Dans nos précédentes éditions nous avons peu parlé d'Ahmed Zabana, premier chahid mort sous la guillotine de l'dministration coloniale, cependant pour mieux connaître ce héro il y a lieu de remonter, aux sources du nationalisme qui est a été pour l'homme le facteur déclencheur de son patriotisme. Le parcours de l'homme est riche, de par son implication dans le déclenchement de la révolution et de sa participation à novembre 1954. Très jeune Zabana, sera guidé par cette fibre patrotique et le nationalisme naissant, il sera l'un des hommes clef de cette mouvance et activera dans le PPA-MTLD d'Oran et sa branche paramilitaire, qui comptait des personnages importants tels que Hadj Benalla, Hammou Boutillis, Mohamed Houcine Benziane, Bénali Guedifi, Mékhtria et d'autres valeureux militants, non moins importants pour la cause. Dans les premiers temps il y avait trois groupes, commandés par Mohamed Houcine Benziane, Hadj Benalla et Bénali Guedifi, mais après l'arrestation de Benalla et Guedifi, le commandement reviendra à Mohamed Houcine Benziane avec comme chefs de groupes Zabana et un certain Achour d'origine Kabyle. Par la suite Ahmed Zabana sera désigné comme chef principal du bras armé du parti et constituera trois groupes de choc, qui seront commandés par Mohamed Mékhatria, un certain Boualem et Abdellah, il ne s'arretara pas là puisqu'il procèdera à la réorganisation d'autres groupes qui seront quant à eux commandés par Mékhatria, il s'agit de : « Hmida » Ziane-Chrif, Ould Mohamed Lazaoui (Kadda). Les étaient : Ould Mekki Bouderba, Miloud Benchâa, Brahim Bensnouci, Hadj Berrahal, Rachid Bouabdellah, SNP Moghamed Benaissa qui seront, les sous-chefs de groupes. Lors du démantèlement de l'Os de l'Oranie, Zabana sera arrêté, le 2 mai 1950, avec plusieurs de ses compagnons, par la police française. Il est interné à la prison civile d'Oran avec soixante-quinze autres patriotes dont Hammou Boutlilis, Hadj Benalla (futur colonel Othmane commandant de la Wilaya V), Boumediene Baghdad, Ait Hamouda (futur colonel Amirouche commandant de la Wilaya 2). Ses compagnons, dont Bénali Ghedifi rapportent que lors de leur arrestation, Zabana et ses camarades furent sauvagement torturés. En fait, la plupart des éléments de l'OS dans l'ensemble du territoire national subirent les mêmes atrocités, mais l'on rapporte que Zabana et ses campagnos, lors de leur transfer vers le le tribunal d'Oran ils scandaient l'hymne du PPA sous les applaudissements des parents, amis, voisins, sympathisants, gens de la rue et les youyous des femmes. La mère de Zabana a même asséné un coup de poing au visage d'un policier qui lui refusait l'accès au tribunal, selon ce qui avait été rapporté dans un entretien avec Hadj Benalla. Abdelkader Ougouage rapporte dans son ouvrage les grands procès que lors des audiences, le tribunal français retient, entre autres, que : « Attendu, que le comportement des prévenus pendant leur incarcération préventive n'est pas fait pour diminuer le degré de créance qui s'attache à leurs aveux ; qu'en toute occasion ils ont tenu à démontrer qu'ils ne reniaient rien de leur attachement à des moyens violents et au but poursuivi par l'organisation dont ils font partie » ; « Qu'il suffit simplement de rappeler à ce sujet leur attitude au cours de leur transfert du cabinet d'instruction à la prison civile le 14 Juin 1950, transfert pendant lequel ils n'ont pas cessé de chanter l'hymne nationaliste qui pour pousser des cris répétés de ‘Vive l'armée nationale, Vive le PPA' ». Un procés sans commune mesure En outre « qu'il convient également de noter leur chant véhément du même hymne les 12 et 13 février 1951 à leur arrivée et à leur départ du palais de justice. » C'est la raison qui avait poussé les autorités de l'époque à les juger huis clos et ce n'est que sous la pression des avocats Suzzane Koehi Larysse, Belbegra, Perrot ; Sportés, Raymondet Pauc, Tabet à la défense menés par Maître Thuveny, que les autorités coloniales ont autorisé les journalistes à assister aux audiences. Zabana est alors jugé avec quarante-six de ses compagnons par le tribunal de première instance d'Oran. Ce sera le grand procès de l'Organisation (OS) d'Oran du 6 mars 1951. Zabana et ses campagnons, étaient poursuivis pour atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat, pour détention d'armes et de munitions de guerre, et pour la création et la mise en place de l'OS à travers le territoire national et pour ce qui concerne l'Oranie, le gouvernement français soulignera aussi que cette même organisation avait été créée dans le but de libérer l'Algérie par la violence. A l'issue de ce procès Zabana sera condamné à trois ans d'emprisonnement, trois ans d'interdiction de séjour et trois ans de privation des droits civiques. Durant sa détention Zabana en prison il fera connaissance et liera des liens solides en prison avec des militants détenus tout comme lui. L'on rapporte que lors de son transfert avec ses camarades vers la prison d'El Asnam « Chleff », des femmes et des filles de dockers, s'allongèrent le long de la voie ferrée pour empêcher le départ du train qui devait l'enmener avec ses campagnons. Selon Mahfoud kaddache, « les éléments de l'OS subirent des tortures inhumaines et que la police faisait aux personnes arrêtées le supplice de la baignoire, l'électricité et la flagellation. Et de souligner que l'opinion publique fut alertée par la presse progressiste qui dénonça les tortures subies par les militants arrêtés et que vingt plaintes officielles furent adressées au procureur général par les détenus nationalistes, mais qui n'eurent aucune suite. Durant leur séjour dans la prison d'El-Asnam « Chleff », Zabana, et ses campagnons Hammou Boutlis, Hadou Bouhadjar, Missoum Bahri Ould Brahim, Saïd Mesli d'Aïn Temouchent et Aït Zaouch observèrent une grève de la faim qui dura 37 jours, et l'on rapporte qu'il perdit 19 kilos. Informés, le MTLD, l'UDMA et le PPA en 1951, demandèrent l'ouverture d'une enquête et furent soutenus par benquet, Crevaux et Lambert, des délégués des détenus et envoyèrent les docteurs Lebon et Cadi, membres de l'assemblée, pour s'enquérir des conditions des détenus dans le milieu carcéral, à leur retour ils établiront un rapport des plus sévères. Zabana et ses campagnons, feront appel du jugement et seront transférés à Alger ou ils retrouveront Hadj Benalla en compagnie d'Abane Ramdane. Zabana sera libéré en 1953 avec Hadj Benalla et d'autres militants de l'OS, quelques temps après Zabana sera sous les ordres de Larbi Ben M'Hidi dans la préparation du déclenchement de la révolution du 1er Novembre 1954.