En annonçant sa candidature officielle à la présidentielle algérienne d'avril 2014, le candidat Ali Benouari, a remis son horloge ‘'Suisse'' à l'heure locale. Cet ancien ministre du trésor de l'ancien chef du gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, durant la décennie, affirme aller jusqu'au bout pour concrétiser son vœu de mener l'Algérie à la prospérité, sous le slogan "Travail, Justice et Liberté". Le candidat à la présidentielle, Ali Benouari donne le coup d'envoi de sa campagne à partir de Mostaganem, où il a préféré également visiter les locaux du journal « Réflexion » et se confier à travers les colonnes de notre quotidien. Interview : Après la présentation des personnes qui l'accompagnaient, dont Mme Zohour Boutaleb, présidente de sa campagne électorale, M. Ali Benouari, candidat à la présidence de la République algérienne, a tenu à remercier le journal ‘'Réflexion'' pour la mission noble dont il est chargé. Très décontracté, le futur candidat à l'élection présidentielle, s'est prêté au jeu des questions réponses en déclinant sa personnalité.
Réflexion : Qui est M. Ali Benouari ? M. Ali Benouari : Je suis marié et père de trois enfants, je suis né en Algérie le 02/06/ 1951 où j'ai accompli toutes mes études. Je suis titulaire d'un DES en Sciences Economiques et d'un diplôme de l'Institut des Etudes Politiques (IEP) d'Alger. Apres mon service national qui a duré presque 3 ans, soit en 1975, j'ai entamé une carrière de banquier à la Banque centrale d'Algérie, Où j'ai occupé le poste de responsable de la trésorerie, des changes et des marchés financiers à la banque centrale d'Algérie. En 1981, j'ai quitté l'Algérie, pour la première fois, pour occuper le poste directeur adjoint à Al Saudi banque à Paris. En 1984, Cette banque m'a détaché à Genève, pour sauver sa filiale bancaire en grande difficultés. Apres deux ans dans cet établissement financier, j'ai rejoint la banque société générale Genève, en tant que directeur de la salle de marchés. Au bout d'un an, Al Saudi banque Paris, à son tour en difficultés, me demande de revenir en France pour l'aider à surmonter une crise qui menaçait son existence même. Cette expérience a duré un an, au terme de laquelle c'est au tour de mon pays, l'Algérie, de faire appel à mon expérience, pour gérer une crise financière sans précédent. Trois ans de travail acharné l'amènent ensuite au Gouvernement, comme Ministre de trésor ( 1991 à 1992). Après mon départ du Gouvernement, j'ai fondé Ecofinance S.A. société de conseils financiers. A partir de cette société, j'ai fondé la 1ere banque étrangère en Algérie, la banque Société Générale Algérie, dont j'ai été président de 1999 à 2004. Mon expérience académique s'est déroulée entièrement en Algérie, comme Maitre-assistant à l'Institut d'Etudes Politique et à l'Institut de sciences économiques d'Alger. Ma carrière politique s'est enrichie d'une expérience en Suisse, où je me suis présenté à trois campagnes électorales, dont les deux dernières pour le compte du Parti radical, devenu en 2010 Parti libéral-radical, premier parti de Suisse. A ce titre, j'ai été élu par le Parlement de Genève en tant qu' Administrateur de L'Aéroport International de Genève, de 2002 à 2006.
Mon expérience dans le milieu associatif en Suisse se résume, en particulier, à la fondation de l'Association DiverCité, de l'Union des Maghrébins de Suisse et de la Fondation Luc Montagnier Genève.
Officiellement, est-ce que vous confirmez votre candidature, et si oui quelles sont les grandes lignes de votre programme ? Ma présence parmi vous est une confirmation de ma candidature et vous informe que j'ai entamé les démarches pour renoncer à ma nationalité suisse conformément à l'article 73 de la Constitution algérienne qui interdit à un candidat jouissant de la double nationalité de se porter à la présidentielle. Mon objectif premier est d'aider à l'édification d'un Etat et d'une économie solide, qui sortiront le pays de la dépendance du pétrole et d'éradiquer totalement le chômage en cinq ans. En 20 ans, l'Algérie devra avoir fait son entrée dans le club des 20 pays les plus riches Des réformes radicales mais progressives, dans tous les domaines, feront basculer pacifiquement l'Algérie vers une nouvelle République libérale, parlementaire et moderne.
Ces réformes mettront un terme définitif aux tensions sociales qui minent le pays et menacent son unité. L'Algérie dispose de potentiel humain et de ressources naturelles, géostratégiques et culturelles qui lui permettront de relever les défis des prochaines décennies. Pour rappel, lors de l'effondrement des cours du pétrole en 1986, l'imprévoyance des dirigeants du pays avait causé un appauvrissement tel que le pays a été contraint d'entreprendre, dans les pires conditions, des réformes qu'il n'a pas eu les moyens de financer, entrainant l'explosion d'Octobre 1988, la guerre civile et un rééchelonnement extrêmement couteux sur le plan social. C'est à cette époque que je suis venu de Suisse pour aider mon pays à dépasser cette crise qui menaçait son existence. Le même système que vous avez servi dans le passé vous le critiquez aujourd'hui, qu'est-ce qui a changé ? Dans le souci d'aider le pays à surmonter les problèmes liés à la situation financière désastreuse à la quelle faisait face l'Etat Algérien, j'ai abandonné une riche carrière en Suisse. Je me suis mis pendant des années au service de l'Etat afin d'aider à renflouer les caisses de l'Etat, quasiment vides, de 1987 à 1994. Après mon départ du gouvernement et mon retour en Suisse, j'ai continué à aider mon pays, notamment en militant pour le rééchelonnement de la dette extérieure, qui a ouvert la voie aux reformes structurelles qui ont permis de stabiliser la situation financière du pays. Mes critiques du système se limitaient à la critique du modèle de gouvernance économique, et elles sont anciennes. Les critique d'aujourd'hui sont devenues des critique de fonds, qui portent sur le système politique lui-même, car j'ai fini par être convaincu qu'il ne saurait y avoir de reformes efficaces, dans tous les domaines, sans réformes politiques et institutionnelles. C'est le cœur de mon programme électoral. Votre approche économique en quelques mots ? Je vais permettre à l'Algérie de rejoindre le club des 20 pays les plus riches de la planète à l'horizon 2033. J'estime que 2014 sera une année charnière qui constitue l'ultime chance de redressement du pays. Je préconise de nombreuses mesures et même certaines réformes qui pourraient faire grincer les dents de quelques-uns : une profonde réforme monétaire et fiscale, la libéralisation de la conversion du dinar et la mise en place d'un nouveau système de subvention, qui cible les nécessiteux seulement, à l'exclusion de ceux qui n'en ont pas besoin. Afin de réduire la pression sur les importations, qui est devenue insoutenable. Mon programme économique vise aussi à réduire la dépendance par rapport aux hydrocarbures, et construire une économie dynamique et diversifiée.
Quelle est votre vision pour l'Algérie de demain que vous espérez diriger ? Grâce au basculement vers une démocratie authentique, qui réhabilite l'homme, en lui redonnant toute ses libertés Il est possible de transformer radicalement, en l'espace de 5 ans seulement le visage du pays, sur les plans physique, socio-économique et culturel. Eradication du chômage, atténuation de la crise du logement, et création de meilleures conditions de vie sur les plans ; environnemental, éducatif, urbanistique, etc.
Quant à la politique étrangère, je suis pour la création d'un espace régional "Afrique du Nord" au lieu de l'Union du Maghreb arabe (UMA) qui pourrait intégrer même l'Egypte pour "constituer un regroupement régional plus fort".
Croyez-vous que l'actuelle « APN » pourra concrétiser vos reformes ? Je vais axer mon travail sur les réformes politiques et institutionnelles et sur l'ouverture sur le monde, à travers notamment, la réforme du secteur de la justice, la décentralisation des pouvoirs et une "profonde" réforme monétaire et fiscale. Je dissoudrai l'Assemblée nationale populaire (APN) et procèderai à la tenue d'élections législatives dés 2014. Une assemblée constituante séparée sera élue en 2016, qui sera chargée de rédiger la nouvelle Constitution du pays. Pour ce faire , il faut ,d'abord, rendre possible, sans heurts, le passage au nouveau système de gouvernance car le pays aura retrouvé, d'ici fin 2018, la voie de la stabilité, de la croissance et de la confiance, bénéficier de l'apport d'une nouvelle classe politique, plus jeune et plus aguerrie, permettre aux différentes composantes de la société de mieux se connaître, grâce aux débats qui seront menés dans le cadre du projet de nouvelle Constitution. Le délai fixé pour l'adoption de la nouvelle constitution, volontairement long, est destiné à susciter l'adhésion la plus large autour des grands choix de société. Le choix de faire siéger l'assemblée constituante parallèlement à l'assemblée législative procède du souci de permettre à chacune d'entre elles de travailler dans la sérénité. La Constituante pourra ausculter la société et procéder aux consultations les plus larges sans être gênée par la surenchère des partis ni bousculée par les impératifs de gestion du pays. Par ailleurs, limiter le budget et décentraliser la mission des élus nationaux, qui devront prendre en charge les préoccupations de leurs concitoyens. Concernant la justice, nous proposons que les juges soient élus au suffrage universel après la fin de leur cursus à l'école nationale de magistrature. Votre dernier mot ? Je remercie votre journal pour l'accueil chaleureux qui m'a été réservé. Pour conclure, je dirais que l'élection présidentielle de 2014 offre donc l'occasion de changer de cap dans tous les domaines, et d'écrire les pages d'une nouvelle Algérie plus libre, plus juste et plus prospère. Tel est notre destin, il nous faudra l'assumer.