La phrase de la semaine, et de trop : « quitte à avoir à gérer des mouvements de protestation qui sont, d'ailleurs, inévitables », tranche le ministre de l'intérieur à l'égard des walis pour les porter à respecter l'échéancier présenté par le président de la République quant à l'attribution des logements. Certes, la distribution de ces logements qui ne ressemblent à rien, peut à bien des égards apaiser un tant soit peu les esprits qui s'échauffent au fur et à mesure de l'approche de l'hiver. Mais quand on sait que l'inévitabilité de ces contestations souvent légitimes, reste inéluctable ; c'est à se demander réelle la raison de cette problématique. Et là, l'on ne trouve pas juste l'indélicat petit maire qui traficote avec le chef de service de l'Etat Civil pour signer des résidences à des citoyens venus d'outre commune, voire d'outre wilaya. C'est facile de mettre tous les maux du pays sur le dos d'un lamentable élu souvent volontairement favorisé pour faire passer les choses. Car finalement, il ne s'agit pas que de fantoches listes sur lesquels souvent bien des pistonnés reviennent pour se voir octroyés un énième logement. Donc, il y a va d'abord du fameux fichier national du logement qui n'a jamais été élaboré et auquel beaucoup de walis s'y opposent. Et puis ces mêmes walis qui gardent un pouvoir total sur la distribution, ne disposent pas juste de fonciers. Ils disposent également de quotas de logements sociaux qu'ils distribuent à leurs proches, ou leurs connaissances. Une situation qui crée de véritables réseaux : des personnes acquièrent plusieurs logements dans différentes wilayas. Elles les revendent ou les louent, empochant d'importantes plus-values. Là encore, comme pour le paiement en cash, le gouvernement ne veut pas agir. Régulièrement évoqué depuis 2001, le Fichier national du logement, censé contenir la liste des bénéficiaires de logements pour limiter la fraude, n'a jamais vu le jour. Pas mal de walis s'y opposent fermement à la création de ce fichier et refusent de collaborer. Un fichier national va en effet permettre des recoupements qui feront ressortir les noms de personnes ayant bénéficié de plusieurs logements. Et cela dérange. Et puis il y a aussi le décret exécutif 98-42 qui supprime théoriquement le quota des Walis. Or, certains d'entre eux se foutent royalement de ces dispositions et continuent à servir et à se servir, impunément, en achetant dans la foulée, le silence par la compromission. C'est dire finalement que ce n'est pas juste au pauvre maire à qui il faut en vouloir. Car lorsqu'un petit appart' social payé à prix modique se juge au prix des yeux de la tête, et qu'à travers le pays un million de logements demeure fermé, ce n'est pas juste le foncier qui prend feu, mais c'est la tête du malheureux algérien qu'on se paye. Une autre manière de détourner l'opinion publique quand ni les espaces verts, ni les écoles, ni le bureau de poste, pour ne pas parler de centres de loisirs, ne vont avec les nouvelles cités parfois démunies même du réseau d'assainissement ! C'est dire qu'Allah vienne en aide à ceux qui habiteront ces cités.