Par pitié, ne touchez pas à nos mœurs ! Tel est le slogan qu'il faut sans cesse ressasser pour que les sans gêne comprennent qu'ils ne sont seuls sur la planète terre. Nous avons tous droit à un minimum de respect. Et ce n'est pas trop demandé. Comme son nom l'indique, le jardin public est un espace réservé où chacun, quel que soit son âge, peut y accéder en toute quiétude et avec l'assurance de ne pas être dérangé de quelque manière que ce soit. Or, que remarquons nous aujourd'hui ? Que sont devenus nos jardins publics et même les places d'autan ? Qui oserait s'y rendre pour se détendre ou tout simplement pour respirer l'air frais et admirer quelques plantes, le temps d'oublier ses soucis ou de récupérer quelques forces avant de reprendre son chemin ? Les habitants des cités du sud de la ville sont contraints, chaque jour, de passer par le jardin public « El Amir Abdelkader », que ce soit à aller (quand ils doivent se rendre en ville pour leurs besoins), ou au retour. C'est l'unique passage pour certains d'entre eux. Ne dit-on pas que « la ligne droite est le chemin le plus court ? » C'est aussi pour l'ombre. En été ils peuvent profiter de l'ombre d'un arbre pour faire une courte halte avant de reprendre le chemin, surtout quand ils sont chargés de provisions. Seulement voilà, le jardin public n'est plus ce qu'il était ni comme il devrait être. Les anciens : nos grands parents et nos parents se souviennent fort bien de ce qu'était ce grand espace dit « Jninet bent Rey ». Questionnez-les et ils vous émerveilleront par leurs réponses empruntes d'une certaine nostalgie. Ils commenceront d'abord par soupirer. Ce soupir n'est rien d'autre que de l'amertume restée au fond de la gorge. Mais pourquoi cette amertume chez ces gens qui ont vécu une époque pas si mal malgré la présence de l'occupant ? L'occupant, comme la misère et tout les reste faisaient partie du décor quotidien. Mais malgré cela, la pudeur, la candeur, le respect et surtout l'honneur existaient. C'étaient des choses inaliénables, voire inaltérables. Les gens se respectaient mutuellement sans même se connaître. Cela faisait partie de l'éducation et tout geste maladroit, fut-il le plus petit des petits, était mal vu, mal perçu, voire inadmissible. Le tout était qualifié de « hchouma » ou « âib ». Cela peut sembler absurde, pour la génération de ce XXIe siècle, que de demander à un jeune de ne pas fumer en présence d'un adulte, même s'il n'est pas un membre de la famille. Il le prendrait mal et verrait d'un mauvais œil la question. Selon eux tout est normal, alors qu'ils ne savent absolument rien de la normalité, encore moins ce que liberté veut bien dire. Et c'est ce qui se passe de nos jours. Les garçons comme les filles, à quelques exceptions près, adoptent un comportement qui ne leur sied guère. Un comportement calqué sur les occidentaux mais mal adapté parce que ceux qui le copient ignorent totalement les us et coutumes des occidentaux. Ce comportement est capté à partir des images que diffusent les chaînes étrangères et l'Internet. Un comportement calqué de toute pièce avec le quel ils transgressent toutes les règles de la vie en société. La rue comme la plage et beaucoup d'autres lieux communs sont un exemple concret. Les couples marchent la main dans la main ou se tiennent par la taille sans aucune gêne. Au jardin public n'en parlons pas ! Hormis les quelques vieillards qui discutent entre eux ou jouent aux dames, ou les enfants et les jeunes qui jouent au ballon parce qu'ailleurs, dans leur cité, ils ne disposent pas de terrains appropriés, il y a les autres. Ils sont des dizaines de couples de jeunes qui s'affichent au vu de tous et sans aucune gène. De surcroît le jardin public n'est pas un lieu réservé à ce genre de spectacle gratuit. Et ces jeunes sont une minorité qui vent s'imposer coûte que coûte. Certaines scènes déplacées peuvent être interprétées comme étant un attentat aux mœurs. Les enfants qui jouent au jardin voient ces scènes quotidiennement. Et que dire des parents quand ils sont accompagnés de leurs enfants ? Arrivés à hauteur de ces couples ils sont pris de panique. Gênés, ils essayent de détourner l'attention de leur progéniture en leur disant ce qui leur passe par la tête, afin de détourner leur regard. De grâce, épargnez-nous vos scènes ostentatoires ! Mais le pire encore c'est que même devant les établissements solaires (CEM et Lycées) il se passe de drôles de choses. Des jeunes se tiennent par la taille, à quelques mètres seulement de l'entrée de ces établissements, sans se soucier du personnel et des éventuels visiteurs. Quant à la tenue vestimentaire inutile d'en parler. Une tenue qui fait, elle aussi, partie du décor.