Je ne puis que m'étonner des déclarations en date du 02 janvier 2011 du Ministre du travail. Qui avance une augmentation moyenne du pouvoir d'achat des Algériens de 41% entre 2002 et 2010 sans se référant à un indice d'inflation sous estimée et sans se demander si ce ratio moyen a profité à la majorité de la population algérienne supposant de connaitre l'indice de concentration par couches sociales. Connaissant bien le dossier pour avoir dirigé avec une importante équipe pluridisciplinaire, pour les plus hautes autorités du pays un audit sur l'emploi et les salaires entre 2007/2008(1), Dans ce contexte, il faut éviter tant la sinistrose gratuite que l'autosatisfaction en contradiction avec l'amère réalité, source de névrose collective. Il faut dire la vérité rien que la vérité, sans plus, objet de cette contribution. 1.- Pour le Ministre du travail « le salaire moyen national brut, toutes catégories confondues, est passé de 22 925 DA en 2002 à plus de 33 000 DA en 2010, le niveau de l'inflation ayant été maintenu à un niveau supportable, entre 3 % et 4,3 % ». Cette déclaration, sans analyse nuancée favorisé par l'effritement du système d'information, me rappelle ces images de la télévision algérienne, l'une en 1987 et l'autre en 2009, (toujours le même comportement des responsables). En 1987 après la grande pénurie que connaissait le pays après la crise de 1986, à l' ENTV le Ministre du commerce algérien avançait avec assurance que le marché était saturé selon les données en sa possession, la présentatrice lui rétorquant s'il a fait un jour le marché et que la population algérienne ne mangeait pas les chiffres. En 2009, à une question sur le taux de chômage le Ministre de la solidarité affirmera que les enquêtes donnent 11% et qu'un journaliste lui répliqua : êtes vous sur de vos données. Oui répond le Ministre. C'est à quoi le journaliste répliqua sous l'œil amusé de la présentatrice non convaincue d'ailleurs, qu'il irait faire un tour dans les quartiers Algérie et qu'il dirait aux chômeurs que dorénavant leur appellation n'est plus chômeur mais travailleur. Car, comment avec un taux de croissance avoisinant 3/4% entre 2007/2011 en contradiction avec une dépense faramineuse plus de 200 milliards de dollars de dépenses publiques uniquement entre 2004/2009, et 286 étant prévu entre 2010/2013 dont 130 de restes à réaliser pour des projets non terminés de 2004/2009, l'Algérie dépensant deux fois pour avoir eux fois moins de résultats par rapport à des pays similaires, peut-on, afficher un accroissement de l'emploi utile supérieur aux pays développés ? Car l'important ce sont l'emploi créateur de valeur et non faire et refaire les trottoirs. Je peux démontrer aisément à partir des données statistiques officielles que 80% du taux de croissance hors hydrocarbures affiché par le Ministre du travail de 5/6% l'est lui même irrigué par la dépense publique via les hydrocarbures et que ne restent que moins de 20% pour les véritables entreprises créatrices de richesses. L'Algérie par la dévalorisation du savoir, et d‘une gouvernance mitigée, est en plein syndrome hollandais. Elle exporte 98% d'hydrocarbures à l'état brut et semi brut et important 70/75% des besoins des ménages (voyez le gonflement des factures alimentaire et de médicaments entre 2009/2011 où pour cette dernière La nous avons 1,63 md usd durant les onze premiers mois de 2011 contre 1,39 md usd à la même période en 2010 selon le CNIS) et des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15%. Les propos du Ministre du travail contredisent les règles élémentaires de l'abc de l'économie où le taux d'emploi est fonction du taux de croissance des secteurs productifs et des structures des taux de productivité. 2.-Si on prend le ratio de 2011 où au cours de 37 dollars le baril , le déficit budgétaire a été de hauteur de 4.693 milliards DA soit 33,9% du PIB et pour les prévisions de 2012,des dépenses de 7.428 milliards de DA (mds DA) et des recettes de 3.455,6 mds de DA, soit un déficit budgétaire de 3973 milliards de dianes représentant 25,4% nous aurons un PIB à prix courant( il faudrait déflater par l'indice moyen des prix à la production pour avoir le PIB à prix constants, seule référence ) pour 2011 de 13.802 milliards de dinars et pour 2012 , 15.892 milliards de dinars . En nous en tenant à 2012, référence du Minsitre, la part des salaires de la fonction publique dans le PIB représente 18%. Pour une analyse objective il faudrait comme l'a préconisé le grand économiste polonais Kalecki distinguer les salaires des traitements pour une vision opértionnelle. Les salaires concernent directement le secteur économique lié au niveau de production et de productivité et les traitements constituent un transfert de valeur. Il ya lieu également de distinguer au niveau des traitements, les segments indirectement productif (santé, éducation) de ceux qui ne créent aucune valeur, bien qu'utiles, devant être limité au maximum. La récente crise économique mondiale montre clairement que l'essence liée au fonctionnement actuel du système économique international largement dépassé, nécessitant de nouveaux mécanismes de régulation, est la dominance de la sphère financière spéculative sur la sphère réelle au détriment de l'entreprise y compris les services marchands et la baisse des salaires directement et indirectement productifs dans le PIB. D'ailleurs le ratio global des salaires tel que défini précédemment, sur le PIB entre 1970 et 2011 connait une descente à l'enfer représentant moins de 19% dans le PIB moyenne 2010/2011 au profit des rentes, montrant le dépérissement du tissu productif. 3. Concernant la donnée globale du revenu donnée par le Ministre du travail, elle est juste, mais une donnée globale peut voiler d'importantes disparités entre les différentes catégories socioprofessionnelles. En effet, toute analyse objective doit mettre en relief les liens diélectriques entre le processus accumulation, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales. A ce jour aucune enquête n'existe car ayant des incidences politiques, relative à l'indice de concentration du revenu national qui es tune évidence comme le montre le signes extérieurs de richesses et les fuites de capitaux à l'étranger. Tout au plus des enquêtes partielels montrent qu'il faudrait pour une famille de 4 enfants à charge un revenu minimum de 36.000 dinars net pour subvenir aux besoins essentiels. L'on sait que plus de 80% des ménages algériens consacrent plus de 70% de leurs revenus aux besoins de première nécessité. La solidarité familiale et paradoxalement la crise du logement permet de maintenir une certaine cohésion sociale (même marmite, partage des charges). Et en essayant de résoudre le problème du logement, poussant à l'individualisation, sans compter cette urbanisation désordonnée avec des ghettos, en cas de persistance de la panne de la machine économique, le risque d'implosion sociale deviendrait inévitable. A court terme, ne voulant pas de remous sociaux, le gouvernement semble s'accommoder de la sphère informelle comme en témoigne le gel de l'exigence du chèque pour 50.000 dinars algériens en 2007, abandonnée puis une décision adoptée en conseil du gouvernement de 500.000 dinars devant être mise en œuvre en avril 2011, mesure également abandonnée. Les segments contrôlés par la sphère informelle drainant 40% de la masse monétaire en circulation (plus de 13 milliards de dollars en 2010) concernent plus de 65% des filières fruits et légumes, poissons, viande rouge et blanche et le textile/ cuir, pour ce dernier à travers les importations, expliquant la hausse des prix sur le marché libre , assistant à une concentration du revenu au niveau de cette sphère où l'union des commerçant algériens évalue l'évasion fiscale à 3 milliards de dollars par an. Toujours dans ce cadre d'une paix sociale fictive, et éphémère, dans 25 ans 50 millions d'Algériens, à moins d'un miracle, vivront sans hydrocarbures, le gouvernement consacre plus de 10% du PIB aux transferts sociaux entre 2009/2011, subventionne bon nombre de produits importés permettant de comprimer le taux d'inflation qui est en réalité beaucoup plus élevé, posant d'ailleurs la problématique de la valeur réelle de la monnaie algérienne corrélée à plus de 70% par la rente des hydrocarbures. Ces subventions non ciblées ne s'adressent pas forcement aux plus nécessiteux et aux segments inducteurs de croissance, découragent la production locale et favorisent d'importantes fuites des produits importés hors des frontières du fait de la distorsion du taux de change par rapport aux pays riverains. Cela traduit la faiblesse de l'Etat régulateur stratégique en économie de marché comme le montre l'extension de la sphère informelle liée à la logique rentière . Cette sphère informelle produit des dysfonctionnements des institutions de l'Etat et du pouvoir bureaucratique favorise la corruption socialisée et devient par la force des choses un mécanisme de redistribution , certes inégalitaire, de la rente des hydrocarbures. En résumé, depuis le printemps arabe tous les segments de la société veulent leur part de rente ce qui ne peut que conduire le pays au suicide collectif par le sacrifice des générations futures. Le versement de salaires sans contreparties productives, autant d'ailleurs que l'importance des réserves de change, la diminution de la dette intérieure et extérieure ne sont pas le fait du travail et de l'intelligence mais d'une distribution passive de la rente des hydrocarbures pour acheter une paix sociale éphémère, pouvant d'ailleurs conduite le pays au suicide collectif à termes.