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AUTOPSIE D'UNE COMMUNE : Une commune aux cinq maux
Publié dans Réflexion le 07 - 09 - 2011

Aujourd'hui, Oued Kheir fait face à des problèmes d'un développement harmonieux et équitable de ses 19 douars où tant de besoins sociaux attendent d'être satisfaits pour toute la joie et le plaisir de ses 17.000 citoyens…. !
Avec une population de 17.000 habitants fortement concentrée en milieu rural, et ses19 douars dont quelques uns attendent encore un développement harmonieux et équitable ,touchant à l'amélioration des conditions et du cadre de vie des citoyens, Oued El Kheir, une commune sise à l'est et distante de la wilaya d'une trentaine de kilomètres ,à forte vocation agricole, connait un certain essor de développement socio-économique qui reste insuffisant face aux multiples attentes des citoyens outrés d'attendre toujours et encore de l'eau ,de l'éclairage public ,surtout au sein de ces douars qui paraissent être oubliés par le progrès qui semble ne point se frayer un chemin au sein de ces bourgs de la désolation .Le chef-lieu se paye l'image d'une localité qui se développe d'année en année, et gagne de nouvelles structures socio-économiques dont un marché couvert réalisé récemment, une salle polyvalente pour la pratique du sport, deux nouveaux terrains maticos et d'une enveloppe conséquente de 598 millions de dinars destinée à l'amélioration urbaine (réaménagement urbain ).
Une ambulance, une extrême nécessité
Sur le plan de la santé, Oued El Kheir est mieux doté que le reste des communes voisines, elle dispose de 04 salles de soins implantées à travers sa vaste zone rurale, d'une polyclinique au chef-lieu, qui couvre les besoins en matière de santé de la population mais dont l'unique appareil est toujours en panne et non opérationnel depuis des mois, son laboratoire n'assure que les analyses de la glycémie et d'une maternité qui assure et prend en charge les accouchements ,malheureusement l'ambulance qui est d'une extrême nécessité semble être inexistante. En ces structures sanitaires, les consultations médicales sont quotidiennes, elles sont assurées par 04 jeunes médecins qui se relayent à tour de rôle, une permanence médicale et paramédicale est maintenue de 08 heures du matin à 20 heures du soir, un poste de garde est également fonctionnel durant les 24 heures, et le seul qui nous a été soulevé par le personnel paramédical qui mal choyé par l'administration qui le prive de restauration et de transport et préfère juste la réserver au personnel médical qui bénéficie d'une cuisine aménagée au sein de la polyclinique ,la climatisation de cette vaste structure sanitaire fait défaut et nuit atrocement au personnel et aux malades qui souffrent de la chaleur en ce lieu qui demeure mal aéré. Le manque de personnel cause également de sérieux problèmes pour la relève des agents dont certains ne peuvent plus profiter des congés depuis tant d'années consécutives En matière de loisirs et d'activités culturelles, le centre culturel offre toute une palette d'activités dont des cours d'initiation à l'informatique, de dessin ,des jeux éducatifs et un cyber café où des centaines de jeunes viennent surfer et découvrir le fabuleux monde du savoir offert à travers l'internet et ses multiples réseaux et autres sites.
Le ramassage scolaire fait défaut
Quant au secteur de l'éducation, 14 établissements scolaires primaires, O2 collèges d'enseignement moyen et 01 lycée d'enseignement secondaire offrent leurs bancs aux élèves de la commune, dont plus de 50% viennent du milieu rural et nécessite la mobilisation d'importants moyens de transport pour le déplacement des douars vers les écoles. Les 02 bus de ramassage datant des années 90, dont 01 est toujours en panne, et l'autre encore en activité, ne parvient plus à prendre en charge tout le nombre élevé à savoir que des centaines d'élèves venant des zones rurales malgré ses multiples rotations difficilement assurées de bon matin et si tard le soir. Ce manque de transport a été et sera toujours à l'origine de l'abandon des études de tant de brillants élèves issus des douars lointains, selon un enseignant de l'un des deux collèges qui se désole d'une triste fin scolaire.
2000 demandes de logement
Le domaine de l'habitat est peu développé et l'offre réalisée en logements reste trop insuffisante et semble être à l'origine d'un mécontentement populaire déclenché en été et qui a été vite maitrisé par les autorités locales qui ont sagement apaisé les esprits et mettre en « hors jeu » une frange de drôles de protestataires qui cherchaient à semer la pagaille pour d'autres raisons, selon un membre de l'A.P.C. A ce jour, 180 logements sociaux ont été distribués de l'année 1999 à l'année 2008 selon les critères d'attribution énoncés à travers le décret régissant la distribution de ce type de logement. Notre passage à la daïra où nous fumes reçu par le chef de daïra, a coïncidé avec la réunion de deux commissions d'étude des dossiers de demande de logements, qui activaient sous l'œil attentif du chef de daïra au sein de son bureau. Malheureusement, l'offre en ce type de logement parait ne point répondre à la forte demande exprimée par les citoyens, plus de 2000 demandes ont été formulées au sein de la commune de Oued El Kheir, ces dernières sont toutes prises en considération, elles seront traitées une à une, selon la déclaration d'un agent de la daïra, chargé de la réception des dossiers de logement. La commune a bénéficié pour le plan quinquennal (2010 – 2014), et prévoit la construction de presque un millier de logements tous types confondus (100 logements de type LPL, 50 autres de type LPA et 58O logements ruraux). Cette bonne perspective de développement de l'habitat de tous types confondus pourra atténuer un tant soit peu la tension sur la demande de logement qui se fait sentir à travers presque toutes les communes du pays, et qui se caractérise presque partout par des mouvements de protestations après l'affichage des listes de bénéficiaires.
Le chômage sévit
Le manque d'emploi se fait également sentir au sein de cette commune à fortes potentialités agricoles, qui demeurent mal exploitées, de par les immenses parcelles de champs incultes, le chômage semble sévir d'un coin de rue à l'autre par la présence de centaines de jeunes qui errent d'un quartier à l'autre, alors que d'autres assiègent les rares « cafés publics » qui osent activer encore en ces heures de torride chaleur. Kada, l'un de ces chômeurs qui paraissent perdus en ce lieu dit « douar Kalouch » qui respire le désespoir et semble bien porter son drôle de nom, laisse apparaitre toute la peine qui se lit sur son visage, il dit avoir tant de mal a dénicher du travail pour nourrir sa famille de 07 membres, il est trop âgé pour prétendre à un poste de travail au sein de la fonction publique qui ne tolère plus de recrutement à travers ses rangs surtout pour les personnes âgées et sans « recommandations »,lui, il en a déjà 50 ans et aucune solide connaissance . Il a travaillé au sein du filet social en qualité de gardien de nuit au sein d'une école primaire, mais l'indemnité perçue ne pouvait suffire à payer la facture mensuelle de l'épicier. Il a exercé au sein de ces champs agricoles pour un salaire de misère qui ne dépasse plus les 600 dinars par jour, sa femme l'aide pour venir à bout de cette pauvreté qui le cerne de partout, elle élève des poules dont elle vend les œufs et de temps à autre, quelques unes pour boucler les fins de mois si difficiles.
Ressources hydriques épuisées
L'agriculture qui faisait la fierté de la commune, de par la culture intensive de céréales qui distinguait la région, et l'arboriculture qui la caractérisait des autres communes de la wilaya, a bien perdu cette vocation d'antan, les terres meurent au fil des ans par le faible taux de pluviométrie, et les rares vergers qui persistent à exister, ne continuent de l'être que par l'entêtement de certains fellahs qui assurent une si couteuse irrigation par citerne . Un des agriculteurs, répondant aux initiales de H.M, âgé de 68 ans auquel nous avons rendu visite au sein de son verger, nous a déclaré que si l'Etat n'intervient pas à fournir de l'eau pour les terres agricoles, ces dernières finiront par devenir incultes et ne produiront rien dans les années à venir. Il explique que l'eau est d'une nécessité absolue pour toute relance ou tentative de renouveau agricole, les subventions accordées à l'aménagement de bassins d'eaux n'ont été d'aucune utilité sans l'approvisionnement, et toute autre forme de soutien au monde agricole n'est qu'un échec. Selon ce fellah, qui ne parvient plus à irriguer son verger composé d'oliviers , de grenadiers ,de pommiers et de quelques centaines d'orangers, la mobilisation des ressources hydriques pour sauver une agriculture moribonde est plus qu'une urgence et la levée de l'interdiction de creusement des puits agricoles à travers le territoire doit prendre fin pour sauvegarder les rares vergers de la wilaya ,tous les puits agricoles de la commune que nous avons pu voir, sont taris depuis des années. Parmi les problèmes que certains citoyens nous ont cité, le manque d'eau potable au sein de quelques douars est saumâtre, constat soulevé durant cet été des plus caniculaires, ces hameaux sont toujours soumis à des plans de citernage, et dont le programme de la distribution ne semble point être respecté par les chauffeurs-livreurs de l'A.P.C, qui préfèrent de temps à autre, alimenter les amis et les membres de la famille. Un autre épineux problème nous a également été posé, l'évacuation des eaux usées qui se déversent à travers la nature, surtout pour la localité de Sidi El Adjel, qui parait être la plus noyée par les eaux usées qui stagnent et ont tendance à former des marais d'un lieu à l'autre .La stagnation des eaux usées, peut être à l'origine de la propagation de graves maladies, et des insectes, dont les moustiques qui utilisent ces lieux pour se développer en nombre. La vidange des fosses septiques est également un grave problème de santé publique qui menace des dizaines de foyers en milieu rural, qu'il faut prendre en charge en urgence, d'abord pour soulager les citoyens de l'embourbement et l'envahissement par les eaux usées sur les cours de maisons.
La Zaouia Kadiria, pour la continuité
Notre reportage ne pouvait se clôturer sans la visite du fleuron de la commune qui n'est autre que sa fameuse zaouïa, qui lui a offert un rayonnement d'une dimension nationale au cours d'une époque qui a bel et bien finie. Finalement, cette zaouia existe toujours et reçoit encore de dizaine de visiteurs qui viennent des villes de l'ouest, mais, elle semble avoir perdu de son aura prestigieux qui la distinguait autrefois. Le chemin qui y mène, un tronçon long de quelques kilomètres est crevassé de bout en bout et n'a jamais été réhabilité depuis presque 20 ans selon l'un des petits fils du cheikh de la zaouia, rencontré sur les lieux. Il soulève le problème de sécurité des automobilistes qui sont malmenés par les multiples nids de poule le long du trajet. Elle reçoit encore des fokaras qui viennent des 4 coins du pays, ils apprennent le Saint Coran, et les sciences religieuses, elle diffuse toujours l'apprentissage de sa tarika qui est la voie « Kadiria » en hommage au saint vénéré Sidi Abdelkader El Djilani. Elle tend à redevenir la simple zaouia de toujours que tant de simples fidèles ont visité et où le couscous est toujours servi en guise d'hospitalité et à tous ceux qui y viennent de passage, comme nous l'étions au cours de notre bref séjour au cours de cet été. Oued El Kheir tient à regagner sa vocation agricole et sollicite juste de l'eau pour irriguer ses vastes terres, son salut est à travers ses énormes parcelles qui doivent se développer grâce à une agriculture forte, génératrice d'emplois et de production agricole diversifiée, elle tient également à se soulager de ses problèmes d'insalubrité (jet d'ordures et d'eaux usées) qui nuisent à son milieu naturel qui devrait être protégé coute que coute. Oued El Kheir doit être la rivière de tant de biens que son sol recèle de coin en coin… !


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