Alors qu'une proposition de renforcement de la loi d'avril 2011 a été déposée par la députée UMP, Valérie Pécresse, qui prévoit de rajouter trois ans d'emprisonnement et 100.000 euros d'amende aux contrevenantes, l'ex-candidat à la présidentielle algérienne, Rachid Nekkaz , l'homme d'affaire qui paie les amendes des sœurs condamnées pour port de la burqa, comme Kenza Drider, (sur la photo ), dans une provocation assumée, s'est rendu ,hier ,mercredi matin, dans la circonscription de cette députée, devant la Trésorerie de Versailles, pour honorer l'amende d'une habitante voilée et «neutraliser la loi sur le terrain», comme il a usage de dire. Le bras de fer se tend entre Valérie Pécresse, députée (UMP) des Yvelines, et Rachid Nekkaz, «l'homme qui paie les amendes des femmes en niqab». Alors que l'élue a déposé une proposition de loi le 27 novembre pour renforcer la loi de 2011 dite «anti-burqa» et contrer tout tiers qui, comme Rachid Nekkaz, paierait à la place des contrevenantes, ce dernier, dans une provocation assumée, s'est rendu hier matin dans la circonscription de la députée, devant la Trésorerie de Versailles, pour honorer l'amende d'une habitante voilée et «neutraliser la loi sur le terrain», comme il a usage de dire. 878 amendes payées par Rachid Nekkaz à la place des contrevenantes Il s'agit de la 878ème amende qu'il prend en charge en France, soit une somme totale de 198.000 euros. En Belgique, où une loi similaire est en vigueur, il en a payé 123. «Contre le niqab mais pour la liberté de circuler avec», ce Français, ancien candidat à la primaire du PS et à la dernière élection présidentielle algérienne, a rendu sa nationalité en août 2013 pour devenir Algérien et exprimer son profond désaccord avec «les principes qui guident désormais la République en matière de respect des libertés fondamentales».Rachid Nekkaz a dit «spécialement» venir d'Algérie pour payer l'amende versaillaise. Par son action, il «entend faire respecter les libertés fondamentales en France et dans le monde entier» et «tient à rappeler qu'il ne souhaite pas l'abrogation de «la loi anti-niqab», mais simplement son amendement afin que ces femmes puissent porter librement le niqab dans la «rue, patrimoine universel de la liberté par excellence», ainsi que le Conseil d'Etat le préconisait déjà en mars 2010 et ainsi que le défendait la proposition de loi du groupe socialiste à l'Assemblée nationale en 2010».
1038 verbalisations ont été établies depuis 2011 Pour rappel, la loi de 2011 interdit en France le port dans l'espace public de toute tenue visant à dissimuler le visage sur la voie publique (rues, plage, promenades et jardins publics, cinémas, commerces, gares, transports en commun, etc.) ou dans les «lieux ouverts au public ou affectés à un service public». Depuis le début de son application jusqu'au 21 février 2014, 1111 contrôles ont été effectués, l'immense majorité concernant des femmes entièrement voilées. En France, 2000 femmes porteraient le niqab. Au total, 1038 verbalisations ont été établies (pouvant aller jusqu'à 150 euros d'amende), certaines femmes ayant été contrôlées à plusieurs reprises. C'est pour réagir contre la «provocation» de Rachid Nekkaz et cet «appel à la désobéissance civique publique» que la proposition de loi de Valérie Pécresse veut instaurer «un délit d'entrave à la loi» puni de trois ans d'emprisonnement et de 100.000 euros d'amende. Et ainsi contraindre les contrevenantes à s'acquitter elles-mêmes de leur amende. D'autant que son texte veut rendre obligatoire le stage de citoyenneté qui, jusque-là, s'offre comme une option à l'appréciation du juge. Une proposition de loi soutenue par 37 parlementaires, dont Eric Ciotti, Christian Estrosi ou encore Laurent Wauquiez. «Une situation d'entrave manifeste et volontaire à la loi» Compte tenu du caractère revendicatif autoproclamé de cette action (de Rachid Nekkaz, NDLR), compte tenu du nombre et du montant des amendes ainsi acquittées, on se trouve ici clairement dans une situation d'entrave manifeste et volontaire à la loi, la députée Valérie Pécresse a appelé le Conseil constitutionnel et la Cour européenne des droits de l'homme à défendre les lois et se donner les moyens juridiques de stopper les provocations de Rachid Nekkaz . Sachant le pied de nez que Rachid Nekkaz compte lui adresser sur son propre terrain mercredi, la députée a interpellé le premier ministre mardi après-midi lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. «Monsieur le premier ministre, vous qui avez voté la loi de 2010, pouvez-vous accepter de telles provocations? Pouvez-vous accepter que des personnes mettent ainsi impunément tout en œuvre pour vider la loi de la République de son contenu?». Manuel Valls a répondu ne pas vouloir «tomber dans ce piège», accusant «ces débats caricaturaux» de «diviser la classe politique» et de ne pas faire honneur à la laïcité.