Ils ont été arrêtés au cours des dernières semaines en Espagne en possession de pièces d'identité et de documents de voyage algériens. L'information vient confirmer des rumeurs qui circulaient et faisaient état de collusion entre les groupes armés du GIA qui écumaient les monts frontaliers et les trafiquants de drogue du royaume chérifien. Plusieurs victimes de faux barrages, dressés à l'époque, étaient dépossédées de leurs pièces d'identité. Ces dernières étaient utilisées par des terroristes recherchés par les services de sécurité. Abdelhak Layada, pour sa fuite vers le Maroc, avait utilisé des documents volés à un citoyen et maquillés par un faussaire à la réputation établie. On dit que ce dernier aurait confectionné les faux documents qui avaient permis à Rabah Kebir de traverser tout le territoire national avant de franchir, en toute impunité, la frontière avec le Maroc. Le nom de ce faussaire avait été évoqué à l'époque de l'affaire des 6 quintaux de drogue, laquelle avait éclaté à Oran. Zendjabil, dit Ahmed Chelfi, le cerveau du réseau avait eu recours aux services de ce faussaire pour établir de faux documents qui lui ont permis d'échapper aux services de sécurité. La situation que traverse le pays a permis à plusieurs candidats à l'émigration vers l'Espagne, via le Maroc, de bénéficier d'un traitement spécial. Les camps de la CICR installés dans les enclaves de Ceuta et Mellila relevant de l'autorité de Madrid leur sont grands ouverts car considérés comme des réfugiés fuyant une situation de violence dans leur pays. Cette facilité accordée aux Algériens a conduit les réseaux de trafic de drogue et d'émigration clandestine à s'intéresser à la filière algérienne. Ils prirent attache avec les réseaux de trafic de drogue qui ne s'empêchaient pas de les aiguiller vers le filon des groupes armés du GIA qui écumaient la zone frontalière et qui faisaient des monts Asfour leur repaire. Depuis, et le Président de la République n'avait pas tort quand il avait stigmatisé la passivité marocaine dans son discours prononcé à Béchar en 1999. Les accointances, révélées à plusieurs reprises entre les réseaux de trafic de drogue et ceux de l'émigration clandestine marocaine, sont un secret de polichinelle. Les arrestations opérées par la Guardia civile espagnole dans la périphérie des camps de la CICR de Ceuta et Mellila ou celles opérées au large des côtes ibériques ou non loin du détroit de Gibraltar ont confirmé cet état de fait. Plusieurs candidats à l'émigration clandestine ont été arrêtés en possession de documents de voyages et d'identification d'algériens falsifiés. Ces documents se sont avérés être ceux de victimes assassinées par les hordes du GIA à des faux barrages dressés sur certains axes routiers de l'Ouest algérien, ou encore ceux confisqués par les groupes armés au cours de leurs descentes dans certains hameaux situés sur la bande frontalière. On parle même de certains réseaux algériens de voleurs à la tire qui auraient des «atomes crochus» avec certains spécialistes de l'émigration clandestine marocains. Ces derniers auraient exigé de leurs relais en Algérie d'être sélectifs pour ne leur proposer que des documents qui ne soient pas plastifiés pour leur faciliter la tâche de maquillage pour faire du vrai document algérien, un faux qui servira à un Marocain qui aura pris la peine de débourser entre 500 et 1000 dirhams de Sa Majesté le document retouché. Au cours du mois de juillet, la Guardia civile espagnole avait arrêté plusieurs clandestins qui tentaient de rentrer en Espagne par les petites criques situées au sud de la péninsule ibérique. Mieux encore, plusieurs embarcations ont été arraisonnées par les gardes-côtes espagnols au large de Gibraltar et des eaux territoriales d'Espagne. Les réseaux marocains d'émigration clandestins ont poussé leur culot jusqu'à proposer à la vente des documents officiels algériens au plus offrant. Pour ce faire, certains rabatteurs n'hésitaient pas à se poster aux alentours des camps de la CICR situés dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Mellila, pour dénicher de potentiels clients capables de mettre le prix pour faire le voyage vers l'Europe. Des Africains qui ont été refoulés par la police de Sa Majesté vers le territoire algérien et qui ont atterri dans les camps de fortune installés à Oued Derfou ou Oued Jorji avaient fait état d'un grand trafic pratiqué «effrontément» par certains passeurs marocains. Ces derniers proposent au plus offrant des documents d'identité et de voyage algériens considérés comme de véritables sésames par les temps qui courent. Les autorités marocaines qui «claironnent» à la moindre occasion leur désir de voir les frontières avec l'Algérie rouvertes devraient, avant d'émettre un voeu pareil, penser à respecter la souveraineté de leur voisin. Pour ce faire, elles doivent se montrer vigilantes d'une part et traduire d'autre part dans les faits leur volonté de construire un Maghreb qui pourrait garantir la souveraineté des peuples et l'inviolabilité de leurs documents officiels devenus, par la grâce des réseaux mafieux, un produit proposé même dans les étals de marchés.