Les révolutionnaires égyptiens auraient-ils définitivement perdu leur bataille pour la liberté? Dans l'Egypte post-Moubarak, la liberté d'expression semble en effet plus que jamais mise à mal. L'acteur égyptien Adel Imam, monstre sacré du cinéma arabe, a été condamné jeudi 2 février à trois mois de prison par un tribunal du Caire pour "diffamation envers l'islam".Que lui reprochait donc Asran Mansour, un avocat proche des islamistes, l'auteur des poursuites en justice ? Non pas des propos tenus récemment contre la religion musulmane, mais des rôles joués à l'écran comme à la scène il y a 10 à 20 ans de cela. Aux nombres des œuvres incriminées figurent en effet le film AL-IRHABI ("Le Terroriste") réalisé en 1994 et dans lequel Adel Imam joue le rôle d'un musulman fondamentaliste, et la pièce de théâtre AL-ZAIM ("Le leader"), une comédie créée en 1985 dans laquelle il tourne en dérision les leaders autocratiques de la région. Or, ce qui a fait le succès de Adel Imam et la longévité de sa carrière (plus d'une centaine de films et une dizaine de pièces de théâtre) est bel et bien le sarcasme qui s''exprime dans les différents rôles qu'il a incarnés à l'encontre des leaders et des religieux. Pour le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui l'a choisi comme ambassadeur de bonne volonté en 2000.