Toutes ces personnes et militants connaissaient et appréciaient Zabana et à leur sortie de prison, ils nouèrent des liens plus solides avec grand nombre d'entre eux. Ce qui est intéressant dans le livre de Boualem Nedjadi, c'est qu'il reprend les témoignages et comme il l'explique : « Parfois je ressentais de profondes peines lorsque j'apprenais que tel ou tel n'était plus de ce monde. Ceux qui sont encore en vie méritent toute notre affection et notre reconnaissance. Ce sont de véritables héros de l'Algérie durant la guerre et de l'Algérie indépendante. Nous suggérons qu'une commission soit constituée afin d'étudier la possibilité de décerner une médaille commémorant l'appartenance à l'OS des militants, qu'ils soient toujours en vie à titre posthume aux familles de ceux qui sont décédés. Elle viendra récompenser l'engagement de ces valeureux militants pour la cause nationale ». Dans ce même contexte il ajoutera : « Tous les membres de cette organisation sont connus et listés. Ils étaient tous fichés auprès des services de police ; la plupart arrêtés et traduits devant les tribunaux français où ils ont été jugés et condamnés, en 1950. Il s'agit des tribunaux de Blida, Annaba et Oran. De hauts cadres supérieurs de l'Algérie indépendante sont vivants et ont appartenu à l'OS. Personne ne se risquerait à revendiquer son appartenance à celle-ci s'il ne l'avait pas été réellement : Pour conclure ces épisodes sur Zabana, et à l'approche du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie il y a lieu de citer ces condamnés à mort, pour mémoire. Jugé sommairement et exécutés. Zabana fut le premier martyr depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale à monter sur l'échafaud, le 19 juin 1956, dans l'enceinte de la prison de Barbarousse, sur les hauteurs d'Alger. Son exécution ainsi que celle de Ferradj avaient été réclamées à cor et cri par les milieux colonialistes dits "ultra", qui en firent un motif de satisfaction. Mais l'événement provoqua dans l'opinion algérienne un mouvement de colère si puissant qu'il ne tarda pas à se traduire par une série d'actions anticolonialiste. Si nous sommes revenus sur ce héro de la révolution, c'est pour mieux connaître l'homme, à l'occasion du cinquantième anniversaire, qui sera fêté dans quelques mois. Une commémoration qui a l'avantage de nous inscrire dans la mémoire de ce martyr de la révolution nationale algérienne. Le premier chahid guillotiné A l'occasion de ce cinquantième anniversaire de l'indépendance, rendre hommage à Zabana c'est se reconnaître en lui, car à travers son sacrifice, c'est mettre en valeur l'homme qui a été jusqu'au derniers instants de sa vie un modèle de vertu pour les générations, laissant ainsi un héritage fait de gloire et bravoure. Ahmed Zabana, militant de l'indépendance algérienne, premier résistant à mourir guillotiné en 1956, aux termes d'un simulacre de procès conduit par un tribunal colonial. Il est celui qui déclarait, du fond de la sinistre prison Barberousse d'Alger : « Le savoir, c'est la vie la plus noble et l'ignorance, la plus longue mort ». Et comment n'aurait-il pas vu un écho de sa lettre émouvante dans cette dernière missive qu'adressa Ahmed Zabana à ses parents, à la veille de son exécution et que nous publions à cette occasion, d'où l'émotion de ce grand moment pour un homme qui jusqu'au dernier souffle n'a cessé de croire en une Algérie libre et indépendante. Lettre d'adieu d' Ahmed Zabana à ses parents «Ne pleurez pas et soyez fiers de moi» «Mes chers parents, ma chère mère Je vous écris sans savoir si cette lettre sera la dernière et cela, Dieu seul le sait. Si je subis un malheur quel qu'il soit, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, car la mort pour la cause de Dieu est une vie qui n'a pas de fin et la mort pour la patrie n'est qu'un devoir. Vous avez accompli votre devoir puisque vous avez sacrifié l'être le plus cher pour vous. Ne me pleurez pas et soyez fiers de moi. Enfin, recevez les salutations d'un fils et d'un frère qui vous a toujours aimés et que vous avez toujours aimé. Ce sont peut-être là les plus belles salutations que vous recevrez de ma part, à toi ma mère et à toi mon père ainsi qu'à Nora, El Houari, Halima, El Habib, Fatma, Kheira, Salah et Dinya et à toi mon cher frère Abdelkader ainsi qu'à tous ceux qui partageront votre peine. Allah est Le Plus-Grand et Il est Seul à être Equitable. Votre fils et frère qui vous aime de tout son cœur.» Elever ces hommes au plus haut rang de la nation est un devoir Saluer la mémoire de Zabana est nécessaire, à condition de l'inscrire à tout jamais dans l'histoire exclusivement nationale mais aussi dans celle du combat sans cesse renouvelé de l'humanité tout entière contre l'injustice, qu'il aura combattu pour que vive l'Algérie d'où la résonnance encore présente dans les mémoires de ceux qui l'ont connu. L'exécution du Chahid Ahmed Zabana, le 19 juin 1956, est un crime contre l'humanité », les révélations sur la façon dont il avait été exécuté, ainsi que le déroulement de son procès qui avait été entaché d'irrégularités, demeurera un point noir pour l'administration coloniale Française. Certains défenseurs d'Ahmed Zabana avaient été menacés par des colons. Pour l'histoire, l'on retiendra que la première fois, la lame de la guillotine s'était arrêtée à cinq centimètres de la nuque du Chahid. L'officier chargé de l'exécution, malgré le refus de certains membres du jury présents, avait ordonné aux bourreaux d'actionner la lame jusqu'à ce que mort s'en suive. Mais «Tahya El Djazaïr» retentira toujours dans les subconcients des survivants qui n'oublieront jamais c'est certain. Exposée au Musée central de l'armée, la guillotine qui a fait tomber la tête du héros de la guerre de libération rappellera jusqu'à la fin des temps l'atrocité coloniale. Cette machine de la mort restera un témoin irremplaçable des crimes commis par le colonialisme pendant la révolution algérienne. Plus de 200 militants de la cause nationale, sur les 2 000 condamnés à mort, ont été exécutés entre 1956 et 1962. Mais Zabana exécuté, d'autres hommes n'en continueront pas moins de suivre la voie tracée par ce héros et des milliers d'autre déterminés à chasser l'envahisseur de la terre algérienne et, pour l'éternité, le nom du martyr Ahmed Zabana restera rattaché à l'usage de la guillotine en Algérie. Le 19 juin 1956 se souviendra également de l'exécution d'Abdelkader Ferradj, un autre martyr de l'Algérie. D'autres Algériens comme des Français solidaires de la cause nationale furent tout aussi impitoyablement exécutés. De nombreux survivants et témoins garderont en mémoire cette date d'où l'amer souvenir des moments passés à la prison de Barberousse, des moments chargés de souffrances, d'humiliations et de terreur. D'autres rescapés de la guillotine ont retracé les moments terribles de l'attente de la mort, et chaque minute qui passait en attendant l'aube s'égrenait comme une éternité en se demandant qui allait être le prochain Aujourd'hui, ces femmes et ces hommes sont immortalisés dans la mémoire de chaque Algérien. Ces condamnés à mort, se sont donné corps et âme à la cause nationale, c'est pour cela qu'il faut se les remémorer à chaque occasion, les honnorés et pourquoi pas les élever au plus haut rang de la nation en remerciement pour leur combat libérateur.