Le coup d'état militaire du printemps dernier au Mali aura déstabilisé la région nord toute entière. Le Département d'Etat américain a désigné ce vendredi 7 décembre le Mouvement pour l'Unité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), ainsi qu'Hamad el Khairy et Ahmed el Tilemsi, deux des dirigeants de l'organisation, comme Specially Designated Terrorists en vertu du Décret (EO) 13224, qui vise les terroristes et ceux apportant un soutien à des terroristes ou à des actes de terrorisme. A la suite de cette désignation, tous les biens soumis à la juridiction américaine dans laquelle le MUJAO, el Khairy et/ou el Tilemsi auraient des intérêts sont bloqués et il est interdit à tout Américain de faire des transactions avec eux ou à leur profit. En plus de cette désignation aujourd'hui par les Américains, le MUJAO, en tant qu'entité lié à al-Quaïda, a été également désigné comme groupe terroriste par le comité des sanctions contre al-Quaïda de l'Organisation des Nations Unies. L'ONU exige que tous les Etats membres mettent en œuvre un gel des avoirs, une interdiction de voyager et un embargo sur les armes à l'encontre du MUJAO. L'organisation terroriste se déclare toutefois peu impressionné par ces sanctions: L'action de l'ONU et des Etats-Unis démontre la volonté internationale de contrer l'action du MUJAO au Mali et dans la région environnante, souligne le communiqué du Département d'Etat américain qui annonce la nouvelle.
Le MUJAO Le MUJUAO a été créé en septembre 2011 par des membres d'al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dans le but d'étendre leurs activités en Afrique de l'Ouest. Il a été à l'origine de violentes attaques terroristes et d'enlèvements dans la région, y compris, en octobre 2011, l'enlèvement de trois travailleurs humanitaires dans un camp de réfugiés dans l'ouest de l'Algérie, une attaque suicide en mars 2012 sur une base de la police à Tamanrasset, en Algérie, qui a blessé 23 personnes, et une attaque en juin 2012 à Ouargla, Algérie, qui a fait un mort et 3 blessés. Le MUJAO est aussi responsable de l'enlèvement en avril 2012 de sept diplomates algériens à Gao, au Mali. Bien que trois des diplomates ont depuis été libérés, l'organisation terroriste continue à faire des demandes en échange de la libération des diplomates restants, et a menacé de tuer les otages si ces demandes ne sont pas satisfaites. Hamad el Khairy et Ahmed el Tilemsi sont quant à eux les dirigeants et des fondateurs de MUJAO. El-Khairy a été impliqué dans l'enlèvement MUJWA pour l'enlèvement d'avril 2012 des diplomates algériens, et il est apparu dans des vidéos MUJAO, proférerant des menaces contre ceux qui s'opposent à l'organisation. Avant son rôle de leader dans le MUJAO, al-Khairy a été membre d'Aqmi, et a été impliqué dans la planification des opérations terroristes contre la Mauritanie en 2007. El-Tilemsi, pour sa part, agit en tant que chef militaire et a participé directement en octobre 2011 à l'enlèvement des trois travailleurs humanitaires en Algérie, qui a fait deux blessés par balles. Avant de rejoindre le MUJAO, el-Tilmesi était lui aussi affilié à AQMI, et a participé avec cette organisation en janvier 2011 à l'enlèvement de deux ressortissants français à Niamey, au Niger. Le MUJAO au Mali Le Mujao s'est emparé il y a huit mois de la partie nord du Mali aux côtés d'Aqmi et d'Ansar Dine, adeptes d'une application rigoureuse de la charia (loi islamique) dans tout le Mali. Depuis la conquête du nord du pays, la place forte du MUJAO est Gao, grande ville du nord-est du Mali dont il a évincé en juin dernier le mouvement sécessionniste touareg MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) au terme de violents combats. La désir des Africains et de l'Europe, tout particulièrement de la France, d'obtenir rapidement le feu vert de l'ONU à l'intervention d'une force internationale de reconquête du Mali se bute au scepticisme des Américains. Le commandant des Forces américaines en Afrique, le général d'armée Carter Ham, a mis en garde le lundi 3 décembre contre toute action militaire prématurée au Mali, même si, comme il l'a souligné lui-même, les extrémistes liés à Al-Qaïda ont renforcé leur emprise sur la partie nord du pays. Le commandant du United States Africa Command a déclaré que toute intervention militaire serait vouée à l'échec et empirerait la situation déjà fragile si elle était lancée maintenant. Pendant ce temps, l'ONU examine attentivement les plans pour une force internationale de 3 300 hommes que lui ont soumis le gouvernement malien et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Le Conseil de sécurité de l'organisation internationale, dont l'autorisation est nécessaire, devrait se prononcer bientôt sur le plan de reconquête soumis par la CEDAO.