L'administration locale semble impuissante devant les ramifications des réseaux d'affaires spécialisés, dans le détournement des parcelles de terres agricoles, ou des terrains d'assiette où on projetait la concrétisation des projets d'utilité publique, même les espaces verts n'ont pas échappé à cette main basse. Cette résignation et fait accompli, viennent d'être reconnus par le chef de daïra d'Ain El Turck lui-même. « Nous avons hérité d'une situation catastrophique dans le domaine du foncier. Le constat sur le terrain est effarant, plus particulièrement dans le chef-lieu où nous avons relevé un nombre indéterminé de transgressions à la réglementation en vigueur ». Ces graves transgressions ont été perpétrées au vu et au su de tout un chacun, à son poste de responsabilité au moment des faits, sans qu'aucun ne crie au scandale et n'intervienne conformément à la loi pour mettre un terme à ce massacre, qui a commencé au milieu des années 90 et continue toujours. Ce triste constat constitue souvent le principal thème des discussions sur la place d'Aïn El-Turck des anciens habitants de cette région côtière, qui faisait leur fierté dans un passé encore vivace. « On pouvait apercevoir la mer à partir de la route nationale et savoir ainsi si elle était calme ou agitée. Mais hélas aujourd'hui avec l'anarchie en thèmes d'architecture, qui défigure le paysage et obstrue la vue, nous ne pouvons voir que le béton, qui s'élève insidieusement au-delà des limites requises conformément aux normes universelles, qui devraient être appliquées à la lettre dans cette ville balnéaire, aspirant à promouvoir le secteur du tourisme », a commenté, avec une pointe sensible de dépit, un architecte à la retraite, originaire du chef-lieu de la daïra d'Aïn El-Turck. Toujours est-il que la loi 8/15, récemment promulguée par le gouvernement, dont le délai a expiré le 15 juillet dernier, semble avoir été une aubaine pour certains de ces contrevenants, qui se sont bousculés aux guichets des services du domaine et du cadastre pour tenter de régulariser leur situation. L'annonce de la promulgation de cette loi, avec un délai d'expiration limité, a fait, en effet, réagir illico presto d'opportunistes transgresseurs du foncier dont les habitations ne sont pas inscrites sur le registre du cadastre et ne disposent automatiquement pas d'acte de propriété. « Il y a urgence dans notre lieu de résidence et cela ne date pas d'aujourd'hui. Un véritable assainissement est devenu primordial, ne serait-ce que pour tenter de sauver le peu de meubles qui restent encore », a ajouté en substance notre même interlocuteur à travers des phrases lourdes de sens, qui se veulent être un SOS en direction des autorités concernées. Des témoignages concordants, encore plus virulents à l'encontre de l'anarchie de l'urbanisme, ont été formulés par d'autres habitants outrés, natifs de cette région côtière. La dilapidation du foncier, notamment la mainmise dans des conditions douteuses, d'immenses superficies de terres agricoles, détournées par la suite de leur vocation initiale, ainsi que l'accaparation de patrimoines de l'Etat à des fins commerciales, constituent l'essentiel des scandales à répétition dans la daïra d'Aïn El-Turck et ce, depuis l'époque de turbulence de la délégation de l'exécutif communal, DEC. La valse des procès intentés contre les présumés auteurs de ces malversations n'a pas cessé depuis et ne semble, en toute vraisemblance, selon le triste constat, pas encore près de cesser. En effet, aujourd'hui encore, des villas et des extensions ont été construites sans aucune autorisation délivrée au préalable par l'administration.