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Les « Enfumades du Dahra », un crime contre l'humanité
167 ANS APRES : QUI SE SOUVIENT ?
Publié dans Réflexion le 20 - 06 - 2012

Il y a de cela 167 ans à Ghar El Frachih, plus d'un millier de personnes de la tribu des Ouled Ryah, furent enfumées. Cela s'est passé le 18 juin 1845. Les grottes de Ghar El Frachih se souviendront à jamais qu'ils furent le théâtre d'une odieuse extermination massive de populations civiles.
L'histoire moins oublieuse que ne le suppose ceux qui entendent l'écrire aujourd'hui ici ou ailleurs, à coup d'injonctions légales, retiendra que le crime fut commis contre des hommes, femmes et enfants pris au piège du refuge qu'ils avaient choisi pour un ultime acte de résistance devant la soldatesque coloniale. Plus d'un millier de personnes asphyxié, parce qu'elles ont osé se dresser contre l'occupation mais sans aucun moyen de défense de nature militaire, face à une armée menée par des officiers en proie à la hargne sauvage pour préparer les territoires à la colonisation en y semant la mort et la désolation avec une haine et une absence de retenue que l'histoire retiendra contre les colonels Pélissier et Bugeaud comme une tache honteuse d'un crime contre l'humanité irrémissible. Le 18 juin 1845, le colonel Pélissier n'hésite pas à asphyxier plus de 1 000 personnes, hommes, femmes et enfants, des Ouled Riah, qui s'étaient réfugiées dans la grotte de Ghar-El-Frachih dans le Dahra. A ce propos, un soldat écrira pour la postérité : « Les grottes sont immenses ; on a compté 760 cadavres ; une soixantaine d'individus seulement sont sortis, aux trois quart morts ; quarante n'ont pu survivre ; dix sont à l'ambulance, dangereusement malades ; les dix derniers, qui peuvent se traîner encore, ont été mis en liberté pour retourner dans leurs tribus ; ils n'ont plus qu'à pleurer sur des ruines. » Suite à la résistance faite de harcèlement, d'embuscades par la tribu des Ouled Riah : la réaction des troupes françaises dépassera les normes de la guerre conventionnelle, mais aussi de l'horreur. Le général Bugeaud et ses troupes se lanceront contre la tribu des Ouled Riah, alliés de Boumaza. Après des combats violents, hommes, femmes et enfants soit près d'un millier de personnes se réfugient dans les grottes considérées comme inexpugnables et dans lesquelles ces tribus s'étaient déjà réfugiées durant la lutte contre la présence ottomane. Durant les pourparlers des coups de feu sont échangés et le colonel Pélissier ordonne d'amasser des combustibles devant l'ouverture des grottes appliquant les recommandations du général Bugeaud déjà mis en pratique « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes dira-t-il, imitez Cavaignac aux Sbéhas ; fumez les à outrance, comme des renards », le sinistre stratagème ayant déjà été utilisé. Le feu est mis aux très nombreux bûchers qui ceinturent les cinq ouvertures qui commandent l'entrée des grottes, de nombreuses fascines enflammées sont jetées du haut des rochers devant l'entrée des grottes. Après le forfait accomplit, le lendemain une compagnie formée d'hommes du génie et de tirailleurs, reçoit l'ordre de pénétrer dans les grottes. À l'entrée, des animaux dont on avait enveloppé la tête pour les empêcher de voir ou de mugir sont étendus à moitié calcinés. Puis ce sont des groupes effrayants, que la mort avait saisi, le spectacle était saisissant du fait que les cadavres jonchaient le sol. Des nouveau-nés gisaient enfin çà et là des masses de chair informes piétinées forment comme une sorte de bouillie humaine. Plus d'un millier d'enfants de femmes et d'hommes avaient été asphyxiés et brulés. Après ce massacre, Pélissier fait mine de consciences inquiètes et osera déclarer : « La peau d'un seul de mes tambours avait plus de prix que la vie de tous ces misérables. » Cependant outre mer des voix s'élevèrent suite au crime perpétré par le général Pélissier, car le poète Lamartine, député dénoncera vigoureusement lors de la première session de l'assemblée parlementaire de 1846 les très nombreuses exactions : condamnant ainsi les massacres des populations, les incendies d'habitations, les destructions de moissons, d'arbres fruitiers, et la politique de la terre brûlée, en faisant allusion aux enfumades il dira : « Je pourrais vous parler d'autres actes qui y ont fait frémir d'horreur et de pitié la France entière les grottes du Dahra où une tribu entière a été lentement étouffée. J'ai les mains pleines d'horreur, je ne les ouvre qu'à moitié »! À Paris, on s'indigne lorsqu'on apprend les « enfumades ». Sur le terrain également les méthodes de « pacification » préconisées par Bugeaud sont contestées par certains de ses subordonnés, en particulier Eugène Dubern. Les enfumades du 18 juin 1845 n'étaient pas les premières, pour ne pas oublier de citer, celles du 11 juin 1845 à Orléanville, « Chlef » où le général Bugeaud, commandant en chef, avait conseillé à ses subordonnés d'enfumer les partisans de l'émir Abd El Kader peuplant la région du Chélif: « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Enfumez-les à outrance comme des renards. » D'autres enfumades avaient été perpétrées, telles que celles des Sbéhas le 11 juin 1844. Le Dahra, n'en continuera pas moins de payer un lourd tribu, après les enfumades de Ghar el Frachih, avec les emmurades des Sbehas (Ouled Sbih) d'Aïn-Merane du 8 au 12 août 1845 par Saint-Arnaud qui le 8 août 1845 ordonnera à ses soldats d'emmurer vivants 500 Algériens qui s'abritaient dans une grotte entre Ténès et Mostaganem (Aïn-Merane) et qui refusèrent de se rendre. Il déclarera : « Je fais boucher hermétiquement toutes les issues et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ces fanatiques. Personne n'est descendu dans les cavernes. Personne que moi ne sait qu'il y a dessous 500 brigands qui n'égorgeront plus les Français ».
Les Pélissier et autre Bugeaud ont bafoué les valeurs les mieux partagées par les hommes au combat, et la France continue à profaner la mémoire des victimes, au-delà de tout entendement humain. Les enfumades du Dahra s'inscrivent dans la longue liste des crimes contre l'humanité et dans la barbarie la plus perverse qui s'est abattue sur les populations du Dahra L'oubli ne peut être consenti face à une vilénie et une forfaiture collective contre des innocents et il ne faut pas oublier que l'histoire de la colonisation recèle de pages truffées d'actes les plus inhumains infligés aux algériens et notamment aux populations du Dahra. Les populations du Dahra, garderont à jamais les stigmates de ceux qu'il suffira d'évoquer les noms pour donner au crime contre l'humanité sa définition la plus révoltante pour en laisser le Jugement à Dieu.


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