L'échec scolaire ! Parlons-en encore. Il est là, toujours présent malheureusement dans nos établissements scolaires. Dans notre pays plus de 300.000 élèves sont exclus chaque année de nos écoles. Cependant 50% des enfants qui ne maitrisent pas la lecture ou le calcul au premier pallier n'apprennent jamais à lire ou faire des mathématiques dans les années à venir, ces enfants ont le sentiment qu'ils ont manqué une marche et qu'ils ne sont pas comme les autres et ce sentiment- là est terrible. Donc le problème n'est pas un problème d'un rythme scolaire mais de savoir si on laisse cet échec s'installer ou pas, parce que une fois qu'il est installé il devient difficile de revenir en arrière avec un enfant en difficulté scolaire. On sait « fabriquer » de l'échec mais on n'a jamais su malheureusement « fabriquer »la remédiation .On a pas normalement le droit de faire sortir l'enfant d'un établissement scolaire s'il n'a pas requis les outils pour affronter une qualification et s'insérer dans le monde du travail. Que peut-on faire dans ces cas-là ? eh bien il faut essayer de faire ce que font les Finlandais par exemple dans leur système éducatif considéré comme l'un des plus performants au monde , à savoir qu'il existe à côté du maitre d'école un assistant d'éducation qui est là pour faire le répétiteur et la remédiation et réparer la difficulté d'apprentissage et du coup cet enfant n'est pas stigmatisé, il n'ya pas de redoublement , et l'enfant n'est pas mis de côté ; il n'a pas ce sentiment qu'il est différent des autres et donc on a une remédiation qui marche tout le temps et tout de suite avant que l'échec scolaire ne s'installe c'est pourquoi j'invite vivement nos décideurs à réfléchir sérieusement pour s'inspirer de ce système éducatif Finlandais qui a donné ses fruits et reconnu de par le monde L'échec scolaire a-t-il un impact psychologique sur l'enfant ? Effectivement l'échec scolaire c'est d'abord une souffrance terrible pour l'enfant parce que tout le monde a envie de réussir et l'enfant il n'y a aucune raison qu'il soit exclu de cette envie de réussir. Donc un enfant qui ne réussit pas c'est un enfant qui se sent coupable de cet échec , coupable par rapport à ses parents ,coupable par rapport à ses enseignants , il se sent finalement très honteux par rapport à lui parce que l'enfant a bien conscience que les attentes qui pèsent sur ses épaules sont énormes , la pression aujourd'hui est très importante et un enfant qui est en échec scolaire c'est un peu comme s'il envoyait à ses parents un message d'incompétence pour leur dire : je n'arrive pas à être celui qui réussit. Donc l'échec scolaire pour un jeune scolarisé c'est vraiment une souffrance par rapport à lui et par rapport aux autres et cet échec va se manifester selon la personnalité de l'enfant soit par des manifestations assez bruyantes, assez échevelées c'est-à-dire un enfant qui va être très agité, très turbulent, qui va bouger en permanence ou même qui va pouvoir devenir très agressif, très intolérable à la frustration, très vite en colère. Ou à l'inverse on va avoir une forme plus pesante , plus lourde de cet échec et là on va être plutôt dans l'inhibition , dans l'évitement , dans un enfant qui va se replier complètement sur lui-même , qui va refuser d'aborder tout type d'apprentissage .D'ailleurs, il y a une confusion pour laquelle je crois qu'il faut être très attentif , c'est-à-dire qu'il ne faut pas confondre la note scolaire et la valeur de l'élève .On a toujours tendance à dire à l'enfant qui a eu une mauvaise moyenne en fin de trimestre .. tu es nul ! tu n'arrives jamais à rien ! tu n'as aucun avenir !...Donc il est bien important de bien distinguer les choses, c'est-à-dire il peut arriver d'être en difficulté dans une matière, ou des difficultés dans la mémorisation, mais ce n'est pas parce qu'on est en difficulté à l'école que l'on est un enfant ou un adolescent qui n'a pas de valeur, pas de personnalité. Mais il y a une telle attente par rapport à l'école que très vite on stigmatise l'échec et l'enfant va se retrouver entrainer malgré lui dans une spirale de l'échec vers une démotivation, cette démotivation va renforcer sa difficulté et va engendrer des troubles psychologiques plus ou moins graves. Evidemment, ça débute par la perte de confiance en soi jusqu'à la forme la plus grave qui peut être la phobie scolaire. Il y a une urgence réelle parce que l'enfant est en développement et qu'un échec scolaire peut vraiment le marginaliser et avoir de graves incidences au niveau de son développement psycho-professionnel et social. Cet échec scolaire peut conduire aussi l'enfant à la fugue ou à des conduites aggravantes, telle que la toxicomanie, voire tragiques comme le suicide. Sur le plan strictement scolaire l'élève peut réagir de deux manières : Soit prendre l'échec comme un stimulant qui le pousse à faire davantage d'efforts pour se rattraper et obtenir de meilleurs résultats ou bien il rejette totalement tout ce qui rappelle l'étude et la vie scolaire. Comment peut-on remédier à ce genre de situation ? Il est difficile pour la famille d'accepter cet échec, elle cherche toujours à responsabiliser l'école où son propre fils est scolarisé, il s'ensuit une série de tension affectant l'équilibre familial. Si la famille estime que la faute incombe à l'école , elle cherchera toujours un autre établissement ou fera appel à des cours particuliers pour élever le niveau de sa progéniture , par contre, l'école quant à elle doit remédier à ce genre de situation non pas par l'exclusion de l'élève mais par des pratiques pédagogiques et psychologiques adéquates voire un enseignement individualisé soutenu pour les enfants en difficulté scolaire comme il est le cas dans un pays comme la Finlande qui a un système éducatif des plus performants au monde . Ces hauts indices d'échec scolaire et de redoublement voire même la baisse du niveau scolaire d'une manière accentuée du primaire allant jusqu'à l'université, reflètent clairement une insuffisance permanente du système scolaire auquel on doit remédier par une refonte globale et approfondie. Cela parait indiquer qu'il existe, entre autre facteurs, une incapacité de ce système scolaire à retenir l'élève. Des recherches psychologiques , sociologiques et pédagogiques seraient semble-t-il nécessaire pour diminuer les causes de ce défaut d'adaptation ou de ce rejet de l'école des enfants en difficulté en temps précoce .cela pourrait conduire à des modifications dans le contenu des programmes , dans la méthodologie à transmettre des connaissances , au niveau du climat et des relations maitre-élève et surtout dans la formation des enseignants tant sur le plan professionnel que sur le plan des notions sur la psychologie de l'enfant et de l'adolescent que la majorité d'entre eux ignore complètement d'où cette « cassure » de la relation maitre-élève induisant cette violence au sein des établissements.