Deux militaires ont été assassinés le 18 mai à Rouhia, dans le sud du pays, par un groupe armé. Deux des assaillants ont aussi été abattus. Ils seraient Tunisiens et sont fortement suspectés d'appartenir à Al-Qaida au Maghreb islamique. Les événements enregistrés ces derniers jours sur les frontières de notre pays avec la Libye sont préoccupants et dangereux. Ils annoncent que la Tunisie, comme les autres pays de la région, est une cible potentielle d'Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Les forces de sécurité nationale – la police, la garde nationale et, surtout, l'armée qui avait pourtant semblé, la dernière période, s'enivrer de sa sortie dans les villes et se prendre au jeu de la politique – ont répondu présents à l'appel et étaient d'une vigilance exemplaire à la frontière tuniso-libyenne. Par contre, les partis politiques de tous bords, dont le nombre n'a cessé de gonfler, ont brillé encore une fois par leur mutisme comme si rien ne les concernait dans ce pays sinon leurs petits intérêts et leurs magouilles. Depuis une semaine, les services de la douane tunisienne ont intercepté des armes et des munitions en provenance de Libye, à Dhehiba. C'était le signal que nos frontières n'étaient plus aussi hermétiques et qu'il fallait redoubler de vigilance. Quelques jours plus tard, un homme s'est même permis de brandir son arme, un pistolet mitrailleur, dans un café de Gafsa. Entre-temps, des fusils, des munitions, des bombes, des détonateurs et de la dynamite ont été découverts ici et là dans les régions frontalières du Sud. Mais l'interception la plus importante a été, le 15 mai [à Nekrif, dans la région de Tataouine, dans le sud-est tunisien], celle de deux individus en possession d'une ceinture explosive, d'une bombe et de munitions. L'un d'eux est d'origine libyenne et l'autre de nationalité algérienne. Tous deux ont avoué appartenir au mouvement Aqmi et ont signalé aux enquêteurs l'existence d'autres complices planqués dans une maison de Tataouine [ville du sud-est]. Derrière toutes ces interpellations, il y a bien entendu beaucoup d'efforts et un gros travail de surveillance et de contre-espionnage. Dans l'état actuel de désorganisation des services de la police et de la garde nationale, désorganisation somme toute compréhensive et attendue, on peut parier que les services de la sécurité militaire étaient la pièce maîtresse du dispositif sécuritaire mis en place dans le sud du pays, ce qui a permis ces interpellations. L'armée nationale a été en effet épargnée par les développements tumultueux qui ont frappé les structures du ministère de l'Intérieur et a gardé son dispositif intact. C'est pourquoi elle a réussi sans peine à gagner l'estime des Tunisiens, si ce n'était son intervention pour bloquer des sites hostiles à l'armée. Toutefois, les dernières interpellations dans les régions frontalières du Sud ont montré que l'armée est bien présente là où elle doit l'être. Par contre, on attend toujours que nos partis politiques daignent s'intéresser à quelque chose d'autre que leurs petits calculs politiciens. Aucun parti n'a en effet publié ne serait-ce qu'un seul communiqué sur la situation sécuritaire dans le Sud et les risques d'implantation du terrorisme international sur le sol tunisien. Aucun parti politique n'a à ce jour appelé à une manifestation contre le terrorisme. La sécurité du pays est-elle l'affaire de l'Etat ou est-elle une affaire nationale qui implique tous les Tunisiens ?