forts de l'économie algérienne, notamment avec la concrétisation du guichet unique pour l'investissement et l'éradication de la bureaucratie. «85% du capital algérien est privé, et l'ère de la gestion administrative de l'économie est révolue», a-t-il soutenu, citant à titre d'exemple, les prévisions du Conseil du renouveau économique algérien (CREA) selon lesquelles «l'investissement privé dépassera 30 milliards USD fin 2027". Etayant ses déclarations, il a ajouté dans ce sens que plus de 1.300 investisseurs attendent l'obtention d'une autorisation pour entamer le travail, ce qui contribuera à la création de 55.000 postes d'emploi en 18 mois seulement, a-t-il ajouté. Rappelant que l'Algérie est un Etat social par excellence, il a estimé qu'»aucun pays ne soutient les prix comme le fait l'Algérie». L'Algérie pays observateur aux BRICS l'été prochain Sur le plan de la consolidation de présence de l'Algérie en Afrique, le Président Tebboune a évoqué quatre «véritables» projets africains d'intégration, à savoir, le projet de liaison de fibre optique avec le Niger et le Nigéria, le gazoduc Nigéria-Europe en passant par le Niger et l'Algérie, la prospection du gaz au Niger, ainsi que la ligne ferroviaire qui reliera Alger à Bamako et à Niamey. Concernant l'approvisionnement de l'Europe en gaz, le Président Tebboune a une fois de plus affirmé que l'Algérie demeure un fournisseur fiable, relevant que le gaz algérien était moins cher par rapport au gaz liquéfié importé en Europe. Quant à l'adhésion de l'Algérie aux «BRICS», le Président Tebboune a affirmé qu'il s'agit d'une démarche qui permettra de renforcer l'économie nationale. «Même politiquement, en tant que pays du mouvement des non-alignés, nous sommes proches de ce pôle», a-t-il dit. «La Chine, la Russie, l'Afrique du Sud et le Brésil sont favorables à la demande d'adhésion, et l'Inde ne s'y est pas opposée», a indiqué le Président Tebboune. L'Algérie devrait adhérer lors de la prochaine réunion périodique du groupe prévue l'été prochain en tant que «pays observateur dans un premier temps. Avec l'amélioration des indicateurs, nous deviendrons un membre à part entière au sein des BRICS», a-t-il fait savoir. Interrogé à propos du processus de récupération des fonds pillés, le Président Tebboune a expliqué que ce processus avait été engagé d'abord en interne, relevant que «nous avons pu récupérer jusqu'à présent, sur des décisions de justice, près de 22 à 23 milliards de dollars», alors que pour les fonds détournés vers l'étranger, «l'opération se poursuivait», a-t-il soutenu, citant l'exemple de l'Espagne qui a «accepté de restituer 3 hôtels cinq étoiles au Trésor algérien». Sur des questions régionales et sur le dossier malien, le Président Tebboune a affirmé que l'Algérie œuvrait à instaurer la sécurité au Mali. «Personne ne nous empêchera d'aider nos frères maliens et nous n'accepterons aucune scission entre le nord et le sud du Mali», a-t-il souligné. Précisant dans ce contexte que «l'approche de l'Algérie et de la France concernant le Mali n'est pas la même et j'en avais informé le président français... la France voit que la solution est militaire, alors que nous la considérons économique et sociale», a-t-il dit. Quant au dossier libyen, le président de la République a rappelé que l'Algérie respectait la décision souveraine libyenne, soulignant que «le changement des gouvernements n'est pas une solution mais un baume temporaire». Et que «la solution souveraine réside dans les élections», a affirmé le chef de l'Etat. Pour ce qui est de la Tunisie, le Président Tebboune a affirmé que l'Algérie n'abandonnera jamais la Tunisie et le peuple tunisien, et elle ne tolérera pas «l'effondrement de l'Etat tunisien», en répondant indirectement à certaines parties qui ont annoncé l'effondrement économique de la Tunisie si elle ne signe pas un accord avec le FMI. Le Président Tebboune «souhaite que le peuple tunisien préserve son pays», tout en relevant que les tiraillements politiques en Tunisie sont une affaire interne et font partie du processus démocratique. Concernant le Sahara occidental, le Président Tebboune a rappelé que la question est entre les mains des Nations Unies. «Le premier et le dernier mot revient au peuple sahraoui, seul à disposer de son sort», a-t-il soutenu. Tout en affirmant à propos de la Palestine que «la stabilité du Moyen-Orient, voire du monde, s'appuie sur l'établissement d'un véritable Etat palestinien».