L'idée de préserver le patrimoine génétique national (animal et végétal), connu pour son adaptation permanente aux changements climatiques et sa résistance aux maladies, pour assurer la durabilité du système agricole et de la sécurité alimentaire, commence à germer dans le milieu agricole et pratiquement dans toutes les filières du secteur. Outre la création des banques des semences et des gènes, l'institut technique de l'arboriculture fruitière et de la vigne (ITAF) a mis en place un projet pour la création d'un centre national de conservation et de multiplication des ressources génétiques arboricoles et viticoles, au niveau de la ferme de démonstration et de production de semences de Beni Tamou. Répondant ainsi aux recommandations formulées par des experts du domaine qui ont appelé à protéger le patrimoine génétique national. D'ailleurs, les perspectives de protection, de développement et de valorisation des ressources génétiques sont aujourd'hui inscrites officiellement au niveau national dans les stratégies et les politiques de différents secteurs (agriculture, environnement, recherche, collectivités locales...) Ce projet doit ainsi permettre une prise en charge réelle de ce patrimoine dans toute sa richesse et dans toute sa diversité par son identification, sa caractérisation, sa conservation, sa récupération et son utilisation. C'est ce qu'a été relevé dans la toute nouvelle édition du premier catalogue des variétés algériennes d'oliviers, financé par l'Union Européenne, et qui a été présenté mercredi dernier lors de l'inauguration officielle du laboratoire d'analyses oléicole à Béjaïa. Un projet qui a été réalisé dans le cadre du Programme d'appui au secteur de l'agriculture en Algérie (PASA), financé par l'Union européenne en partenariat avec le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Les concepteurs de ce catalogue ont à travers ce document scientifique signalé le fait que beaucoup de cultivars locaux et des populations des terroirs ont fortement régressé, particulièrement depuis 1970. Et ce avec l'introduction massive de matériel végétal dit à haut potentiel génétique, conjugué à différentes pressions et menaces aussi bien biotiques qu'abiotiques. L'Algérie dispose d'une grande diversité génétique, présentant ainsi un acquis et un atout pour la sécurité alimentaire et la souveraineté nationale, devant les chamboulements climatiques, l'exposition démographique et les menaces géopolitiques. Les spécialistes du domaine et ses différents acteurs n'ont pas manqué de tirer la sonnette d'alarme, pour agir vite afin de préserver et de protéger cette variété génétique propre à l'Algérie des agressions biotiques et abiotiques, du risque d'érosion génétique et de la dégradation des écosystèmes avérés. Actuellement, précise-t-on, les travaux de sélection qui ont été entrepris à l'ITAF depuis quelques années, se poursuivent avec des collaborations internationales notamment avec le conseil oléicole international (COI) et l'UE, récemment dans le cadre du PASA/Pôle Soummam. Les travaux entrepris jusqu'à présent sont basés sur l'utilisation des outils usuels de caractérisation morphologique, identifiés selon les caractères morphologiques, description de l'arbre, des feuilles, des fleurs, des olives et des noyaux. Mais cette méthode reste insuffisante pour une caractérisation précise, d'où la nécessité d'utilisation du nouvel outil moléculaire. Justement, pour arriver à identifier avec précision ces variétés génétiques algériennes, l'ITAF a jugé utile, voire nécessaire de cataloguer les variétés algériennes d'oliviers ainsi que leur caractérisation moléculaire avec leur partenaire du Centre de Recherche en Biotechnologie (CRBT) de Constantine, et ce dans le cadre du PASA Pole Soummam. Le directeur général de l'ITAF, Rabiha Khaled a précisé que le ministère de l'agriculture et du développement rural a initié ces dernières années une nouvelle approche dans le cadre du programme de renouveau de l'économie agricole et rurale. Cette dernière est basée sur l'intensification de l'oliveraie existante et l'accroissement des superficies avec la poursuite des soutiens existants. Mis à part, souligne-t-il, le greffage et la taille qui sont pris en charge dans le cadre des PPDRI au même titre que la réhabilitation d'huileries traditionnelles, les wilayas ont la possibilité de mettre en œuvre des projets à initiatives locales (PIL) ou des projets individuels pour un meilleur développement de la filière et une meilleure rentabilité. M. Rabiha a affirmé, dans ce sens, que «le résultat aujourd'hui se traduit par un triplement des plantations d'oliviers durant les vingt dernières années... la filière n'est pas loin d'intégrer le marché mondial». L'objectif principal à court terme est l'exportation de 5.000 tonnes d'huile d'olive et 20.000 tonnes d'olives de table qui vont être renforcées par le label de l'olive de Sig (Mascara) en cours de reconnaissance. Le directeur de l'ITAF a énuméré les actions engagées par les pouvoirs publics depuis les années 2000 qui se poursuivent jusqu'à aujourd'hui, pour arriver à accroître notre superficie à un million d'hectares. Ce qui permettra à l'Algérie de se positionner parmi les 5 premiers producteurs mondiaux de l'huile d'olive d'ici 2035. Elle pourrait également gagner une place en termes d'olives de table pour se classer 3ème producteur à l'échelle internationale après l'Union européenne et l'Egypte.