En sa qualité de principale structure sanitaire de la région frontalière dont la population globale est estimée à quelque 350 000 âmes, l'établissement public hospitalier (EPH) ChaâbaneHamdoun de Maghnia est quotidiennement le point de convergence de très nombreux patients en quête de médication. Eu égard à l'afflux important, l'hôpital est-il en mesure d'assurer des prestations de qualité à même de rassurer les patients, notamment les plus mal en point d'entre eux, et leurs accompagnateurs ? Si l'on se fie aux propos de certaines personnes ayant l'habitude de fréquenter cet établissement, on serait tenté de répondre par la négative. La situation semble, en effet, s'être dégradée ces derniers temps comme le confirme ce parent de malade : « Depuis quelque temps, la prise en charge des patients laisse un peu à désirer ». A la question de savoir si le personnel médical et paramédical est responsable de cette situation, il répondra sans hésiter : « Non, pas du tout ! Les médecins et autres infirmiers se dévouent à leur travail, ils font ce qu'ils peuvent. Le problème est plutôt d'ordre matériel : le manque de médicaments et de produits nécessaires à l'accomplissement de leurs tâches les empêche de mener à bien leur travail ». On est allé jusqu'à dire que, par manque de produits, le service de chirurgie a été contraint de limiter ses activités aux cas les plus urgents. Les autres doivent attendre une hypothétique arrivée de produits pour passer sur la table d'opération. Les professionnels de la santé qui exercent au niveau de cet EPH reconnaissent eux aussi l'indisponibilité des produits qui constitue une entrave à la bonne marche de l'établissement et l'empêche donc d'offrir de meilleures prestations aux patients qui sont, bien évidemment déçus de la prise en charge défectueuse. En plus des problèmes liés à l'insuffisance de matériel et de produits, ils évoquent également le manque de spécialistes dont souffre leur établissement. Le service de gynécologie et obstétrique, régulièrement très sollicité par un nombre important de femmes, souffrirait le plus de la pénurie de médicaments et de spécialistes en même temps. Ils seraient seulement 2 médecins, un spécialiste et un généraliste, à prendre en charge toutes ces femmes qui viennent, chaque jour, trouver une cure ou un soulagement à leurs douleurs. Les sages-femmes, pour leur part, ont fort à faire pour s'occuper de toutes les femmes qui doivent accoucher. En été, tout particulièrement, celles-ci sont débordées en raison de l'affluence nombreuse, ce qui a, parfois, pour effet, de mettre en difficulté les parturientes. Cela n'enlève rien aux mérites du personnel de ce service qui, en dépit de l'effectif réduit, parvient à faire du bon travail comme en témoignent les quelque 740 accouchements réalisés durant les deux derniers mois, dont 104 par césarienne, en plus du nombre important de consultations générales et spécialisées qui dépasseraient les 2000. D'autres services, également dépourvus de moyens, éprouvent les pires difficultés pour prendre en charge les patients et cela n'est pas sans irriter ces derniers qui commencent à élever leurs voix pour demander une plus grande disponibilité des médecins et la dotation du personnel en moyens à même de faciliter la tâche aux praticiens. La balle est dans le camp des autorités sanitaires qui doivent faire le nécessaire pour doter les établissements de santé en moyens humains et matériels pouvant leur permettre d'accomplir leur rôle comme il se doit au grand bonheur des citoyens qui se sentent délaissés lorsqu'ils sont confrontés à des ennuis de santé.