L'armée malienne a sonné la récréation et se mobilise pour reconquérir le nord du pays. Selon un général malien, un consensus aurait été trouvé avec la communauté internationale à l'initiative de la Cédéao et de l'Union africaine : l'armée malienne sera le fer de lance pour la libération des territoires occupés. Un plan d'intervention aurait été élaboré. Ces derniers jours, une opération urgente pour le recrutement de 15 000 jeunes a été entamée par l'armée. Deux centres de recrutement ont été ouverts à Ségou et Bamako afin de combler le vide créé par les désertions des soldats qui ont intégré les rangs des Touareg, a indiqué Ibrahima Dahirou Dembélé. Le général de brigade a expliqué que le Mali ne ménage aucun effort pour reconstruire «une armée disciplinée et aider à sécuriser le territoire et les zones frontalières après la reconquête des régions occupées». Les jeunes Maliens veulent défendre la patrie, a expliqué un haut responsable. Plusieurs dossiers de candidats ont été déposés dont le dépôt sera clôturé lundi. Plusieurs milices privées ont déjà été formées dans le but de participer à la reconquête du nord du pays, a déclaré un responsable de l'armée. Le recours à la force dans le nord du Mali semble se préciser mais pas comme il a été préconisé par les partisans de la guerre au Sahel. D'autre part, plusieurs sources indiquent que l'armée malienne bénéficiera d'un appui logistique et technique pour mener une intervention dans les prochaines semaines. La participation des rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et d'Ansar Dine n'est pas exclue. Parmi les nouveaux éléments, figurent la sollicitation par les Etats-Unis de l'Algérie afin qu'elle joue son rôle de leader dans la lutte contre le terrorisme dans la région compte tenu de sa riche expérience. A ce sujet, M. Medelci a récemment indiqué, depuis Bruxelles, que l'Algérie assumera ses responsabilités dans le processus de règlement de la crise malienne dans le respect des décisions de l'ONU. Abdelkader Messahel a également déclaré que le recours éventuel à l'action militaire doit cibler les groupes terroristes et ceux liés au trafic de drogue et au crime organisé qui constituent la véritable menace dans la région, faisant allusion à Aqmi. Il a expliqué que la solution politique négociée, seule à même de permettre d'aboutir à une solution viable et durable, doit impliquer le gouvernement central malien et la rébellion malienne qui s'identifie aujourd'hui dans les groupes constitués par le Mouvement national de libération de l'Azawad et Ansar Dine. Dans la foulée, le Conseil de sécurité des Nations unies vient d'inscrire le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) sur la liste des organisations terroristes. Ce classement survient deux jours après des sanctions prises par le Conseil de sécurité à l'encontre du Mujao, en tant qu'entité liée à Al-Qaïda. Le Mujao et deux de ses dirigeants, Hamad al-Khairy et Ahmed al-Tilemsi, sont dorénavant considérés par la législation américaine comme des «terroristes» ou comme des «soutiens à des terroristes ou au terrorisme», selon le communiqué du département d'Etat. Conséquences de ce classement, «tous les biens sous juridiction américaine dans lesquels le Mujao, MM. Khairy ou Tilemsi ont des intérêts sont bloqués et les ressortissants américains ont interdiction de mener des transactions avec eux», conformément à la procédure américaine classique dans ce genre de cas. Le Mujao est devenu l'un des maîtres du nord du Mali et s'est illustré par des prises d'otages. Il a revendiqué fin novembre le rapt d'un Français dans l'ouest du Mali. Cet enlèvement a porté à 13 le nombre d'otages étrangers détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mujao, dont sept Français. Fondé par le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou, alias Abou Ghoum-Ghoum, le Mujao s'est emparé il y a huit mois de la partie nord du Mali aux côtés d'Aqmi et d'Ansar Dine, adeptes d'une application rigoriste de la charia dans tout le Mali. Depuis lors, sa place forte est la grande ville de Gao (nord-est), dont il s'est rendu totalement maître en évinçant le mouvement sécessionniste touareg MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) à l'issue de violents combats.