Dans le but de dénoncer et démasquer les crimes contre l'humanité commis au nom d'une pseudo-civilisation, dans les faits barbares et destructifs, l'association « IQRAA » du centre culturel d'Achaacha a organisé, avant-hier, un colloque de deux jours portant sur « les Enfumades des Ouled Riah » sous le thème « les Enfumades : le crime de la civilisation ». Il y a 166 ans de cela, en juin 1845, nos ancêtres connurent un massacre, un summum de l'horreur car l'agonie fut atroce. Essayons d'imaginer que plus d'un millier de personnes ; hommes, femmes, enfants, vieillards avec leurs troupeaux ; gazés par les fumées et le feu de bois qui fermenr la sortie d'une grotte les condamnant à une mort atroce. A cette époque, il n'y avait pas de tribunaux de Nuremberg pour juger les assassins, à l'instar de la shoah (holocauste des juifs), laissant ainsi les pleurs et l'agonie des enfants des grottes des Frachih sans justice, un demi-siècle avant la déclaration des droits de l'homme, dans le pays qui se vante toujours être le sanctuaire des droits de l'homme (blanc). En effet, la salle des conférences de la bibliothèque municipale a été au rendez-vous avec une grappe de valeureux historiens et chercheurs venus de différentes universités algériennes. Il est important de signaler la forte présence d'étudiants, d'universitaires, des autorités locales, de la presse écrite ainsi que la radio de Mostaganem et une équipe de la télévision algérienne. Dès l'entame des travaux, sous la houlette du Dr. Lakhdar Lassal, professeur à l'université Abdelhamid Ibn Badis de Mostaganem, les conférenciers ont exposés tour à tour, dans une ambiance de sérénité marquée par une parfaite organisation, leurs interventions respectives. Juste après l'hymne national, les présents ont suivi attentivement une projection vidéo portant sur les Enfumades de « Ghar el Frachih », réalisée et commentée par le Dr. Lakhdar Lassal. Le premier qui a eu l'honneur d'ouvrir le bal est le Dr Boubaya Abdelkader, directeur du laboratoire de recherche en Histoire à l'université d'Oran, à travers une conférence portant sur les crimes commis par la France durant son occupation de l'Algérie. « Contemplations aux Enfumades et l'extermination des Ouled Riah » présenté par le Dr Boucif Mikhaled de l'université d'Oran, « les Enfumades des Ouled Riah » de Mme Talia Saadou , professeur à l'université de Tiaret, « la valeur historique des évocatoires de l'évènement des Enfumades » du Dr Berramdhène Farid de l'université de Mostaganem, et enfin « les Enfumades des Frachih , le crime prémédité » de Abdelkader Djillali de l'université de Sidi Bel Abbès , étaient les thèmes des conférences de la première manche de la première journée. Après une courte pause, le Dr Abdelkader Boubaya a pris le relais pour diriger les travaux. Rigoureux et intransigeant, il était hors de question d'outrepasser le temps réservé à chaque intervenant. A travers son intervention, le Dr Khain Mohamed de l'université de Chlef a discerné l'étroite liaison entre mémoire et histoire. S'en suit le Dr Ben Attou, professeur à l'université d'Oran, pour étaler, sans se perdre dans les détails, les différentes méthodes de tortures utilisées par l'occupant. Le Dr Abdelkader khalifi de l'université d'Oran a brièvement exposé « les Enfumades des Ouled Riah » à travers les écrits des témoins et historiens français. Le célèbre et dynamique romancier, M. Meflah Mohamed de Relizane, regrette l'absence des Enfumades à travers le patrimoine littéraire populaire, il déclare avoir fait d'intenses recherches dans le domaine de la poésie populaire, les romans, et les récits orales mais il n'a rien trouvé. La cause : la mémoire n'a, malheureusement, pas été sauvegardé à travers des écrits et des documentaires. Les personnes disparaissaient et la mémoire avec. Le Dr Boughafala Ouaden de l'université de Mascara a mis en exergue l'étroite relation entre les Enfumades et la résistance des algériens à l'occupation. Mlle Habache Fatima de l'université de Tiaret a majestueusement évoqué la résistance des tribus du Dahra à l'image des Ouled Riah, Ouled Younès, les Sbiahs,… à l'occupation française. Au terme des conférences programmées, le débat a été ouvert au public présent où des interrogations et des suggestions pertinentes ont été posées. L'éminent chercheur mostaganémois, M. Bourahla Abdelkader, a attiré l'attention sur la nécessité d'étudier notre histoire contemporaine par des yeux d'Algériens. L'intervention de M. Belhachemi Mohamed, natif de Hadjadj et membre actif du mouvement associatif dans l'hexagone, a lancé un appel pour qu'un travail d'évocation de la mémoire algérienne soit fait et exclusivement destiné à notre émigration, constamment influencée et harcelée par les thèses glorifiant les bienfaits du colonialisme. Après un déjeuner offert à tous les présents et une pause-café sous la fraicheur des arbres centenaires du jardin public, tout le monde a eu droit à une visite guidée vers « les grottes des Frachih » sises au niveau de la commune de Nekmaria, à 15 kilomètres du chef lieu de la daïra Achaacha. Le deuxième jour, dimanche 19 juin, a été essentiellement réservé à la projection de différents documentaires qui ont trait aux Enfumades du Dahra.