Les mal payés, les sous-payés, les impayés, les salariés de la DAS, les morts-assis de seconde catégorie, et dans le sillage, les pré-employés de l'ANEM, et tous ceux qui n'ont pas le poids du nombre pour marcher dans les rues d'Alger. Certainement plus que les liges qui s'y réuniront, nombreux sont ceux qui en parlent beaucoup parce qu'ils en attendent énormément. Même en sachant qu'une tripartite ne sera jamais une grande Révolution. Les héritiers de l'Algérie, ses mal élus, et pas tous les commis de son Etat, ne sont pas concernées par ce sommet de petits et moyens salaires. Dans l'attente de l'aumône publique, on se rappelle la misère de sa pension ou de son salaire de la misère, se volatilisant avant la chaine devant les guichets de la poste. Da la hausse des prix qui étrangle dans un sens, et de la baisse du pouvoir d'achat, qui cloitre chez-soi dans l'autre sens. De sa poche vide et de l'épicier qui prolonge son ardoise. Du créancier qu'on a honte de croiser. De la peur et l'angoisse qu'un gosse ou la femme crève le budget familial d'une maladie qui tombe au mauvais moment. Du mois qui s'éternise à finir. Du loyer qui s'accumule. Des factures salées de l'eau imbuvable qui enflent et attendent. De l'écart qui nous sépare du salaire d'un applaudisseur national qui ne dit jamais non pour recevoir 30 briques par mois, sans le reste des privilèges allant avec. Du président de la tripartite auquel on casque 34 SNMG chaque mois. D'un quelconque ministre de quelque chose qui ne pèse pas loin de 25 concitoyens de troisième catégorie. Même décor et mêmes figurants, mêmes avis d'exclusion de l'avis contraire et mêmes arrière-pensées de Pouvoir unique rusé, pas plus révolutionnaire que ses précédentes, ça ne sera qu'une ultime tripartite de routine. Encore une fois, le Pouvoir monologuera avec lui-même, avant de saupoudrer quelques miettes aux yeux de l'injustice salariale. Vaine ultime tentative d'occulter l'évidente réalité de sa hogra d'Etat. Dans la passivité d'un peuple assisté, la plèbe a juste le droit d'espérer. Et de rêver la perception, ne serait-ce, que du tiers d'un salaire de ceux qui n'ont pas besoin de tripartite pour être augmentés. Ceux pour qui le pipeline est réservé à flots. Tant que Si Ahmed l'Imbattable, et Sidi l'Heureux s'accaparent l'exclusivité de vouloir bien faire pour l'Algérie et les Algériens, leur tripartite sera juste un autre ballon-sonde qui tiendra en haleine des milliers d'Algériens. Un sommet entre eux, aucunement précurseur de changement. Ni même de volonté de changement.