La ville d'El Bahia est devenue par le fil du temps la première escale des immigrants Africains du fait qui est voie de devenir une zone d'installation des immigrés subsahariens ? C'est la question que se pose un grand nombre d'Oranais qui constatent, chaque jour, l'arrivée de nouveaux groupes venus occuper les places publiques ou les abords des mosquées, dont certains pour mendier. Il y a quelques temps, les Subsahariens considéraient la capitale de l'Ouest comme une escale dans leur transhumance. Ils ne faisaient que transiter pour reprendre des forces avant de continuer leur voyage vers les rives de Oued Jorji ou Oued Derfou à Maghnia, où ils ont installés des camps où s'entassent des dizaines de leurs pairs. Ces taudis servaient de lieu de regroupement de tous les candidats au voyage vers l'Europe via l'enclave marocaine occupée de Mellila. Mais ces derniers mois, et avec le tour de vis constaté dans le contrôle des flux migratoires vers l'Europe via les plages marocaines, ou des territoires sahraouis occupés, les choses ont changé. Les cohortes d'immigrés s'installent à Oran. Ils vivent d'expédients en attendant un hypothétique voyage qui serait organisé par les réseaux installés en Europe. Hier matin dans un cybercafé du centre ville, nous avons été étonnés par la discussion par tchat que tenait un ressortissant africain dont nous ignorons la nationalité, avec un de ses compatriotes qui cherchait à quitter son pays d'origine. A partir du cybercafé, cette personne fournissait les moindres détails à son correspondant sur le voyage qui devait l'amener à Oran. Dans son explication, il lui avait indiqué que le périple comptait trois grandes étapes : Tamanrasset, Oran et Maghnia. Il lui avait même indiqué que la traversée coûtait 1500 euros, négociable pour les amis auprès de passeurs installés au Mali et au Niger. En réalité, ce qu'expliquait ce Subsaharien à son compatriote, c'est comment venir s'échouer à Oran car depuis quelques mois les frontières ouest sont devenues imperméables, et rares sont les immigrés qui réussissent à les franchir. D'ailleurs, leur flux vers les camps d'Oued Jordi et Oued Derfou s'est ralenti, ce qui laisse penser qu'ils se terrent à Oran en espérant une solution qui pourrait venir des passeurs installés en Europe. Et dans ce contexte, il n'est pas à écarter de voir ces malheureux affluer vers les régions est du pays en vue d'une hypothétique solution qui viendrait d'Italie où le Parlement vient de voter une loi qui permettrait à certains clandestins qui collaboreraient à la lutte contre l'esclavagisme et contre le travail clandestin de disposer de papiers légalisant leur séjour. Oran est finalement une escale dans la longue transhumance vers le Nord qui se termine parfois au fond de la mer Méditerranée pour un grand nombre de personnes. La place de M'dina Jdida est devenue un lieu où se rencontrent ces malheureux. Et si par le passé, ils n'étaient que de jeunes aventuriers, aujourd'hui ce sont des familles avec femmes et enfants qui échouent sur la voie publique attendant un signe des réseaux de passeurs.