L' affaire de détournements de fonds de grande envergure du gigantesque projet d'autoroute Est-ouest , lancé en Algérie , il y a huit ans, impliquant directement ou indirectement des personnalités, des cadres du ministère des Travaux publics et qui a tant alimenté les suspicions des médias et flanqué la trouille à la classe politique revient devant la barre une nouvelle fois et sera jugée devant le tribunal criminel d'Alger, le 25 mars prochain. Tout débute lors de la mise en place d'un vaste plan de grands travaux, révélé en 2004 par l'Etat, reposant notamment sur un chantier colossal relatif à la construction d'un réseau autoroutier devant relier l'est à l'ouest du pays. Plusieurs groupes mondiaux sont en lice, le coût total est évalué à 12 milliards de dollars. Le projet est divisé en trois lots (Est, centre et ouest). Des entreprises chinoises se portent candidates notamment le conglomérat financier CITIC représenté à Alger par l'intermédiaire français Pierre Falcone. En 2006, les résultats de l'appel d'offres sont communiqués et presque la totalité du projet est attribuée à deux groupements, l'un chinois (CITIC-CRCC) et l'autre japonais (COJAAL) et la supervision est confiée à Amar Ghoul, à l'époque ministre des travaux publics. A l'origine de l'éclatement de l'affaire dite de "l'autoroute est-ouest", des plaintes ont été déposées par différents acteurs économiques qui mettent en cause les conditions d'attribution des marchés et un système élaboré de commissions occultes. L'enquête, à la suite de pressions multiples, est confiée aux services spéciaux, au Département Renseignement et Sécurité (DRS) qui constate très rapidement de multiples infractions qui porteraient sur des montants financiers très importants. Le 17 septembre 2009, un premier suspect est arrêté, Medjoub Chani, un juriste installé au Luxembourg, présenté comme un intermédiaire très influent. Les investigations conduisent à l'interpellation d'un homme d'affaires (Sid Ahmed Abdou), puis du secrétaire général du ministère des travaux publics (Mohamed Bouchama) et du directeur de la planification du ministère des transports (Salim Hamdane). Un peu plus tard, plusieurs personnalités politiques sont citées notamment le ministre des travaux publics Amar Ghoul, qui assiste dans le cadre d'une procédure judiciaire à l'arrestation de son chef de cabinet, Ferachi Belkacem, sans être inquiété. L'enquête sur ce gigantesque projet d'autoroute Est-ouest, lancé en Algérie, il y a une dizaine d'années, toujours inachevé, révèle des malfaçons sur les tronçons ouverts à la circulation... Mais les résultats de l'enquête judiciaire, donne surtout lieu à une spectaculaire affaire de corruption où l'on retrouve des cadres du ministère, de nombreux intermédiaires et le sulfureux homme d'affaires Pierre Falcone. Un milliard de dollars de commissions Chani Medjdoub , homme d'affaires peu connu en Algérie, arrêté en 2009 , considéré comme le principal accusé accumule au total des commissions et pots-de-vin d'une valeur d'un milliard de dollars ! Il aurait, selon des enquêteurs du DRS, profité de ses relations à différents niveaux de l'Etat pour favoriser les compagnies chinoises lors des procédures d'appels d'offres. C'est du moins ce que l'enquête judiciaire a établi à ce stade. Et c'est ce qui devrait être discuté lors du prochain procès qui s'ouvrira le 15 mars 2015. Rappelons qu'après que tous les recours introduits par les accusés dans le scandale, pour la requalification des faits de crime en simples délits, ont été rejetés, l'affaire de l'autoroute Est-Ouest sera jugées respectivement le 15 et le 25 mars 2015 par le tribunal criminel d ́Alger. Les dates ont été publiées dans le rôle complémentaire de la deuxième session criminelle 2015. Notons que dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest, 23 cadres du ministère des Travaux publics sont impliqués. 23 personnes dont une est en fuite seront ainsi appelées au box des accusés, ainsi que 7 compagnies étrangères (Chine, Suisse, Japon, Portugal, Canada) qui seront également citées à comparaître devant le tribunal criminel d'Alger, le 25 mars prochain. Elles sont toutes poursuivies notamment pour association de malfaiteurs, abus de pouvoir, corruption, blanchiment d ́argent et dilapidation de deniers publics.