La grève du 28 janvier était pour le F.L.N. une épreuve de force de première importance. Des instructions parvenues le 14 janvier de Tunisie ne laissaient aucun doute sur l'importance que le F.L.N. attachait à ce mouvement, du fait que la lutte avait atteint son point culminant et le sort allait se jouer à l'O.N.U. C'est au cours d'une réunion tenue le 26 janvier à Alger, que les responsables du F.L.N. avaient décidé de frapper fort et la grève était le seul recours pour atteindre l'objectif que s'était fixé la direction. Pour la direction du FLN par la grève c'était se distinguée et internationaliser le conflit algérien. L'appel à la grève avait été entendu et ce même jour, toutes les radios arabes diffusaient l'appel du Front et de l'Armée de Libération nationale. Cette grève avait pour but de démontrer, à l'opinion internationale l'adhésion totale de tout le peuple algérien au Front de Libération nationale, et que celui-ci était son unique représentant. Elle visait aussi à donner plus de poids aux délégués mandatés par le peuple à l'O.N.U. Cette grève, devait s'inscrire dans la continuité politique indépendantiste du Front de libération nationale, et transformer en action concrète et évidente la lutte de libération nationale, aussi fallait-il que celle-ci soit réussie et suivie par le peuple algérien. Le mot d'ordre lancé, toutes les villes devaient suivre et pendant huit jours, l'Algérie offrira au monde une toute autre image, et pour attirer l'attention de l'opinion internationale, la grève devait être passive. Cette grève, était une première dans l'histoire des révolutions par le monde, de par la portée et le caractère significatif de la lutte pour l'indépendance. L'Algérie entière était inondée d'appels à la lutte armée. La grève des huit jours une nouvelle forme de combat De Rabat à Tunis en passant par le Maroc, l'Egypte, Baghdad, Damas, les radios et la presse se feront l'écho du peuple algérien, vantant "Ce courageux peuple qui avait repris le flambeau et voulait montrer à l'administration coloniale que cette lutte n'était pas seulement celle de groupes armées comme elle le prétendait mais de tout un peuple mettant en relief le caractère important de ce mouvement de grève historique, rare dans les annales des peuples. Cette grève, était le point de départ, d'une nouvelle forme de combat, afin de mettre fin aux tergiversations des autorités françaises." Sofia, Karachi, Djakarta feront donner le ton, quant à la "Voix des Arabes" du Caire, elle s'intéressera à la grève des 300 000 Algériens travaillant en France, grève "qui aura des répercussions sérieuses sur la métallurgie et l'industrie du bâtiment. Depuis le début de janvier une bataille psychologique avait été engagée par le F.L.N. afin de faire entendre la voix de l'Algérie dans le monde et l'inscrire dans le débat à l'O.N.U. le F.L.N. était conscient de l'enjeu d'un tel engagement, c'est la raison pour laquelle que celui-ci avait décidé de lancer, sur tout le territoire algérien, un ordre de grève générale d'une semaine. Le mot d'ordre était: "Grève générale du lundi au samedi". La radio du Caire ou de Tunis, sera le relais de cette action unique d'où l'admiration des peuples épris de liberté, les consignes étaient strictes et l'annonce se faisait comme une trainée de poudre, avec la promptitude de ce que l'on appelle le téléphone arabe. Pour le F.L.N. le but avant tout de cette grève était essentiellement psychologique, mais surtout destiné à démontrer qu'il ne plaisantait pas et qu'il avait le soutien du peuple, aussi devant une telle situation l'administration coloniale ne pouvait espérer briser complètement le mouvement. Sur le premier point la réquisition du personnel musulman était une mesure insuffisante. Le 28 janvier la grève était totale et l'on peut dire qu'à ce moment là c'était l'épreuve de force avec l'autorité coloniale. Céder, il n'en était pas question, la grève des huit jours constituait pour le FLN une des étapes les plus importantes dans l'histoire de l'évolution du mouvement révolutionnaire algérien, puisqu'elle est intimement liée au développement de la question algérienne auprès des Nations Unies et venait de prouver son assise , à travers la large adhésion populaire de toutes les catégories (étudiants, travailleurs, paysans et artisans). C'est d'ailleurs dans ce contexte qu'a émergé le rôle de l'Union Générale des Travailleurs Algériens, de l'Union Générale des Etudiants Musulmans Algériens et de l'Union des commerçants .Ce qui démontre la prise en charge de la Révolution par le peuple et partant de là, son attachement à sa revendication fondamentale, à savoir le recouvrement, sous la direction du Front et de l'Armée Nationale Populaire, des droits dont il avait été spolié. Mobilisation du peuple autour d'un objectif Dans l'appel à la grève, le Front de Libération Nationale avait précisé les causes ainsi que les objectifs visés à travers cette grève. Pour rappel, la révolution algérienne avait déjà remporté de larges succès diplomatiques auprès des instances internationales parmi lesquels le Congrès de Bandoeng en avril 1955 qui a approuvé une motion de soutien au droit du peuple algérien à l'autodétermination et est arrivée à inscrire la question algérienne à l'ordre du jour des travaux de l'assemblée générale de l'ONU, au cours de sa dixième session. La date du 28 janvier 1957 sera arrêtée par Abane Ramdane, Larbi Ben M'hidi et Benyoucef Benkhedda et ce, avant l'examen du dossier de la question algérienne à New York. Plusieurs commissions furent constituées, avec pour mission la sensibilisation et l'orientation de la population qui fut par ailleurs appelée à constituer des réserves de denrées durant les journées de grève. Elles devaient également définir des formes d'aide aux familles démunies et distribuer les tracts appelant à la grève. La lutte ne devait pas s'arrêter, du fait que l'Armée de Libération Nationale intensifie les attaques, monter des embuscades et multiplier les actes de sabotage au niveau des installations militaires et économiques françaises. Durant cette grève, le peuple avait exprimé sa confiance absolue en l'Armée et le Front de Libération Nationale en se mobilisant autour d'un même objectif et soutenir les efforts fournis par la délégation du Front de Libération Nationale, chargée de suivre la question algérienne aux Nations Unies et mettre les autorités coloniales devant le fait accompli à savoir : qu'elles étaient confrontées à une révolution populaire et que quels que soient les moyens de répression et de destruction employés par elles, elles ne pourront pas lui barrer la route vers le recouvrement de la souveraineté nationale spoliée. La grève sera effective dans toutes les régions du pays, à l'appel du Front de Libération Nationale, les Algériens sont restés chez eux et dans les villes, les différentes activités furent paralysées, à tel point que celles-ci ressemblaient à des villes mortes après que les locaux commerciaux furent fermés et désertés par les propriétaires. Concernant la proportion d'adhésion populaire au mouvement de grève, la presse étrangère et même française contemporaine de l'événement, dont l'Observateur, avance le chiffre de « 90% aussi bien dans les administrations que les services publics officiels tels que les services de la Poste, les chemins de fer ou les différents moyens de communication ainsi que les marchés publics centraux ou de vente au détail » Le colonialisme français a réagi en mobilisera d'importants moyens matériels et militaires en recourant à tous les subterfuges pour faire échouer la grève et concentrera des milliers d'agents de l'ordre français patrouillaient continuellement dans les rues d'Alger et des autres villes du pays. En dépit de toutes les menaces, mises en garde, actions de répression, la grève avait néanmoins atteint les objectifs que s'était fixés le Front de Libération Nationale à travers son déclenchement. La grève de huit jours a atteint plusieurs objectifs dont celle de la victoire politique sur le plan international visée par notre Révolution à travers un débat sur la question algérienne qui dura plus de dix jours et des recommandations démontrant que le problème algérien était l'un de ceux auxquels s'appliquent les principes de la Charte des Nations Unies relatifs au droit à l'autodétermination et demandant à la France de suivre cette direction pour sa solution.