Le cabinet d'analyse financière français AlphaValue dont le siège se trouve à Paris, réputé indépendant, vient de publier une étude prévisionnelle sur l'évolution des cours du baril de pétrole pour l'année 2017 et au-delà. Dans sa dernière analyse des marchés pétroliers à l'horizon 2017, AlphaValue n'écarte pas l'effondrement des prix du brut. Laquelle chute se ferait progressivement dès cet été pour atteindre 50 dollars le baril à l'horizon 2017. Selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), la production américaine de pétrole augmente chaque année en moyenne de 1 million de barils par jour (Mbj). Elle s'est située en 2013 à 7,7 Mbj. Cet essor ne sera pas sans conséquence sur les marchés et sur les prix, avertit AlphaValue dans son rapport. Pour l'Algérie, l'enjeu de la rentabilité de son pétrole est de taille. D'autant plus que les équilibres budgétaires du pays sont calculés sur la base d'un prix de pétrole supérieur à 100 dollars. C'est en tout cas l'hypothèse avancée par l'analyste Alphavalue qui affirme que la chute des prix du gaz américains, due au gaz de schiste, va entrainer, par effet domino, une division par deux du prix du baril. Dans la perspective du boom du pétrole de schiste, ce cabinet d'expertise financière avertit que les prix du pétrole qui se sont situés à 109 dollars (80 euros) en moyenne en 2013 passeraient à 50 dollars, soit l'équivalent de 37 euros en 2017. Un scénario tout à fait effrayant pour un pays comme l'Algérie, dont l'économie repose sur le seul pilier décidément fragile des recettes pétrolières. La révolution du pétrole de schiste serait à l'origine de cette chute des prix, lit-on dans le rapport d'AlphaValue qui explique les effets pervers de cette révolution des hydrocarbures de schiste sur les marchés pétroliers. Sans l'ombre d'un doute, pour les pays industrialisés, il ne s'agit point d'effet pervers. La baisse des prix du pétrole est susceptible de remettre la machine économique à vrombir, grippée depuis la crise financière de 2008. Mais pour les pays dont les équilibres budgétaires sont calculés sur la base d'un pétrole cher, à l'image de l'Algérie, la santé des finances risque de s'avérer fragile si le scénario prédit par AlphaValue venait à se réaliser. Alexandre Andlauer, analyste du secteur pétrolier chez AlphaValue, estime que « nous faisons face à une révolution technologique susceptible de changer le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui ».Depuis 2008, date de l'essor fulgurant de l'industrie du pétrole et du gaz de schiste aux USA, les plus grands exportateurs du brut ne cessaient de valser au rythme des pires prévisions. En 2017, les Etats-Unis d'Amérique s'imposeront en premiers producteurs de pétrole dans le monde. Alors qu'ils le sont déjà pour le gaz. Sur le site prixdubaril.com actualisé en permanence la tendance baissière est clairement visible et expliquée par la conjoncture mondiale de l'émergence du nouveau combustible exploitable celui du gaz de schiste, et le prix au fixing de New York hier mardi 4 Novembre 2014 du pétrole brut WTI était à 78.78 $ le baril tandis qu'à la même période (du 3 octobre 2014) était aux alentours de 82.15 dollars US, soit une baisse de -2.23%. Quant au prix du Brent de Londres se situe actuellement aux alentours de 83.41 dollars américains. Cette tendance est essentiellement due à l'augmentation de la valeur de la devise américaine face à l'euro. Ce qui influe inévitablement sur le marché pétrolier mondial vu que les pays exportateurs vendent le brut en dollar. Le dollar fort pèse lourdement sur le marché pétrolier, signalait Myrto Sokou, analyste chez le courtier Sucden. Dopé par la perspective d'une normalisation anticipée de la politique monétaire aux Etats-Unis, dans un contexte de politiques encore extrêmement accommodantes ailleurs dans le monde, le billet vert grimpe fortement depuis le milieu de la semaine dernière. Lundi, il évoluait à des niveaux inconnus depuis août 2012 face à l'euro et décembre 2007 face au yen. Un dollar plus fort décourage les acheteurs de brut munis d'autres devises, car le baril libellé dans la monnaie américaine devient plus cher pour eux. Les opérateurs du marché pétrolier digéraient par ailleurs des données mitigées sur la production manufacturière en Chine, deuxième consommateur mondial de brut. Les investisseurs surveilleront le moindre signe d'un possible changement de l'objectif actuel de production de 30 millions de barils par jour, établi en décembre 2011, prévenait-elle. Jusqu'ici, il semble que les membres du cartel ont sans prévenir rendu prioritaire leurs parts de marché plutôt que l'équilibre du marché mondial du pétrole, jugeait Tamas Vargas, du courtier PVM, selon qui il n'y aura pas de réduction crédible de la production à la réunion du 27 novembre. Dans ce contexte, le quotidien français La Tribune va plus loin, en publiant un article dont le titre laisse perplexe plus d'un analyste en énergie, sous le titre « Et si le baril de pétrole tombait à 50 dollars en 2015 ? », en s'appuyant sur une autre étude du cabinet français AlphaValue en affirmant dans l'article que « Ce scénario du baril à 50 dollars n'est pas pour autant un pur jeu intellectuel. Le cabinet affirme que l'effondrement des prix du gaz américains, qui sont tombés entre 2 et 3 dollars l'unité de mesure (contre 11 à 12 dollars en Europe et 17 dollars en Asie) va, par effet de contagion, faire plonger le baril de pétrole sur la planète entière. ». Il nous est présenté un autre scénario beaucoup plus inquiétant pour l'Algérie et les pays producteurs ; en examinant les effets macro-économiques mondiaux d'un tel scenario, les analystes d'Alphavalue ne tombent pas dans l'euphorie. Si le prix du pétrole était divisé par deux d'ici à 2015, cela entrainerait une hausse de 0,5% de la croissance dans les pays consommateurs, ce qui laisserait un gain de 0,2 ou 0,3% pour la croissance mondiale, calculent-ils. Et encore cette hypothèse est-elle optimiste ! «Contrairement à ce que la plupart des macro-économistes prédisent dans un tel cas, nous ne tablons pas sur un jeu à somme nulle entre les gains des pays consommateurs et les diminutions de revenus des pays producteurs», déclare Philippe Brossard, économiste chez AG2R La Mondiale. Et cet effet, pas totalement foudroyant, serait en outre de courte durée. «Au bout de 5 à 6 ans, les pays consommateurs pâtiraient d'une moindre compétitivité dans leurs échanges. En clair et en simplifiant, le Japon, par exemple, se mettrait à augmenter ses achats en volume d'un pétrole pas cher, mais aurait de plus en plus de mal à vendre aux Saoudiens ses appareils photos», explique l'économiste français.