Tout le monde est sorti de sa léthargie. Comme une horloge réglée, les mouvements de protestations ont touché pratiquement tous les secteurs d'activités depuis le début de la nouvelle année. Deux, trois, quatre, cinq mois durant, les grèves se sont multipliées, des enseignants, aux gardes communaux, en passant par les militaires radiés, les familles victimes du terrorisme, les communaux, les retraités, les aveugles, les invalides, les internés etc... Bref, tous, se sont réveillés un jour pour constater que leurs revendications étaient bien écrites quelque part, mais qu'elles n'attendaient que l'opportunité pour les brandir haut et fort et crier à l'injustice sociale. Mais ce qui est étonnant et en même temps aberrant, c'est quand il s'agit de faire l'amalgame entre les revendications à caractère social et les revendications qui n'ont rien avoir avec le vécu social. En voyant les gardes communaux réclamer une augmentation de salaire, ou les praticiens revendiquer un statut ou une revalorisation de leur rémunération, personne n'en disconvient dans la mesure où il s'agît de revendications légitimes. Mais voir certains brandir des banderoles au nom de je ne sais quelle association revendiquant un statut et des privilèges notamment pécuniaires, c'est vraiment ahurissant. Que se serait-il passé en Union Soviétique en 1945, si les familles des vingt millions de Russes tués lors de la seconde guerre mondiale pour défaire l'Allemagne Nazie, venaient à exiger de leur gouvernement des pensions et des privilèges ? Soyons sérieux. Préserver ses acquis sociaux, c'est légitime, revendiquer son droit au logement et au travail c'est encore légitime, mais demander un statut et des privilèges en plus des pensions versées par l'Etat, c'est tout simplement de l'absurdité. L'Etat est certes le garant de tous les droits des algériens, il est le protecteur des constantes nationales et de nos valeurs berbéro-arabo-islamiques, mais cela ne veut pas dire pour autant que c'est un Etat de vaches laitières, où c'est permis à tout le monde de venir traire comme bon lui semble. Il faut que l'Algérien comprenne une chose : la richesse n'est pas dans le fait que le pays soit riche ou non, qu'il possède du pétrole ou du gaz, ou ces 160 milliards de dollars de réserves de change, mais la véritable richesse demeure quelles que soient les circonstances dans le temps ou dans l'espace, le travail. Un peuple qui ne travaille pas, qui ne produit pas, ne pourra jamais survivre. L'homme reste le véritable capital de toute nation qui se respecte. Avant de revendiquer, il faut produire. Vivre seulement des richesses naturelles, cela veut dire que nous sommes un peuple assisté, composé de bras cassés. Quand on a faim, on casse. Honte à nous, si nous n'arrivons pas à produire au moins ce que nous consommons. On aurait souhaité que ce réveil spontané soit associé au développement et non pas enchevêtré dans des revendications qui frisent parfois le ridicule.