Malgré plus de vingt ans d'âge, le pluralisme qui a touché le monde de la presse écrite, et qui est à l'origine de la multiplication actuelle des titres de presse, ne semble pas profiter encore d'une façon équitable à tous les citoyens, à en juger par la situation que vit le lectorat de la commune de Fornaka. En effet, jusqu'à l'heure de la rédaction de ces lignes, la commune de Fornaka ne compte toujours pas dans le réseau de distribution de la presse écrite locale et nationale. Par le passé lointain, le lecteur devait se déplacer hors de la commune pour acheter son journal préféré. Mais aujourd'hui, il n'a plus besoin de faire ce déplacement, et pour cause, presque tous les journaux sont maintenant disponibles chez les buralistes. Néanmoins, cette disponibilité de la presse écrite, toujours coûteuse pour le lecteur comme il sera expliqué plus loin, est trompeuse, car elle est le résultat d'une solution palliative au réel problème d'exclusion de la commune de Fornaka du circuit des livreurs de journaux. Cette solution, qui n'en est pas une en réalité, découle en fait d'une initiative privée des buralistes, lesquels se sont rendus compte du vide en matière de journaux et s'y sont magistralement engouffrés. Les raisons évidentes de cet investissement des buralistes dans le créneau des journaux n'ont bien entendu rien d'un geste purement désintéressé destiné uniquement à rompre l'isolement de la commune en matière de distribution de presse écrite et à répondre à un besoin légitime des citoyens en matière d'information. Le journal est en effet écoulé à raison de 50% de son prix public nettement inscrit en haut de sa Une. Pour justifier les 5 dinars de gain qu'ils empochent sur chaque titre vendu, une marge jugée par ailleurs excessive par les lecteurs, ces buralistes brandissent le prétexte de leurs frais de déplacement pour ramener les journaux depuis les communes avoisinantes. Ne sachant plus à quel saint se vouer, le lectorat de la commune de Fornaka continue donc, résigné, à payer 2 journaux au prix de 3. Quant aux buralistes qui rendent un précieux service au lectorat tout de même, et qui tirent « légitimement » profit de cette fausse crise de journaux dont, au demeurant, ils ne sont nullement responsables, ils devraient certainement se dire, en privé: pourvu que ça dure ! Indéfiniment…