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Le Maghreb face à la crise financière mondiale : une seule solution, la bonne gouvernance et l'intégration au sein de l'espace euro méditerranéen
Publié dans Réflexion le 16 - 05 - 2009


Par : Docteur Abderrahmane MEBTOUL*
Cette présente analyse à l'occasion de la réunion des entrepreneurs maghrébins à Alger reproduit ma communication légèrement réactualisée lors de la rencontre des jeunes entrepreneurs euro-maghrébins qui s'est tenu à Burgos en Espagne du 08/10 octobre 2008. Bien que le Maghreb est à la traîne en matière de commerce interrégional, représentant moins de 3% des échanges des cinq pays le composant, effectuant globalement près de 80% de leurs échanges avec l'UE , loin des ambitions affichées, minée par des problèmes politiques qui paralysent son intégration, je suis convaincu depuis de longues années que la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident par le dialogue des cultures (le judaïsme , le Christianisme et l'Islam étant des religions de tolérance), la construction de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle et de l'économie de marché concurrentielle , permettront l'intensification des relations inter magrébines et plus globalement euro- méditerranéennes et américano-arabe. C'est que l'intégration économique vitale de l'UMA, à laquelle je suis profondément attachée au sein de l'espace euro- méditerranéen, tout en n'oubliant pas le continent Afrique, peut être un exemple de ce partenariat global devenant l'axe privilégié du rééquilibrage du Sud permettant par des actions concrètes de promouvoir la synergie de systèmes privés, politiques et administratifs, afin d'intensifier une coopération pour un développement durable ente le Nord et le Sud. Et ce afin de faire du bassin méditerranéen un lac de paix où seront bannis l'extrémisme, le terrorisme et la haine, passant par une paix durable au Moyen Orient, berceau des civilisations, les populations juives et arabes ayant une histoire millénaire de cohabitation pacifique.
Aussi ma contribution s'inscrit dans ce cadre et a pour objet d'analyser la nécessaire intégration maghrébine face à la crise économique structurelle donc relever les défis de la mondialisation,(qui permettrait d'augmenter le produit intérieur brut maghrébin à court terme de plus de 2% par an et de plus de 34% en 10 ans ) et la coopération entre l'Europe et le Maghreb notre destin étant commun , au moment de la consolidation des grands espaces économiques face au poids grandissant de l'APEC et de la NAFTA, de l'entrée des pays émergents dans le commerce mondial comme la Chine, l'Inde, la Russie et le Brésil qui risquent de bouleverser la carte géostratégique du monde. Pour ma part, sous réserve de dépasser la vision égoïste du Nord et d'une gouvernance rénovée au Sud, je vois en les pays de la rive sud de la Méditerranée et notamment de l'Afrique du Nord, comme les prochains pays émergents. Car, entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s'autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour le Maghreb ? Interpellé et sollicité, le Maghreb s'interroge légitimement sur le rôle, la place ou l'intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu'il s'agisse du dialogue méditerranéen de l'Otan ou du partenariat euro- méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire. L'adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, le Maghreb devant faire que celui que commandent la raison et ses intérêts.
I- Accords d'Association, Union pour la Méditerranée, une valeur ajoutée pour la consolidation des relations Europe Maghreb
1.1- Objectifs socio-économiques
Les objectifs de coopération de l'UE avec le Maghreb sont ancrés dans le processus de Barcelone et récemment lors de la rencontre à Paris dans les résolutions de l'Union pour la Méditerrané (juillet 2008) qui reflètent l'importance économique, politique et stratégique de la région méditerranéenne pour l'UE qui met l'accent sur l'urgence de l'intégration maghrébine. Les objectifs principaux sont : la création d'une zone de paix et de stabilité basée sur des principes fondamentaux, incluant le respect des droits de l'homme et la démocratie ; la création d'une zone de prospérité par le biais d'un développement économique et social durale et plus particulièrement l'établissement progressif du libre-échange entre l'UE et ses partenaires méditerranéens, et parmi les partenaires eux-mêmes, en vue de la création d'une zone euro méditerranéenne de libre-échange étendue horizon 2010/2015 , l'amélioration de la compréhension mutuelle entre les peuples de la région et le développement d'une société civile active. Prenant en considération les domaines prioritaires identifiés par la politique de développement communautaire, les principales résolutions relèvent, pour l'essentiel, de sept objectifs : Premièrement, la réforme de la justice et de l'administration publique au niveau des pays du Maghreb qui souffrent d'une bureaucratisation croissante entraînant un divorce Etat/citoyens. Elle comprend : l'adaptation et l'harmonisation de la législation, le renforcement de l'indépendance de la justice , la spécialisation des magistrats, en particulier dans les domaines économiques, la décentralisation de la gestion des juridictions et la réhabilitation du système pénitentiaire. La réforme de l'administration publique et le renforcement des collectivités locales visent, quant à eux, de rendre l'administration plus efficace et de la réhabiliter aux yeux des citoyens. Deuxièmement le renforcement du co-développement économique entre les partenaires économiques des deux rives de la méditerranée. Cela concerne notamment la PMI/PME vital pour les pays du Maghreb qui accusent un fort taux de chômage,tenant compte des nouvelles mutations mondiales, devant reposer dans l'organisation en réseaux sur les nouvelles technologies en allégeant le cadre réglementaire , institutionnel et le financement et en dynamisant la privatisation. Cela implique la réforme du secteur financier , en encourageant le secteur privé par l'ouverture sélective du capital des banques publiques, qui doit viser l'assainissement des banques surtout avec les turbulences financières récentes , leur mise à niveau technique, la modernisation du système des paiements et l'amélioration de la supervision. Une plus grande attention doit être accordée aux micros crédits, le Maroc ayant une bonne expérience dans ce domaine. Lié aux problèmes financiers, le volet modernisation des finances publiques devrait permettre de combattre la fraude et d'augmenter le rendement de la fiscalité ordinaire, l'administration fiscale devant être dotée d'un statut spécial, réorganisée et modernisée. Troisièmement ces Accords prévoient la libéralisation des infrastructures, largement déficitaires au Maghreb, l'amendement des règles législatives afin de permettre aux entreprises privées d'accéder au secteur de l'énergie et des mines, y compris des hydrocarbures, de l'électricité et des télécommunications,le processus étant déjà en marche au niveau des pays du Maghreb Dans le secteur des transports la stratégie devrait combiner des investissements de réhabilitation / extension avec l'ouverture à la participation privée (notamment des activités commerciales portuaires et aéroportuaires, mise en concession progressive de la gestion des ports.)Quatrièmement, l'objectif de la coopération UE/Maghreb pour l'agriculture/environnement est d'accroître le faible rendement des exploitations et de réduire la forte dépendance du Maghreb vis à vis des importations. Les programmes identifiées doivent viser la clarification du statut foncier par un dispositif juridique adapté pour sécuriser les exploitants, l'extension de la superficie agricole , la reconversion des cultures, l'intensification des productions, la gestion durable des ressources naturelles et le développement de la pêche . Pour l'eau (l'or bleu) et l'environnement, (enjeux du XXIème siècle), il s'agit d'améliorer le service et réduire les gaspillages d'eau par un effort de mobilisation de ressources, y compris l'assainissement, et de remise à niveau des opérateurs du secteur avec la participation du privée à la gestion envisagée. La politique environnementale devrait mettre en avant une gestion économe des ressources en eau, en sol et en énergie, notamment à travers la tarification des ressources et des incitations fiscales. Cinquièmement, le développement humain impliquant l'amélioration du rendement du système et de la qualité de l'enseignement, la réduction des disparités en matière de scolarisation, le rapprochement de la formation professionnelle du monde du travail et la modernisation des statuts des établissements de formation. Sixièmement , liés à tous els aspects précédents la nécessaire cohésion sociale et la lutte contre les disparités et la pauvreté , l'emploi étant consacré comme un paramètre privilégié d'insertion sociale. Le fonctionnement du marché de l'emploi devra être amélioré, notamment par des agences de placement et le renforcement des contrats pré- emploi ; la réforme de la sécurité sociale, en particulier celle de la santé et du système des retraites ; la capacité de réponse des systèmes, la réhabilitation des équilibres financiers et l'amélioration de la gestion sont au centre des mesures des réformes. Les indices du développement humain (IRH) élaborés par le PNUD entre 2005/2007 qui incluent les volets éducation et santé beaucoup plus fiable que le PNB par habitant concept trop global et vague, montrent l'important chemin à faire pour l'ensemble des pays du Maghreb. Comme doit être accordé une importance capitale à la promotion de la femme, signe évident de la vitalité de toute société dans la participation à la gestion de la Cité. Enfin septièmement, la dépendance extérieure en énergie de l'Europe étant actuellement de 5O%, et l'on prévoit plus de 7O% horizon 2O2O, les sources d'importation étant principalement pour le gaz, la Russie, la Norvège et l'Algérie. Pour les pays bien dotés en hydrocarbures au Maghreb, comme l'Algérie et la Libye, la coopération énergétique tient une place importante dans les objectifs de coopération entre les deux parties et l'Union Européenne. Il est clairement indiqué la nécessité pour ce secteur : de la mise à niveau institutionnelle, législative et réglementaire pour assurer la régulation des activités et de la promotion investissements et de la mise à niveau technique et technologique afin de faire face à concurrence et du développement du partenariat entre l'entreprise algérienne et européenne dans tous les segments d'activité. A ce titre, les domaines prioritaires dans le secteur pétrolier de la coopération seront les suivantes : l'adaptation du cadre institutionnel, législatif et réglementaire ; le soutien aux efforts de restructuration des entreprises publiques du secteur ; le développement du partenariat en matière d'exploration, production et transformation des hydrocarbures., de distribution des produits pétroliers, de développement du transit de gaz et de pétrole,de soutien , la promotion de l'investissement privé et enfin l'environnement, le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique.
1.2- Défis fondamentaux : une meilleure gouvernance pour le Maghreb
Aussi les défis socio- économiques pour attirer l'investissement utile et favoriser la mise en œuvre d'affaires tournent-ils autour de deux axes directeurs : d'une part améliorer la gouvernance, d'autre part, accélérer les réformes micro- économiques et institutionnelles, certes difficiles, car déplaçant des segments de pouvoir, les gagnants d'aujourd'hui pouvant ne pas être ceux de demain. C'est que la moralisation de la gestion de la Cité par une lutte effective contre la corruption obstacles majeurs aux investissements utiles s'avère urgente En effet, si la sécurité constitue la condition sine qua non du développement, d'où l'importance pour les pays du Maghreb d'une coopération dans ce domaine, la démocratisation de la vie politique et la restauration de la crédibilité des institutions de l'Etat ne représente pas moins une condition tout aussi fondamentale. La bonne gouvernance concerne l'ensemble des outils et des méthodes de gestion des affaires de la Cité et embrasse la totalité des actions politiques - celles des hommes comme celles des institutions qu'ils dirigent - qui ont pour vocation de servir la collectivité. La corruption dans les administrations et le système judiciaire semble constituer une entrave aux affaires au Maghreb. Ce phénomène est lié au détournement de deniers publics, du trafic d'influence dans les marchés publics. Car, ce n'est donc pas une question seulement de textes de lois si louables soient-ils mais des pratiques sociales quotidiennes qui les contredisent. La mise en place de mécanismes transparents dans la gestion des affaires, l'implication de l'ensemble des segments pour une société plus participative et citoyenne base d'une une bonne gouvernance sont les conditions fondamentales pour d'éviter que la puissance publique soit utilisée à des fins d'enrichissement privé. IL s'ensuit pour les pays du Maghreb de favoriser plus de liberté et de Démocratie, condition sine qua non de l'insertion harmonieuse au sien de la société internationale. IL faut favoriser l'indépendance du système judiciaire par rapport à l'Exécutif, cet aspect étant lié à la perception générale du niveau de démocratie. En fait il s'agit d'asseoir dans une première phase au niveau des pays du Maghreb, un Etat de droit (respect des règles) qui dans une première phase peut ne pas recouper la démocratie comme le montre les expériences historiques tant des sociétés occidentales que de certains pays émergents en Asie (Corée du Sud) et d'Amérique Latine, la démocratie étant la finalité suprême.
Concernant le deuxième aspect, les pays du Maghreb dans leur ensemble ont globalement réussi leur stabilisation macro-économique. Pourtant, ils doivent continuer leur effort pour un taux d'inflation inférieur à 3% passant par la maîtrise des dépenses publiques. La réussite de ce processus constitue un objectif des gouvernements du Maghreb aussi bien que de l'UE dans le cadre du partenariat euro -méditerranéen et le développement des échanges avec les voisins sud -méditerranéens. L'intégration maghrébine est vitale afin d'augmenter la taille des marchés et garantirait les économies d'échelles requises pour l'amortissement de l'investissement. Sur le plan de la garantie des droit de propriété , c'est plus la mise en application des textes de lois édictés qui est mise en cause, que la qualité même de ces lois. Il s'agira de le ver plusieurs faiblesses : le très faible niveau d'investissements étrangers même si une bonne progression a été constatée qui reflète une franche amélioration du cadre légal des IDE ; diversifier la production pour le Maghreb dans son ensemble tenant compte de ses avantages comparatifs au sein de l'espace à la fois euro méditerranéen et africain. En effet, la faible ouverture aux échanges relativement à la population du pays et son extrême spécialisation dans les hydrocarbures pour l'Algérie, le couple agriculture/tourisme pour le Maroc et le couple tourisme/ certains segments des PME pour la Tunisie sont un obstacle pour un développement durable et diversifiée plus soutenue afin de lutter efficacement contre le chômage. Car, les niveaux de croissance nécessaires pour entraîner une amélioration significative de la situation sont estimés à 7-8% par an sur 10 années. Et seule l'intégration économique peut lever ce s obstacles. Ce qui m'amène à analyser la situation des économies maghrébines et le nécessaire dynamisation de la coopération Europe/Maghreb.
II situation des économies maghrébines et coopération entre le Maghreb et l'Europe
1. Situation des économies maghrébines
Comme rappelé précédemment, le Maghreb a un poids économique insignifiant au sein du commerce mondial. Or l'Europe du Sud (Italie - France - Grèce - Espagne) totalisent 168 millions d'habitants (horizon 2010). L'Algérie, le Maroc et la Tunisie totaliseront 94 millions d'habitants soit un total de 262 millions d'âmes. Si l'on inclut les riverains méditerranéens dont la Syrie, le Liban, Israël, l'Egypte, Malte, la Turquie, l'Albanie, la Libye et l'ex Yougoslavie dont la stabilité conditionne le développement de l'ensemble des Balkans, nous aurons une population en 2010 qui dépassera les 500 millions. Cette région est frappée actuellement par une récession économique avec un écart croissant, les pays de l'UMA ayant un revenu PNB par tête qui représente moins de 15 % de ceux de la CEE. Cette récession s'explique par différents facteurs dont le manque d'homogénéisation économique pour des raisons essentiellement historiques et sociologiques et qui fait fuir les capitaux vers d'autres cieux plus propices à un moment où la concentration des échanges est dans le Nord, la Chine accaparant plus de 5O% pour la zone Sud. Mais la raison essentielle. Comme souligné précédemment, les pays du Maghreb ont un niveau de développement qui ne reflète pas leurs potentialités, et elles sont énormes. La majorité des entreprises publiques sont fortement imbriquées dans le système administratif lieu de relation de clientèles. Quant à certaines entreprises privées elles ne sont pas autonomes mais trouvent leur prospérité ou leur déclin dans la part des avantages financiers, fiscaux, leurs parts de marché auprès des entreprises publiques et des administrations. Cette organisation spécifique où l'autonomisation de la décision économique est faible engendre peu d'innovation, d'esprit d'entreprise. Aussi certaines entreprises publiques ou privées sous traitantes ce secteur, vivant du transfert de la rente exercent des pressions pour accroître le protectionnisme néfaste à terme et sont peu enclins à la concurrence internationale. Mais il faut reconnaître que depuis quelques temps avec la formation plus élevée, et l'ouverture sur l'extérieur, nous assistons à la naissance de nouvelles entreprises mues par de véritables entreprenants. Pourtant les multitudes pressions administratives, combinées avec l'absence de motivation ne leur permettent pas la créativité et l'imagination. Ainsi la seule sphère réellement autonome vis à vis des sphères du pouvoir est la sphère marchande ou industrielle informelle. Du point de vue des relations maghrébines, cela explique qu'au lieu que l'intégration soit dominée par des économies contractuelles ou organisées, nous assistons à une dynamique informelle caractérisée par une identité culturelle qui permet à des milliers de maghrébins surtout aux frontières de contourner la myopie des bureaucraties nationales. La raison essentielle trouve un fondement socio-historique qui rend d'actualité les analyses ibn khaldouniennes avec le poids du politique dans les sociétés maghrébines accentué par des structures familiales et des tribales qui se consolident en période de récession économique. Il s'agira impérativement d'intégrer cette sphère dominante au niveau du Maghreb par la délivrance des titres de propriété devenant citoyenne, car acquise aux réformes pouvant constituer une force sociale dynamisante. Dès lors s'impose la nécessité d'une véritable révolution culturelle pour inculquer l'esprit d'entreprise et libérer l'ensemble des énergies créatrices. Au niveau des pays du Maghreb notamment, cela passe par la création d'une monnaie maghrébine. La coordination des politiques commerciales, fiscales, douanières, des banques centrales est un objectif vital et il serait souhaitable la mise sur place d'une banque centrale maghrébine qui serait un maillon du système européen des banques centrales afin de favoriser la création de la zone de libre échange Europe - Maghreb et accélérer la convertibilité intégrale des monnaies ce qui dynamiserait les échanges. Cette action aura comme support une institution financière méditerranéenne à l'instar de la banque européenne pour la reconstruction et le développement actuellement orientée vers les pays de l'Est. Cette banque pourrait être scindée en deux compartiments en privilégiant des relations avec le Fonds Monétaire International ainsi que les structures de la Communauté Economique Européenne. Le premier compartiment fonctionnerait comme une banque normale qui se finance sur le marché international accordant des prêts aux taux du marché ; le deuxième compartiment grâce à des dons et à des crédits d'aide (aligné sur le taux d'inflation du G7) avec une période de grâce de 5 ans et une période d'amortissement entre 15 et 20 ans financerait des projets de développement notamment la formation professionnelle, favorisant l'émergence de managers et des systèmes modernes de gestion ainsi que de projets importants aidant à la construction du réseau de l'espace économique méditerranéen par des sous-réseaux imbriqués dont les PMI - PME, le transport, les télécommunications par la promotion des nouvelles technologies, en sont la pierre angulaire.
2.1- Les défis futurs 2010/2015
Je pense fermement et après analyse que l'intensification de la coopération entre l'Europe- et le Maghreb fondée sur un véritable co-développement, le partenariat, l'introduction de l'investissement direct permettrait, de bouleverser ces comportements et les inscrire dans une perspective dynamique profitable aux populations de la région et faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité. C'est que l'espace méditerranéen peut être ce lieu de création de réseaux rationnels. Car l'économie de marché concurrentielle répond à des lois universelles, mais il existe des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte car source d'enrichissement mutuel permettant de communiquer avec des cultures lointaines. Ce réseau doit favoriser les liens communicationnels, les ères de liberté dans la mesure où les excès du volontarisme collectif inhibent tout esprit de créativité. Comme souligné précédemment, il y a lieu d'accorder une attention particulière à l'action éducative car l'homme pensant et créateur devra être à l'avenir le bénéficiaire et l'acteur principal du processus de développement. C'est pourquoi je préconise la création d'une université euro-maghrébine ainsi qu'un centre culturel de la jeunesse méditerranéenne comme moyen de fécondation réciproque des cultures, et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles. Les différents programmes initiés par la communauté économique européenne devraient favoriser l'émergence de nouveaux comportements pour un devenir solidaire. C'est que le Maghreb et l'Europe sont deux régions géographiques présentant une expérience millénaire d'ouverture sur la latinité et le monde arabe avec des liens naturels et dans son ensemble porte de culture et d'influences anglo-saxonnes. Economiquement l'Europe et le Maghreb présentent l'un et l'autre des atouts et des potentialités pour la promotion d'activités diverses et cette expérience peut être un exemple de ce partenariat global devenant l'axe privilégié du rééquilibrage du Sud de l'Europe par l'amplification et le resserrement des liens et des échanges sous différentes formes. Il est indispensable que l'Europe développe toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour réaliser des équilibres souhaitables à l'intérieur de cet ensemble. En fait la constitution d'espaces régionaux économiques faibles est une étape d'adaptation structurelle au sein de l'économie mondialisée. Et afin de favoriser un quadruple objectif solidaire:la démocratie politique ; l'économie de marché concurrentielle ; la concertation sociale et les échanges culturels par des débats contradictoires d'idées et enfin la mise en œuvre d'affaires communes n'oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et dans la pratique des affaires il n' y a pas de sentiments. Dans ce cadre l'émigration maghrébine ciment des liens culturels peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération. C'est un élément essentiel de ce rapprochement du fait qu'elle recèle d'importantes des potentialités économiques et financières. Car la promotion des relations entre le Maghreb et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le Gouvernement, les missions diplomatiques, les entrepreneurs, les commerçants et les compétences individuelles. L'engagement implicite caractérisant les relations entre nos communautés émigrées et les pays d'origine, ne doit pas occulter les légitimes intérêts strictement économiques des parties concernées pour garantir la rentabilité et la pérennité des opérations engagées. Les pouvoirs exécutifs devraient veiller, dans le cadre organisationnel et législatif, à alléger l'ensemble des procédures administratives, afin de favoriser la promotion de l'investissement et les échanges commerciaux, à l'instar de pays qui utilisent leurs compétences nationales localisées à l'étranger comme point d'appui au développement national.
* Expert International, Professeur d'Université en management stratégique.


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