Dans un contexte de printemps arabe, le rôle grandissant du Qatar auprès d'une partie de l'opposition algérienne en exil devient inquiétant, notamment concernant les réseaux de l'ex-FIS. Abassi Madani vit au Qatar où il est régulièrement reçu par l'émir en compagnie d'autres responsables islamistes du Maghreb. Grâce au Qatar, Abassi Madani a par exemple tissé des relations très fortes avec le CNT libyen. Par ailleurs, Saad Djebbar, avocat et opposant algérien, a quitté Londres pour Doha. Il figure parmi les avocats personnels de l'émir du Qatar auprès duquel il jouit d'une grande estime. Il intervient régulièrement sur la chaîne Al Jazeera pour commenter les événements au Maghreb et en Algérie. le Qatar serait aussi soupçonné de vouloir financer une chaîne de télévision qui pourrait être lancée par des opposants à l'étranger. Après avoir été pendant plusieurs années l'un des principaux alliés de l'Algérie dans le monde arabe, « le Qatar joue clairement la révolution en Algérie. Pour l'émir, le changement en Algérie, comme dans les autres pays du Maghreb, passe par les islamistes modérés », selon un analyste de la politique arabe. En fait, Doha ne s'en cache presque pas. Le Qatar a ainsi joué un rôle important dans le renversement du régime de Mouamar Kadhafi en Libye. Les Qataris jouent aussi un rôle important dans les événements actuels en Syrie, leur ancien allié avec l'Algérie. En imposant des conditions particulières pour les demandeurs de visa algériens, le Qatar agissait selon la volonté des Etats Unis et la France, qui, malgré des intérêts parfois divergents dans le monde arabe, lui apportent l'appui qui le met à l'abri de pressions. Même la toute puissante Arabie saoudite semble désarmée face aux ambitions du petit émirat rival. La semaine dernière, l'ambassadeur de l'Etat du Qatar en France, Mohamed Jaham Al Kuwari, annonçait la création par son pays d'un Fonds d'investissement de 50 millions d'euros destinés à financer les projets de jeunes entrepreneurs des banlieues françaises. L'émir cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani venait de recevoir à cet effet neuf conseillers municipaux de banlieue, tous originaires du Maghreb. Par cette action, le Qatar tente de séduire la diaspora algérienne car soutenir la communauté maghrébine des quartiers populaires, c'est soutenir la diaspora algérienne. Première communauté étrangère de l'Hexagone, les Algériens sont en effet estimés à 4 millions de personnes.