A l'exception des 9 autres daïras de la wilaya, celle de Bouguirat se distingue par l'abondance du couscous offert à la délégation venue travailler et non pour animer les festins. Jeudi passé, partout en zone rurale, et malgré l'absence du grand notable de la région, rappelé sous peu par Dieu, il ne manquait que la cavalerie et le baroud. Tentes dressées avec tapis étendus, dattes et lait coulant à flots, et couscous dont seules les medjahriète ont le secret de la recette, à la plupart des haltes, l'ambiance festive était celle des grands jours. A peine entamée, le premier ‘'casse-croûte'' de la visite sera fait d'un copieux couscous offert dans une mosquée investie par une foule d'individus dont peu d'éléments semblaient se soucier de l'obligation des ablutions avant l'accès au lieu de culte. Dans l'ordre ou le désordre, seules trois préoccupations étaient redondantes sur les bouches : l'eau, le logement, et la route (en entendant bitume et tapis parfois). Profitant de la visite, le directeur de l'hydraulique de la wilaya a, à maintes haltes, expliqué le schéma en construction du dispositif de desserte de la daïra en AEP. Un plan qui prévoit l'approvisionnement du chef-lieu de la daïra à partir de la connexion du complexe MAO et de la station de dessalement de l'eau de mer, dont le réseau d'adduction a déjà été réalisé. Une fois ce pôle urbain et sa banlieue seront desservis, les forages qui les alimentaient jusque-là seront mobilisés en vue de la desserte des populations établies à l'amont de la daïra, à travers les communes de Souaflia et Saf-Saf. Au demeurant, en attendant cette solution définitive, et par instruction du wali, tous les douars en manque d'eau, seront desservis par citernes. Le programme de ‘'citernage'', jusque-là laxiste et entaché d'une implication peu engagée de la part des élus, dès lors qu'il relevait généralement de la propre initiative d'un quelconque chauffeur qui avait toute la latitude de servir ou de priver qui il voulait, devra être renforcé, jusqu'à opérer en 24h/24, si le besoin venait à être édicté. A ce sujet, et eu égard à la panne d'initiatives manifeste des présidents d'APC, le wali s'est, à maintes reprises, interrogé sur pourquoi on n'osait pas intensifier l'exploitation des citernes et tracteurs disponibles, alors qu'il s'agissait uniquement d'y engager le personnel nécessaire. Au sujet des routes, il ne sera plus question de diviser les projets en tranches, juste pour ‘'calmer'' la population qui réclame l'accès à son douar. Poser le tuf, dans un premier temps, et attendre plusieurs mois, voire années, jusqu'à l'inscription de la tranche suivante pour bitumer le chemin entamé, a pour conséquence fâcheuse des surcoûts énormes, puisque d'ici-là, le tuf aura été emporté par l'érosion, et il va falloir reprendre l'opération en entier. Le logement et la qualité de la construction : voilà l'autre volet qui ne cesse de susciter la colère du chef de l'exécutif de la wilaya. ‘'C'est pour la dernière fois que j'avertis ! Ne m'acculez pas jusqu'à la démolition des œuvres mal faites ! Sachez que je vais exiger la démolition, non pas partielle, mais totale, même arrivée en phase finale, des constructions ! Alors prenez vos devants, soyez exigeants, avant que je n'intervienne moi-même !'', a-t-il mis en garde entrepreneurs et cadres en charge du suivi et de la réalisation du programme de l'habitat. ‘'C'est une porte qui convient pour un poulailler, et non pour un logement !'', fera-t-il remarquer, d'un ton nerveux et désolé, à l'issue de l'inspection d'un appartement fini, mais avec moult malfaçons, et un parterre Sali et terni bien avant l'occupation des lieux. L'ire du wali sera également suscitée par l'attribution des logements. ‘'Bouguirat est la dernière daïra à m'avoir transmis ses listes d'attributions !'', dira-t-il en substance, à l'adresse de la population d'un douar de Souaflia, qui ‘'l'assaillit'' à l'issue de la visite du projet d'aménagement du chemin desservant le douar. ‘'Çà a été fait, M. le wali !'', murmura, à demi-mot le chef de la daïra, qui se tenait en retrait. ‘'Je vous dis qu'il y aura des logements en quantité largement suffisante ! Je me demande pourquoi on traine autant pour établir les listes des attributaires !'', poursuit-il. Ce que le wali semble apparemment ignorer, c'est que le logement social, au même titre que l'emploi dans le cadre du filet social, ou le couffin de Ramadhan, fait l'objet d'un grand enjeu entre les mains des exécutifs communaux. A travers toute la daïra, nombreux sont les douars où l'on vous dira que la population et le douar subissent les conséquences du vote pour une autre couleur que celle du maire ou de l'adjoint qui décide de l'inscription sur les listes des bénéficiaires. Il n'y a pas meilleur placé qu'un président d'APC pour connaitre et reconnaitre le degré d'indigence de ses concitoyens. Mais quand les desseins malveillants prévalent, l'administration aura les plus grandes peines à rétablir l'équité.